Recherche sur le cancer: la communauté noire serait mal servie au Canada

MONTRÉAL — On ne dispose d’aucune donnée sur les communautés noires canadiennes pour 15 des 20 cancers les plus prévalents au pays, constate une nouvelle étude réalisée par un chercheur de l’Université d’Ottawa.

Les travaux ont notamment porté sur la prévalence, l’incidence, le dépistage et la mortalité associés à ces cancers, ainsi que sur les facteurs connexes.

«C’est extrêmement inquiétant de voir qu’on continue de traiter ces personnes-là, on continue de leur donner des médicaments, on continue de les prendre en charge, mais on ne sait pas ce qu’on est en train de faire ou si c’est adapté», a dit le professeur Jude Mary Cénat, qui dirige le Centre interdisciplinaire pour la santé des Noir.e.s (CISN).

Dans un même ordre d’idées, a-t-il ajouté, seulement cinq des 30 principales études réalisées sur l’hésitation vaccinale au Canada incluaient des sujets noirs, pour un total de seulement 247 personnes.

Le professeur Cénat et ses collègues ont décidé de lancer ces travaux dans la foulée d’échanges avec des organismes communautaires qui témoignaient de «disparités» en ce qui concerne le traitement des communautés noires ou encore la recherche.

Leur méta-analyse de la littérature médicale révèle par exemple que les personnes noires au Canada sont moins susceptibles de passer des tests de dépistage du cancer du sein, du cancer du col de l’utérus et du cancer colorectal.

Pourtant, disent les chercheurs, des études réalisées aux États-Unis montrent que les femmes noires sont plus à risque que les femmes blanches de recevoir un diagnostic de forme agressive des cancers du sein et du col de l’utérus. Ils estiment que le Canada devrait imiter les États-Unis et modifier certaines lignes directrices pour tenir compte de cette réalité.

Cet exemple, a indiqué le professeur Cénat, témoigne de l’importance qu’on doit accorder à la couleur de la peau en matière de recherche sur le cancer. Il importe maintenant de remédier à la situation, a-t-il dit.

Des chercheurs se sont inquiétés depuis quelques années de constater qu’on généralise à d’autres populations, comme les femmes, les résultats d’études cliniques principalement réalisées avec des hommes blancs.

«C’est encore plus compliqué parce que les personnes issues des communautés noires ne font pas confiance aux hôpitaux ou au système de santé, a dit le professeur Cénat. Les hommes noirs ne vont pas se faire dépister pour la prostate, par exemple, mais aussi parce qu’ils ne font pas confiance aux services de santé. Donc il y a toute une crise de confiance.»

Les conclusions de cette étude ont été publiées par l’American Cancer Society Journal.