Réaction entourant les propos du professeur Lalancette

Malgré le fait que Jean-Marc Lalancette détient un PhD, son texte publié dans l’édition du Courrier Frontenac du mercredi 6 juin démontre une méconnaissance importante de la science nommée épidémiologie, soit l’étude de la relation causale entre une exposition à un contaminant ou une condition de vie et le développement d’une maladie.

Il devrait donc savoir que l’existence d’une seule étude à Thetford Mines (dont il ne cite pas la référence) n’est pas suffisante pour défaire le consensus scientifique mondial. En effet, en 2014, l’Organisation mondiale de la santé affirme dans son document sur l’amiante chrysotile ce qui suit : «Aucun seuil n’a été mis en évidence pour le risque cancérigène de l’amiante, chrysotile compris». Une telle affirmation claire et sans équivoque doit guider toutes nos démarches de prévention.

De plus, son affirmation sur l’inexistence d’une cohorte assez grande où l’on aurait implanté une seule fibre de chrysotile pour en mesure les effets ne tient pas la route du point de vue scientifique. D’une part, une telle procédure ne relève pas de l’épidémiologie, mais plutôt de l’expérimentation scientifique. De plus, un tel design d’étude ne recevrait jamais l’aval d’un comité éthique (étape préalable à toute recherche scientifique), car il est inacceptable d’implanter une fibre nocive chez des humains.

Enfin, M. Lalancette a tort d’affirmer que c’est le tabac qui a tué les travailleurs de l’amiante quand il parle de l’étude chez les travailleurs de l’industrie navale. Dans les faits, il s’agit plutôt d’un effet synergique. C’est-à-dire une exposition simultanée à l’amiante et à la fumée de tabac qui agit de façon multiplicative. Ce sont donc les deux contaminants qui augmentent l’effet de l’autre, mais ils sont responsables tous les deux de l’excès du cancer observé.

Il est important de rester dans le domaine scientifique dans la poursuite de la discussion sur les effets nocifs de l’amiante et sur l’importance de faire de la prévention. Il y a déjà beaucoup trop de personnes qui sont mortes à cause de leur exposition à ce contaminant nocif.

Norman King, M.Sc.Épidémiologie
Conseiller scientifique
Association des victimes de l’amiante du Québec (AVAQ)