Canadien: les joueurs visent les séries, la direction est prête à être patiente

LAVAL-SUR-LE-LAC, Qc — Pour Joel Edmundson, il est déjà l’heure de gagner chez le Canadien. Selon le directeur général Kent Hughes, il est important de continuer à mettre la table pour les prochaines années. L’entraîneur-chef de la formation montréalaise Martin St-Louis, lui, se prépare simplement pour le camp.

Il a donc été difficile de déchiffrer quelles sont les véritables attentes chez le Tricolore, lundi, avant son tournoi de golf traditionnel au club de Laval-sur-le-Lac pour lancer la nouvelle saison.

«Nous voulons gagner chaque match, mais pas au sacrifice du développement de notre équipe et de nos joueurs», a affirmé Hughes, qui entame une première saison complète avec le Canadien.

Hughes est donc demeuré prudent lorsque questionné sur le plan entourant l’attaquant Juraj Slafkovsky, sélectionné au premier rang du repêchage en juillet dernier. S’il brille lors du camp, il commencera la saison avec le grand club. Mais s’il est plus avantageux pour lui de jouer ailleurs, par exemple dans la Ligue américaine de hockey avec le Rocket de Laval, c’est ce qui arrivera.

Même chose en ce qui concerne la jeune brigade défensive du Tricolore. Seulement quatre défenseurs sous contrat ont disputé plus de 200 matchs dans la LNH, soit Edmundson, David Savard, Michael Matheson et Chris Wideman. Des joueurs comme Jordan Harris, Justin Barron, Arber Xhekaj, Corey Schueneman et Kaiden Guhle lutteront pour les autres postes.

«Je me souviens de Patrice Bergeron à 18 ans. Ses parents le visitaient et l’avaient vu à son premier entraînement et avaient dit qu’il paraissait bien sur la glace, a raconté Hughes. J’avais dit à ma conjointe que c’était drôle comment les parents avaient de la difficulté à être objectif. Puis, j’étais allé le lendemain et je m’étais aussi dit qu’il paraissait bien! Mais je savais que le plan des Bruins de Boston était de lui donner une chance et de voir comment ça se passe. Il a démontré qu’il était prêt et il est resté. 

«Si nous avons un jeune joueur qui arrive et qui nous montre qu’il est prêt, tant mieux. Mais nous voulons faire preuve de flexibilité», a résumé Hughes.

De son côté, le propriétaire et président du Canadien, Geoff Molson, s’est dit heureux du boulot accompli depuis la nomination du vice-président des opérations hockey Jeff Gorton, le 29 novembre dernier. Il a souligné l’évolution du département hockey avec notamment plusieurs embauches au niveau du développement des joueurs, du recrutement et de l’analyse des statistiques avancées.

Molson s’est donc dit prêt à faire preuve de patience avec le nouveau groupe en place.

«Est-ce que je désire que ça aille plus vite? Moi je pense qu’il faut prendre le temps nécessaire pour atteindre notre objectif d’avoir une équipe gagnante à long terme, a dit Molson. Je ne suis pas pressé du tout. Je donne la flexibilité à Jeff, Kent et Martin pour développer une équipe qui sera bonne à long terme.

«Je crois que nous en serons véritablement à la première année de ce processus», a ajouté Molson. 

Les séries, un objectif réaliste?

Pour les joueurs du Canadien, il est impossible de viser plus bas qu’une participation aux séries, même si l’équipe a terminé au dernier rang du classement général de la LNH la saison dernière et n’a pas acquis de grandes vedettes cet été.

Au cours de la dernière décennie, le Tricolore a connu ses pires moments quand Carey Price s’est retrouvé sur la touche. Hughes a récemment admis qu’il était peu probable que le gardien étoile joue cette saison — ou encore un jour — puisqu’il est toujours ennuyé par un problème à un genou.

Price a fait un caméo, lundi. Une porte-parole de l’équipe a indiqué qu’il était malade, ne jouerait pas avec ses coéquipiers et ne parlerait pas aux journalistes.

Malgré l’absence de Price, une jeune défensive et plusieurs points d’interrogation à l’attaque, les joueurs du Canadien espèrent surprendre la planète hockey cet hiver.

Contrairement à la direction du Canadien, les joueurs croient que la reconstruction pourrait être rapide.

«La reconstruction? Ça, c’était la saison dernière, a déclaré Edmundson. Je crois que nous sommes prêts à franchir l’étape suivante. 

«Il y a beaucoup de gars qui sont arrivés tôt, quelques semaines avant le début du camp, a-t-il ajouté. Nous ressentons l’engouement dans le vestiaire. Nous voulons bâtir sur la dernière saison et nous voulons participer aux séries. Et quand vous participez aux séries, vous ne savez jamais ce qui peut se produire par la suite.»

Le camp du Canadien doit se mettre en branle le 21 septembre avec les examens médicaux et les tests physiques. L’équipe jouera son traditionnel match intra-équipe le 25 septembre, puis le premier de ses huit matchs préparatoires le lendemain face aux Devils du New Jersey. Son calendrier régulier commencera le 12 octobre, quand les Maple Leafs de Toronto seront de passage au Centre Bell.

D’ici là, les recrues du Canadien participeront de jeudi à dimanche à un tournoi à Buffalo. Les espoirs du Tricolore joueront des rencontres face aux ceux des Sabres, jeudi, des Devils, vendredi, et des Sénateurs d’Ottawa, dimanche.

Un logo qui fait jaser

Molson a également été invité à commenter l’annonce de partenariat entre le Canadien et RBC Banque Royale. Le logo RBC figurera sur les chandails à domicile des joueurs du Canadien cet hiver.

«Nous sommes conscients que ça va provoquer des réactions, a dit Molson. C’est quelque chose que la LNH a offert, pour laquelle les 32 propriétaires ont voté en faveur. Ça fait partie de l’évolution de la LNH.»

Molson a rappelé que la LNH emboitait notamment le pas à la NBA et au Baseball majeur. 

La présence de commanditaires sur les chandails est également monnaie courante en MLS et dans la plupart des différents circuits professionnels européens, où les logos sont si nombreux que celui de l’équipe est parfois difficile à identifier. Molson s’est voulu rassurant à ce niveau, affirmant que ce n’est pas demain la veille où il y aura plusieurs logos sur les chandails dans la LNH.

En ce qui concerne les joueurs, le défenseur David Savard ne semblait pas particulièrement ébranlé par la nouvelle.

«Ça fait partie de l’aspect ‘business’. Le plus important demeure le logo au centre, le logo du Canadien», a-t-il conclu.