Un concessionnaire Tesla de Montréal est pris pour cible

MONTRÉAL — Des activistes ont aspergé de peinture l’extérieur de l’immeuble d’un concessionnaire Tesla à Montréal mercredi, dans un contexte où les méfaits contre des biens portant le logo de la société de voitures électriques d’Elon Musk se multiplient.

Mercredi matin, deux activistes ont arrosé de peinture rose l’entrée d’un concessionnaire Tesla dans l’arrondissement Côte-des-Neiges–Notre-Dame-de-Grâce.

Le Service de police de la Ville de Montréal (SPVM) a rapidement arrêté deux personnes de 21 ans sur les lieux, qui devaient être libérées en fin de matinée, avec promesse de comparaître en mai prochain, alors qu’elles seront accusées de méfaits.

Dans un communiqué, le groupe Last Generation Canada, qui avait bloqué le pont Jacques-Cartier à l’automne dernier, a revendiqué l’acte de vandalisme.

«Nous avons pris action aujourd’hui, car nous ne pouvons plus supporter de voir le profit prendre priorité sur la vie. Les milliardaires et les ultrariches sont en train de détruire notre avenir pour leur propre gain», peut-on lire dans un communiqué que le groupe a transmis aux médias.

Last Generation «exige que le Canada s’oppose au PDG milliardaire de Tesla, Elon Musk, qui détruit les démocraties et propage le déni climatique».

Des «victimes collatérales»

Le message des groupes militants comme Last Generation «met beaucoup l’accent sur les inégalités socioéconomiques, les inégalités environnementales et avec une critique plus élargie du pouvoir des élites économiques dans la crise climatique», a analysé Justine Lalande, doctorante en communication et chargée de cours à l’Université du Québec à Montréal.

Ces «gestes de désobéissance civile sont des actes symboliques qui partent de la colère de citoyens qui ont peu de leviers d’action» et «c’est un mouvement qui va probablement prendre de l’ampleur», selon celle dont les travaux de recherche portent principalement sur la transition écologique et l’acceptabilité sociale.

Les propriétaires de véhicules Tesla et les concessionnaires se retrouvent, malgré eux, «pris au milieu de cette crise-là» et sont devenus «des victimes collatérales».

Une vague de méfaits contre Tesla

Les actes de vandalisme contre le fabricant de véhicules électriques se sont multipliés depuis que le président américain Donald Trump est entré en fonction et qu’il a chargé Elon Musk, considéré comme l’homme le plus riche du monde, de superviser le nouveau département de l’efficacité gouvernementale (DOGE), qui réduit les dépenses de l’État.

Dans les dernières semaines aux États-Unis, des salles d’exposition Tesla, des flottes de véhicules, des stations de recharge et des voitures appartenant à des particuliers ont été prises pour cible et des dizaines de manifestations se sont tenues devant les concessionnaires et les usines Tesla en Amérique du Nord et en Europe.

Donald Trump a qualifié le vandalisme contre Tesla de «terrorisme intérieur» et a menacé de représailles ceux qui ciblent l’entreprise en les avertissant qu’ils «vivraient un enfer».

La marque Tesla était, «il n’y a pas si longtemps, oui, un symbole de luxe, mais aussi un symbole environnemental», mais «la figure d’Elon Musk a complètement fait ombrage à ce que Tesla pouvait représenter, c’est-à-dire l’avant-garde des voitures électriques», a analysé Justine Lalande, qui travaille également chez Transfert Environnement et Société, une firme spécialisée en acceptabilité sociale.

«Un gouvernement qui s’en prend à la science»

Dans le communiqué publié après leurs actes, les militants de Last Generation dénoncent «le président Donald Trump, un négationniste du climat» qui «continue l’expansion des combustibles fossiles et s’en prend aux scientifiques du changement climatique».

L’administration Trump a annoncé d’importantes suppressions dans les universités et les agences gouvernementales, elle a procédé à des réductions majeures dans le financement de la recherche dans plusieurs domaines, dont l’environnement et les changements climatiques.

«C’est un gouvernement qui s’en prend à la science, c’est grave ce qui se passe dans le milieu académique aux États-Unis», a observé, comme beaucoup d’universitaires, la doctorante Justine Lalande.

«Nous enfonçons un poignard dans le cœur de la religion du changement climatique et inaugurons l’âge d’or de l’Amérique», a d’ailleurs déclaré la semaine dernière Lee Zeldin, administrateur de l’Agence de protection de l’environnement (EPA), dans un texte paru dans le Wall Street Journal.

Lee Zeldin a été nommé à la tête de l’équivalent du ministère de l’Environnement par Donald Trump.

Mercredi dernier, dans ce qu’il a qualifié de «jour de déréglementation le plus important de l’histoire américaine», le directeur de l’EPA a annoncé une série de mesures visant à annuler des réglementations environnementales historiques, notamment celles relatives à la pollution causée par les centrales au charbon.