Le Manoir Valin d’Adstock vendu pour taxes impayées

ADSTOCK. Le Manoir Valin situé dans la municipalité d’Adstock a été vendu pour taxes municipales impayées lors d’un encan public, le mercredi 3 juin, au coût de 70 002 $.

Évalué à 1,5 million $, le bâtiment accueille une Ressource intermédiaire, une garderie et un point de service du CLSC. Il avait été cédé par le CSSS de la région de Thetford, le 20 septembre 2010, à la Coopérative de solidarité Valin pour la somme symbolique de 1 $. Une clause inscrite dans le contrat empêche toutefois la réalisation de projets qui ne cadrent pas dans la mission du Centre intégré de santé et de services sociaux (CISSS) de la région de Thetford.

Selon le vice-président de la coopérative, Gérard Binet, cela fait en sorte qu’il est très difficile de trouver des locataires pour occuper le deuxième étage de la bâtisse qui est vacant et qui représente à lui seul des pertes de revenus de 5000 $ par mois.

«Les frais fixes grimpaient à environ 120 000 $ par année, dont 75 000 $ uniquement en électricité. Au début, tout se passait bien puisque nous pouvions compter sur la présence d’un centre de réadaptation en déficience intellectuelle de la Beauce qui ne réussissait pas à se trouver de local. C’est lorsque nous avons appris que celui-ci quittait que nous nous sommes rendu compte que la clause était contraignante», a-t-il confié au COURRIER FRONTENAC.

Manque de temps

Ce dernier, qui siège au Groupe ressources techniques Beauce-Appalaches, souhaitait notamment implanter des logements sociaux dans l’espace disponible. «Nous avions réussi à nous entendre avec la Municipalité d’Adstock pour la réalisation de notre projet qui n’a finalement pas pu voir le jour en raison de la clause. Cela a été le début de la fin puisque nous ne pouvions rien faire avec le bâtiment», a ajouté M. Binet.

«Si nous avions eu un peu plus de temps, nous aurions sûrement été en mesure de trouver des sources de financement pour payer les taxes municipales. En même temps, nous pensions que la clause tomberait en allant à la vente pour taxes municipales impayées, mais un acheteur s’est présenté», a-t-il dit.

En effet, le bâtiment appartient désormais à Services coopératifs matière grise, dont le représentant est Gérald Bolduc. Ce dernier n’est toutefois pas entièrement propriétaire des lieux puisque la Coopérative de solidarité Valin dispose d’une période d’un an pour décider de payer les sommes qui lui étaient demandées et reprendre la gestion.

La Municipalité veut collaborer

Pour le maire d’Adstock, Pascal Binet, la Municipalité avait l’obligation de percevoir ses taxes puisqu’il y aurait eu prescription si elle ne le faisait pas à l’intérieur d’une période de trois ans. Le conseil municipal souhaite toutefois tenir une réunion avec les membres de la coopérative afin de trouver une solution.

«Nous comprenons que pour la coopérative l’enjeu était de faire du développement et qu’il y avait une incapacité d’agir lorsqu’elle présentait des projets. Pour nous, il faut s’assurer que les services soient maintenus et nous travaillerons en ce sens-là», a-t-il précisé.

De son côté, la porte-parole aux communications du CISSS de Chaudière-Appalaches, Geneviève Dion, a mentionné qu’un processus rigoureux et structuré est mis en place lorsqu’un établissement public est à vendre. La Société d’habitation du Québec (SHQ) offre un accompagnement afin que toutes les règles soient respectées.

«Ce n’est pas unique aux locaux qui ont été vendus à la Coopérative de solidarité Valin. C’est comme cela pour tous les édifices publics. Le projet que le propriétaire désire implanter doit avoir une cohérence avec la poursuite de la mission de santé et de services sociaux. Il ne doit pas entrer en conflit ou s’étendre trop largement», a-t-elle indiqué.

Elle a ajouté que l’entente intervenue à l’époque entre le CSSS de la région de Thetford et la coopérative a été signée de bonne foi des deux côtés. «Le CSSS a quand même fait preuve d’ouverture, mais il fallait obtenir l’aval de la SHQ. Nous appliquons les règles gouvernementales dont nous sommes tenus de respecter», a-t-elle conclu.