Un autre interprète quitte la Colline du Parlement en ambulance

OTTAWA — Services publics et Approvisionnement Canada enquête sur les circonstances ayant menées un interprète linguistique à quitter la Colline du Parlement en ambulance la semaine dernière, précisant qu’il s’agit de la troisième hospitalisation du genre au cours des dernières années.

«Le Bureau de la traduction est extrêmement préoccupé par cet incident», a écrit la porte-parole du ministère Katherine Proulx.

Deux personnes qui témoignaient par vidéoconférence devant le Comité sénatorial de l’environnement, le 20 octobre dernier, ne portaient pas le casque recommandé avec un microphone et le son était de piètre qualité.

Pendant les questions des sénateurs, un bourdonnement était perceptible pendant que le premier témoin parlait, comme un téléphone intelligent qui vibre sur une table. Puis, lorsque le deuxième témoin a répondu aux questions des sénateurs, il y a soudainement eu un fort retour acoustique.

«Une rétroaction s’est produite dans le système de sonorisation et un interprète a subi un choc acoustique. L’interprète a ensuite reçu des soins d’urgence», a précisé Mme Proulx.

Le ministère a ajouté que les interprètes ont eu besoin de soins d’urgence à deux autres reprises au cours des cinq dernières années, avant le début de la pandémie de COVID-19 en mars 2020.

Les chocs acoustiques se produisent lorsque les muscles de l’oreille interne sont exposés à des bruits intenses et soudains, comme quelqu’un qui tape sur un microphone ou qui parle soudainement beaucoup plus fort lorsqu’un interprète s’efforce d’écouter ce qui se dit.

Des experts ont témoigné devant le Parlement que de nombreux employés sont en congé de maladie en raison de symptômes similaires à ceux d’une commotion cérébrale, de bourdonnements d’oreilles ou de vertiges. Avec autant d’absences, les fonctionnaires ont commencé à embaucher des travailleurs contractuels avec des qualifications moindres pour combler les lacunes.

L’Association canadienne des employés professionnels (ACEP) soutient que la réunion de la semaine dernière aurait dû être interrompue au moment de la blessure.

Au lieu de cela, un superviseur du Bureau de la traduction a pris la relève alors que la pigiste était escortée hors de la pièce, où elle s’est effondrée.

Avant les comparutions virtuelles, le Sénat demande aux témoins d’utiliser un casque d’écoute approprié, offrant de rembourser jusqu’à 100 $ en valeur avant impôt pour en acheter un. La Chambre des communes plafonne ce montant à 175 $.

«Chaque participant est tenu d’utiliser un casque d’écoute filaire muni d’un microphone fixe pour assurer une qualité sonore optimale pour l’interprétation simultanée», indique la feuille d’instructions du Sénat de janvier 2021, qui précise qu’il ne faut pas utiliser d’écouteurs.

Pourtant, la blessure s’est produite à une séance où un témoin portait des écouteurs, et l’autre avait des écouteurs sans fil.

«Le personnel de l’Administration du Sénat et les présidents des comités prennent des décisions concernant le fonctionnement des comités, y compris la participation des témoins », a écrit la porte-parole de la Chambre des communes, Amélie Crosson.

Le bureau du sénateur Paul Massicotte, qui a présidé la réunion, a renvoyé les questions à l’Administration du Sénat.

«Lorsque les interprètes indiquent que la qualité sonore les empêche de faire leur travail, les témoins se font dire qu’ils ne peuvent pas continuer», a souligné la porte-parole du Sénat, Alison Korn, par écrit.

Elle soutient que c’était le cas à la réunion de jeudi dernier, mais l’enregistrement officiel montre que les témoignages se sont poursuivis.

L’équipe audiovisuelle de la Chambre des communes entretient certains équipements du Sénat, y compris dans la salle où l’incident s’est produit.

Elle a inspecté la salle après l’incident et a conclu que les consoles fonctionnent normalement et offrent une protection auditive aux interprètes, a écrit la porte-parole de la Chambre, Amélie Crosson.

Mme Proulx a déclaré que le Bureau de la traduction « mènera également une enquête interne et communiquera ses conclusions aux principaux intervenants lorsqu’elles seront disponibles ».

Elle a ajouté que l’équipe audiovisuelle des Communes effectue des vérifications récurrentes pour s’assurer que tous les systèmes respectent les réglementations internationales en matière de sécurité.

«La Chambre des communes, en collaboration avec ses partenaires, a déployé des efforts pour veiller à ce que les questions pertinentes soient réglées de façon proactive ou au fur et à mesure qu’elles sont cernées, afin d’améliorer l’expérience des participants à distance, d’améliorer la qualité des procédures hybrides et de protéger les interprètes.»