Ne serait-il pas temps que le Vatican accorde aux victimes quelques-uns de ses nombreux milliards?

Au début de son mandat en 2013, le pape François voulait : une Église pauvre, pour les pauvres. Après 9 ans de règne, où en est la pauvreté de l’Église?  Il a même fait allusion aux premiers Pères de l’Église qui disaient que l’argent était l’excrément du diable.

Selon Revenu Canada, tous les diocèses du Québec possèdent des placements à long terme de plusieurs millions de dollars. Le diocèse de Québec avait à lui seul plus de 76 millions de dollars de placements à long terme en 2020. Il y a près de 200 congrégations religieuses au Québec qui sont toutes multimillionnaires. Toutes sont en fin de vie. Où aboutiront les milliards qu’elles possèdent? J’ai en main les états financiers des Sœurs de la Charité de Québec datant de quelques années. La congrégation avait alors des placements à long terme de plus de 311 millions de dollars et des revenus en intérêts de près de 14 millions. Depuis, la vente de terrains d’une grande valeur est venue augmenter leur fortune.

L’Église catholique romaine possède le plus grand parc immobilier au monde et ne paie pas un sou en taxe foncière. Cette organisation possède également des diocèses milliardaires, dont ceux de Cologne (3,8 milliards) et Sydney (1,2 milliard). Le diocèse de Manille aux Philippines est l’un des plus riches du monde entier. N’est-il pas étonnant, voire indécent, que le Vatican accepte qu’un diocèse comme Manille soit multimilliardaire dans l’un des pays les plus pauvres de la planète où des milliers d’enfants de la rue subissent des agressions physiques et sexuelles quotidiennement? La question pourrait lui être posée.

Et que dire de l’or et des milliers de comptes de la banque du Vatican, sans compter tous ceux qui ont été brusquement fermés à la suite d’accusations de blanchiment d’argent en faveur de la pègre. Il est absolument impossible d’obtenir les noms des détenteurs de comptes à la banque du Vatican. L’opacité concernant l’organisation financière de l’Église catholique et du Vatican est légendaire.

Il est intéressant de préciser ce que font les membres de la haute hiérarchie de l’Église face aux milliers de victimes abusées. Parfois ils s’excusent, se disent estomaqués devant l’ampleur du scandale, avouent avoir honte, prient pour les victimes, leur demandent pardon et surtout leur demandent de pardonner…etc. Mais quand vient le temps de la réparation et de l’indemnisation, ils utilisent toutes les obstructions possibles et les procès prennent des années avant d’aboutir: 4 ans pour les Pères rédemptoristes, 3 ans pour les frères Sainte-Croix, etc. La durée à n’en plus finir des procès constitue une ultime agression faite aux victimes.

Le 6 décembre dernier, lors d’une conférence de presse, le bon pape François revenant de Grèce a banalisé les abus sexuels perpétrés par des prêtres pédophiles en affirmant qu’il faut interpréter ces actes avec des yeux d’il y a 75 ans, alors que l’attitude de l’Église était d’étouffer l’affaire tout comme dans les familles à l’époque. L’allusion papale au proverbe autres temps, autres mœurs n’est-elle pas offensante et scandaleuse? Comme si dans les années 40, 50 et 60, violer des enfants était dans la normalité des choses, tant pour les mononcles et les pères incestueux que pour les prêtres.

Le pape Benoît XVI a été sévèrement mis en cause dans un rapport indépendant présenté récemment en Allemagne sur des agressions sexuelles envers des mineurs dans l’archevêché de Munich et de Freising, qu’il a dirigé entre 1977 et 1982.

Récemment, en Italie même, on a demandé une commission d’enquête indépendante pour faire la lumière sur les abus sexuels commis par les prêtres catholiques durant les dernières décennies, et qui auraient fait un million d’enfants abusés.

Après plus de 2000 ans d’histoire, Le Vatican (autorité suprême de la sainte Église catholique) est parvenu à accumuler d’incroyables richesses. Un nombre effarant de représentants de ladite Église ont abusé sexuellement de millions d’enfants et d’adolescents. Ne serait-il pas temps que le Vatican, outre ses excuses, accorde aux victimes quelques-uns de ses nombreux milliards en réparation des crimes commis? Ne serait-il pas temps, aussi, que la sainte Église agisse en fonction de ses enseignements et des croyances qu’elle prêche depuis toujours?

Roger Lessard (porte-parole des victimes)

Thetford Mines