Lettre aux héros ordinaires

Salut. Tu crois sans doute que personne ne te voit, mais c’est bien à toi que je m’adresse.

Toi qui refuses des invitations à des « partys », des soupers et autres rassemblements.

Toi qui t’empêches de voir tes parents, tes grands-parents pour les protéger.

Toi qui as gagné la réputation d’ami « strict » ou bien de collègue « qui prend ça bien trop au sérieux ».

Toi qui portes sagement le masque sur ton nez, sans broncher (malgré la brume dans tes lunettes).

Toi qui limites tes visites à l’épicerie et qui planifies tes déplacements pour te limiter à l’essentiel.

Toi qui t’adaptes comme tu peux à la vie de famille devenue très (trop) intense ou à la solitude (tout aussi intense).

Toi qui te laves minutieusement les mains avec le désinfectant qui pue chaque fois que tu entres quelque part.

Toi qui dois gérer au quotidien toutes sortes de commentaires et d’opinions parfois douteux dans les médias et les réseaux sociaux.

Toi qui assistes aux rencontres Zoom et qui rappelles patiemment à ton interlocuteur que son micro est fermé.

Toi qui vis avec la frustration, le désespoir, l’angoisse et le sentiment d’injustice qui augmentent à chaque point de presse, à chaque « mesure sanitaire » supplémentaire.

Toi qui es plus que tanné de payer le prix pour tous ceux et celles qui ne suivent pas les consignes.

Toi qui avec le temps, te sens de plus en plus seul.

Toi qui commences sérieusement à te demander si tes efforts en valent la peine.

Toi qui as l’impression que le poids du monde est de plus en plus lourd sur tes épaules.

Je veux juste te dire que je te vois. Je veux juste te remercier pour tout ce que tu fais pour aider la société dans laquelle tu vis à se porter mieux, et ce, le plus rapidement possible. Je veux te remercier au nom de tous ceux et celles qui ne seront jamais reconnaissants. Je sais à quel point t’es tanné/e et j’admire ta résilience.

Tant qu’à être là, je vais aussi te remercier au nom de notre gouvernement. Même s’il passe plus de temps en ce moment à « chicaner » tes collègues tannants qu’à te féliciter, je suis convaincue qu’il est bien fier de toi. En tout cas, moi je le suis.

T’es celui qui travaille dans l’ombre, le héros de notre ère. T’es un héros ordinaire. Merci pour tout. Ne lâche pas.

Laurence Tardif
Thetford Mines

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