M. Brousseau, laissez-nous respirer un peu

J’ai 72 ans. Je déneige à la pelle et avec l’aide d’un chasse-neige électrique de 15 ampères. Ça suffit pour bien ouvrir ma cour, sauf le banc de neige laissé par la gratte qui est dur comme du ciment. Je le fais alors en deux étapes. Je la retire à la main pour ensuite la souffler sur mon terrain.

J’ai lu avec beaucoup d’intérêt les propos du maire Marc-Alexandre Brousseau dans le Courrier Frontenac du mercredi 1er février. Je voudrais plaider coupable à ses accusations d’avoir mis de la neige sur le bord du banc de neige qui occupe un espace dans la rue à environ deux mètres du trottoir.

Curieuse coïncidence, j’ai constaté le même phénomène en arpentant les rues des différents quartiers de la ville. Je demeure à Thetford Mines depuis trois ans et ici le trottoir n’est pas déneigé. On marche dans la rue et on ne s’en plaint pas.

Je trouve que le déneigement est en général bien fait et assez rapide. Vous aurez deviné que je suis à ma retraite et nul besoin de sortir tôt pour enlever le banc de neige. Au besoin, je donne un coup de main à mes voisins qui n’ont pas la même chance. Je déneige non seulement mon entrée jusqu’au trottoir, mais aussi le trottoir et environ deux mètres de la rue. Je ne m’en suis jamais plaint aux autorités de la Ville.

Vers la fin décembre, nous avons eu du temps doux après une importante tempête et ce redoux a causé l’accumulation de glace dans la rue. Lors du déneigement qui a suivi, d’énormes blocs de glace ont été poussés dans mon entrée et un peu partout sur le territoire à hauteur d’un mètre et demi pendant la nuit. Le froid a évidemment fait son œuvre. Même mes voisins avec leurs grosses souffleuses ne pouvaient déneiger et risquer d’endommager leur machine. Cela a été fait à la mitaine.

J’avoue avoir trainé le gros de ce cocktail de glace vers le banc de neige. Pendant la même période, mes voisins m’ont fait remarquer que vous n’aviez pas ramassé de neige accumulée sur le bord de la rue. Nous avons conclu que vous aviez les mêmes craintes que nous à propos du danger de brisure de vos gigantesques machines. En faisant le tour des quartiers, j’ai pu constater le même phénomène. Personne ici ne s’en est plaint.

Alors monsieur le maire, pour vous paraphraser, nous avons aussi besoin de votre compréhension. Au Québec, je trouve qu’on n’utilise pas souvent la carotte, mais surtout le bâton.

Deux ans de pandémie alors que l’on a laissé mourir 10 000 personnes âgées sans la présence de leurs proches aidants, toujours sans médecin de famille pour beaucoup d’entre nous, un système de santé en crise et le sentiment de culpabilité de prendre la place d’un autre si nous allons à l’urgence sans être mourant. Cela en fait beaucoup à porter sur nos épaules depuis plusieurs années.

Donc, M. Brousseau, laissez-nous respirer un peu avant de nous prononcer coupables. Vous pourriez peut-être appliquer les principes qui vous ont valu le Sceau de reconnaissance conciliation famille-travail (CONCILIVI) à vos concitoyens de la Ville.

Cordialement,
Richard Cusson
Citoyen au dos large