Singh doit rencontrer Trudeau sur le recours au privé en santé

OTTAWA — Le chef néo-démocrate, Jagmeet Singh, a déclaré qu’il rencontrerait le premier ministre Justin Trudeau plus tard lundi pour discuter du recours au privé dans les soins de santé publics.

M. Trudeau doit rencontrer les premiers ministres des provinces et des territoires à Ottawa mardi prochain pour discuter d’une nouvelle entente sur les transferts fédéraux en santé.

«Cette entente sera un échec si elle ne prévoit pas d’engagements majeurs pour embaucher plus de travailleurs de la santé», a déclaré M. Singh lundi, ajoutant que le financement devrait rester dans le système public.

MM. Trudeau et Singh se sont rencontrés pour la dernière fois en tête-à-tête en décembre; l’entente «de soutien et de confiance» conclue entre les libéraux et le NPD prévoit une réunion des chefs «au moins une fois par trimestre».

M. Singh estime que le moment est venu pour le gouvernement libéral d’affirmer clairement que le recours au secteur privé dans la prestation publique des soins n’améliorera pas la pénurie actuelle de travailleurs de la santé au Canada. Le chef néo-démocrate affirme que M. Trudeau est maintenant en faveur d’un tel recours comme «solution innovante» pour régler les problèmes.

M. Singh souhaitait aussi obtenir la tenue d’un débat d’urgence aux Communes sur la privatisation des soins de santé, alors que les députés reviennent en Chambre après une pause des Fêtes. Sa demande a été refusée lundi après-midi.

Le chef néo-démocrate affirme que même si les soins de santé relèvent de la compétence provinciale, le gouvernement fédéral pourrait utiliser la Loi canadienne sur la santé de manière plus musclée, afin de contrer le recours au privé dans la prestation publique des soins.

Loi canadienne sur la santé

Au cours de la première période de questions de l’année, M. Trudeau a déclaré que son gouvernement continuerait de veiller à ce que les provinces et les territoires respectent la Loi canadienne sur la santé.

«Nous savons que même si nous négocions avec les provinces pour nous assurer de fournir plus de médecins de famille, de meilleurs soutiens en santé mentale, de réduire les listes d’attente, de soutenir les Canadiens qui ont besoin de soins d’urgence, nous veillerons à ce que la Loi canadienne sur la santé soit pleinement respectée, a assuré M. Trudeau. 

«Dans le passé, ce gouvernement a retiré de l’argent aux provinces qui ne l’ont pas respectée. Nous continuerons de le faire.»

Le gouvernement progressiste-conservateur du premier ministre de l’Ontario, Doug Ford, a annoncé plus tôt ce mois-ci qu’il transférait certaines procédures vers des établissements privés financés par l’État dans le but de réduire une liste d’attente croissante pour les chirurgies, qui s’est aggravée pendant la pandémie de COVID-19.

Des provinces comme le Québec, l’Alberta et la Saskatchewan ont déjà adopté des mesures similaires pour réduire leurs listes d’attente et désengorger les salles d’opération des hôpitaux, notamment pour les chirurgies de la cataracte, de la hanche et du genou.

«Nous pensons que le gouvernement fédéral devrait indiquer très clairement que la solution à la crise actuelle des soins de santé ne viendra pas d’une privatisation et d’une prestation de soins à but lucratif, a déclaré M. Singh lundi. Cela ne viendra que si nous embauchons, recrutons, retenons et respectons les travailleurs de la santé.

«La privatisation de notre système va empirer les problèmes, a ajouté le chef néo-démocrate. Cela va cannibaliser les travailleurs de la santé dans le système public, ça va augmenter les coûts, ça va réduire la qualité — on a vu ça dans les centres de soins de longue durée.»

Les néo-démocrates se disent également préoccupés par le fait que les établissements privés factureront aux patients des marques et des services qui ne seront pas couverts par la province, et qu’ils ajouteront des frais et des services supplémentaires.

M. Singh a passé une partie des vacances des Fêtes à organiser des tables rondes sur les soins de santé en Colombie-Britannique, la province il est député, pour discuter des salles d’urgence débordées et des pénuries de travailleurs de la santé.