Un projet de valorisation du verre sur la glace

Le propriétaire des Sables Olimag, Claude Gosselin, souhaite ouvrir à Thetford Mines la première usine de fabrication de verre cellulaire au Canada. L’entrepreneur a toutefois dû mettre son projet au neutre en marge de la tenue la semaine dernière de la Commission parlementaire sur les enjeux de recyclage et de valorisation locale du verre.

La principale raison est liée à l’incertitude quant à l’approvisionnement de la matière première pour son usine utilisant une technologie importée de l’Europe. «Nous avions déjà signé des ententes pour avoir les quantités suffisantes de verre, mais maintenant nous ne savons plus si elles pourront tenir. Nous ne savons pas ce que le gouvernement a l’intention de faire avec la consigne et comment cela affectera les centres de tri», a expliqué Claude Gosselin en entrevue avec le Courrier Frontenac.

Selon lui, le gouvernement doit s’assurer de soutenir les projets à haute valeur ajoutée comme le sien, ainsi que le développement de la demande, notamment par l’entremise de ses filiales.

«Ça n’a pas de bon sens que le verre présentement envoyé à la récupération soit utilisé comme recouvrement dans les centres d’enfouissement. Tu mets ta bouteille dans le bac bleu et elle s’en va quand même à la poubelle! C’est pourquoi un projet comme le nôtre devrait être priorisé.»

Le faible poids du granulat de verre cellulaire en fait notamment un matériau idéal pour le remblai ou le remplissage de cavités dans la construction de bâtiments. (Photo Courrier – Frontenac – Jean-Hugo Savard)

Financement

Le deuxième problème pour la mise en service de l’usine est le manque d’appuis financiers de la part des instances bancaires et gouvernementales.

«Si Olimag achète une nouvelle technologie, c’est plus facile de se faire financer, mais quand on parle d’une nouvelle entreprise n’ayant pas d’historique, c’est très difficile, et ce, même si tu as d’autres compagnies qui fonctionnent bien. Les banques ne veulent pas te prêter d’argent. Le seul moyen est que tu en mettes beaucoup de ta poche. Ils vont quand même nous prêter de petits montants pour les équipements quand nous les aurons. Du côté gouvernemental, nous n’avons jamais eu de réponse. Investissement Québec regarde notre dossier sérieusement, ils ne nous ont pas dit non, mais ils ont dit que notre projet ne rentre dans aucun programme. Ils y croient et ils trouvent que c’est une belle technologie. Ils nous ont dit qu’ils allaient tenter de trouver une solution», a indiqué Claude Gosselin.

Avant l’annonce de la Commission, l’entrepreneur et ses partenaires avaient s’étaient toutefois approchés de solutions afin d’amorcer les activités. Tout cela a toutefois été mis sur la glace à la suite de l’annonce de la commission.

Le projet

L’investissement nécessaire pour sa réalisation est évalué à environ 5,5 millions $. L’usine de fabrication de verre cellulaire Geocell serait située dans le bâtiment vacant, sur la rue Pie-XI, en arrière des Galeries Appalaches, tandis que la matière première serait nettoyée dans une bâtisse appartenant à Olimag et située en retrait de la rue Caouette Ouest. Le verre et le produit final seraient ensuite transportés par Gosselin Express. Cela créerait au total une quarantaine d’emplois.

Le projet est en développement depuis trois à quatre ans. C’est lors de voyages en Europe dans le but de parfaire ses connaissances sur la transformation du verre que l’entreprise a découvert la technologie dont elle souhaite faire l’acquisition. Elle a d’ailleurs signé une entente de partenariat et d’actionnariat avec la compagnie autrichienne Geocell Schamglas pour l’implantation de cette technique au Québec.

Chaque four a la possibilité de transformer 7000 tonnes métriques de matière première par année pour en faire 50 000 tonnes cubes de verre cellulaire. L’entreprise croit pouvoir en produire 150 000 tonnes annuellement à l’aide de trois fours.

Claude Gosselin a également souligné que le projet est respectueux de l’environnement puisqu’en plus de récupérer le verre, la transformation n’émet pas de pollution dans l’air. «À l’international, Thetford Mines est vue comme la ville de l’amiante, nous sommes tous censés être malades ou morts! Là, nous avons un projet de technologie verte afin de réduire un problème d’enfouissement des déchets. J’aimerais beaucoup démarrer ça ici», a-t-il conclu.

Qu’est-ce que le verre cellulaire?

Le granulat de verre cellulaire est un matériau léger, indéformable et résistant au vieillissement qui est idéalement adapté pour une isolation porteuse (périphérique) sous les radiers ou les dalles de fondation des caves. Il joue le rôle de drainage confié aux galets et peut remplacer les soubassements contre le gel et les semelles filantes, tout en agissant comme isolant extérieur au niveau du sol.

Combiné à ses propriétés isolantes, son faible poids caractéristique (150 kg/m3) en fait un matériau idéal pour le remblai ou le remplissage de cavités dans la construction de bâtiments.

Dans des conditions de sols instables (terrains marécageux, zones de frontière du pergélisol), son utilisation est idéale dans la construction des routes grâce à son pouvoir stabilisant et dans la construction de canalisations en combinant stabilisation et isolation.