Les pompiers de Thetford sonnent l’alarme

Une vingtaine de pompiers de Thetford Mines se sont présentés à la séance du conseil municipal, le lundi 18 novembre, pour faire part aux élus d’un «éternel» désaccord qu’ils ont avec l’état-major du Service de sécurité incendie.

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Le vice-président du syndicat, Antoine Joseph, a pris la parole au nom de ses collègues. «Nous venons ici étant donné que nous ne sommes pas entendus. Nous avons suivi les voies hiérarchiques afin de remédier à certaines situations, mais en vain. Nous venons donc crier à l’aide», a-t-il mentionné en préambule.

Dans un message écrit qu’il a lu au maire et aux conseillers, il a rappelé que la Ville de Thetford Mines, l’état-major du Service de sécurité incendie et le syndicat des pompiers ont signé d’un commun accord une convention collective le 10 avril 2018 en pensant régler les plus gros litiges et désaccords des années antérieures. Presque deux ans plus tard, il a expliqué que le syndicat doit sans arrêt revenir sur les bases écrites de la convention puisque «l’état-major du Service de sécurité incendie ne cesse de vouloir ne pas respecter ou de ne pas être à la hauteur des ententes faites à l’époque».

L’un des principaux litiges porte sur la procédure des repas qui ne serait pas toujours respectée. C’est d’ailleurs ce qu’il s’est passé le 11 novembre dernier lors du feu de résidence survenu sur la route du Sabot d’or. «Nous exerçons un domaine demandant un effort physique intense, ce qui fait en sorte que nous avons besoin d’être nourris décemment afin de pouvoir donner notre 100 % lors de la réponse aux appels à l’aide des citoyens de la ville de Thetford», a exprimé M. Joseph.

Selon lui, il ne s’agit ici que d’une infime partie de la bataille des pompiers à la revendication de leurs droits en tant qu’employés syndiqués. D’autres situations créeraient une tension incommensurable dans les murs de la caserne, mais celles-ci n’ont pas été détaillées aux élus lors de la séance publique. De nombreux pompiers seraient blasés du combat acharné qu’ils doivent mener. «Cette dite tension apporte un climat de travail toxique faisant en sorte qu’une perte de motivation se fait ressentir de plus en plus chez les pompiers. Certains de nos membres ont même quitté le service», a soutenu le vice-président.

Des questions à poser

En réponse aux pompiers, le maire Marc-Alexandre Brousseau a d’abord affirmé avoir eu vent d’une situation spécifique en lien avec la procédure des repas. «La semaine dernière, quelqu’un de chez vous nous a interpellés par rapport à ce qu’il s’était passé sur la route du Sabot d’or. Dès ce moment, avec le directeur général, nous avons fait une intervention auprès de l’état-major du Service de sécurité incendie. Effectivement, nous jugions important de comprendre pour que cela ne se reproduise plus.»

Le maire Brousseau a ajouté qu’il tentera d’obtenir plus d’informations sur la problématique qui semble se présenter à plusieurs occasions. «Je trouve cela dommage que ce soit quelque chose qui perdure dans le temps. D’après l’information que nous recevions, la procédure des repas fonctionnait supposément bien. Ce que j’entends, c’est que ce n’est pas le cas. Il est clair pour nous qu’il y aura des questions à poser afin de savoir ce qu’il en est. Sincèrement, nous pensions que c’était réglé.»

Mea culpa

Appelé à réagir, le directeur du Service de sécurité incendie Jean-Claude Bolduc a reconnu le problème. «Il y a eu un manquement de notre part, nous l’admettons et nous le regrettons. Une rétroaction est faite pour que cela ne se reproduise jamais. Les gars ont dit que ça faisait longtemps que cela durait. Oui, il y a toujours eu un peu une problématique au niveau des repas, mais il y a deux côtés à une médaille.»

Ce que dit la convention collective

Selon l’article 19, la Ville fournira :

a) Les breuvages sur les lieux d’une intervention.
b) Un repas au montant maximum de 15 $ dans les cas suivants :

  • soit après trois heures de travail, si celles-ci chevauchent les heures normales des repas, c’est-à-dire 7 h à 8 h, 12 h à 13 h ou de 17 h à 18 h;
  • soit après quatre heures de travail.

c) Le remboursement s’effectue par virement bancaire au plus tard quatre semaines suivant l’événement.
d) Toutefois, la Ville pourra fournir les repas sur les lieux du travail si le directeur juge que les opérations le requièrent. Dans ce cas, aucune compensation ne sera versée.

Tempête automnale

Les pompiers ont profité de leur présence devant les élus pour déplorer le fait qu’aucune mesure d’urgence n’ait été déclenchée lors de la tempête automnale du 1er novembre. «La ville de Thetford Mines connaissait une crise en raison des conditions climatiques des plus intenses. Des citoyens ont été méprisés lors de cette journée en raison des pannes d’électricité qui, pour certaines familles, se sont étendues sur plusieurs jours. Le Service de sécurité incendie s’est vu énormément débordé en raison du nombre incroyable d’appels au 911. Nous, les pompiers, attendions impatiemment le déclenchement des mesures d’urgence de la Ville de Thetford, mais en vain», a exprimé le vice-président du syndicat.

Pour l’administration municipale, la situation ne l’exigeait toutefois pas. «Il y a eu de nombreux appels au 911 durant la journée de l’événement, mais lorsque l’orage a cessé, il n’y en a pas eu ou presque pas. Par contre, dans la journée, nos services des travaux publics et de la Sûreté municipale ont été engagés avec celui de la protection incendie à faire différentes interventions sur le territoire», a expliqué le directeur général Olivier Grondin.