Optimoule mise sur la diversification de son offre

L’entreprise Optimoule de Thetford Mines a recentré une partie de ses activités au cours des dernières semaines afin de produire des visières de protection destinées au personnel de la santé, mais également à tous ceux et celles qui voudraient en faire l’usage. La demande pour ce type de produit est en croissance, notamment depuis le début de la crise sanitaire. 

Ce projet s’est mis en branle après que le fabriquant de moules par injection ait été contacté, le 25 mars dernier, par un médecin du Centre hospitalier de l’Université de Montréal. « Celui-ci nous demandait si nous pouvions aider, car l’établissement prévoyait manquer de visières », a d’abord mentionné au Courrier Frontenac Catherine Blanchet, ingénieure et responsable du développement des affaires chez Optimoule.

Rapidement, plusieurs membres de l’équipe ont été mis à contribution. « Nous avons vécu trois ans en six semaines. Concevoir un moule, c’est comme une œuvre d’art. C’est complexe et ça prend du temps. Normalement, il nous faut entre 8 et 12 semaines. Nous avons commencé par le penser, le dessiner et le concevoir. Ensuite, nous avons commandé l’acier et fabriqué le moule à notre usine. Parallèlement, nous avons dû nous procurer le matériel nécessaire à la fabrication du produit, dont l’acétate utilisé comme écran de protection qui est d’ailleurs coupé sur place », a expliqué Mme Blanchet.

Selon elle, le résultat final se démarque de la compétition. « Certaines visières sur le marché sont dotées d’une mousse et d’une bande élastique qui fait le tour de la tête. La nôtre, c’est comme une monture de lunettes attachée avec un élastique permettant un ajustement automatique. Elle a aussi l’avantage d’être ultra légère et abordable. »

Optimoule a amorcé sa production le lundi 27 avril dernier. Le manufacturier a une capacité de 15 000 visières par jour. Une bonne quantité a déjà été vendue dans la région. Le Centre intégré de santé et de services sociaux de Chaudière-Appalaches s’en est procuré 20 000 et la Commission scolaire des Appalaches 300. « Au départ, c’est un médecin du CHUM qui nous a contactés, mais au final ils se sont tournés vers un autre type de visière et c’est correct puisque nous pouvons aider les organisations d’ici », a exprimé Mme Blanchet.

Bien que ce projet soit chapeauté par Optimoule, il a été rendu possible grâce à la collaboration de différents partenaires tels que la Cordonnerie Tout-à-neuf, Sumacom et le Centre de technologie minérale et de plasturgie de Thetford Mines.

La visière HERO fabriquée à l’usine d’Optimoule. (Courrier Frontenac – Jean-Hugo Savard)


Distribution

En plus de pouvoir répondre aux besoins d’ici, le manufacturier affirme être en mesure de fournir des visières à des clients provenant d’ailleurs au Québec, au Canada et même aux États-Unis. « Nous entendons plusieurs histoires voulant que les gens achètent, mais ne reçoivent pas leurs commandes. Chez Optimoule, nous produisons et nous livrons », a précisé la responsable du développement des affaires.

Cette dernière tente actuellement de trouver un moyen de les distribuer plus facilement. « Les gens pensent que fabriquer un produit c’est ce qui est dur, mais le mettre en marché et en faire la distribution représentent un défi tout aussi important. Catherine travaille très fort pour trouver les bons réseaux afin d’en envoyer de grandes quantités », a soutenu le président Serge Fraser.

Dans les prochains jours, la visière fabriquée à Thetford Mines sera disponible via la plateforme d’achats en ligne Amazon pour de petites et de grandes quantités.

Une offre élargie

La fabrication de ces visières de protection s’inscrit dans une volonté d’élargir l’offre de service du mouliste. « Je pense que nous allons continuer à développer des produits maison. La gamme Crazy Foil nous appartient et nous avons maintenant les visières HERO. Pour moi, Optimoule est une espèce de plateforme qui permet de greffer d’autres choses qui sont complémentaires et qui génèrent de la valeur ajoutée », a dit M. Fraser.

Ce dernier souhaite également offrir un service d’accompagnement client. Un autre ingénieur sera embauché sous peu et développera ce créneau. « Nous voulons aider certaines catégories de clients à la phase de création. Dans le domaine médical, entre autres, les gens sont souvent des spécialistes de l’application, mais pas en ce qui a trait à la conception. Nous voulons travailler avec eux dès le départ pour concevoir les produits, faire les prototypes et les moules de production, et ensuite les aider à trouver quelqu’un pour les fabriquer. »

Le défi de la main-d’œuvre

Depuis presque un an, le manufacturier manque de bras à son usine située sur la rue Monfette. Pour produire ses visières, celui-ci a pu trouver de la main-d’œuvre puisque la tâche ne requiert pas de qualifications spécifiques. Par contre, pour les autres activités de l’entreprise, la situation s’avère plus compliquée.

« Recruter des gens dans ce domaine avec de l’expérience, c’est une mission presque impossible, a affirmé Mme Blanchet. Nous nous tournons vers l’international. Nous avons engagé deux nouveaux machinistes, mais ils sont restés coincés dans leur pays en raison de la COVID-19. Ils attendent que le gouvernement canadien autorise des vols. »

Ces derniers sont d’ailleurs attendus depuis longtemps. « Pour vous dire à quel point c’est difficile, ils ont été recrutés au mois d’août. Nous avons commencé les papiers en septembre, mais pour toutes sortes de raisons, il y a eu du retard, puis la pandémie est arrivée et ils ne sont pas ici aujourd’hui. Nous avons engagé une autre personne en janvier et nous espérons pouvoir l’accueillir d’ici Noël », a conclu le président d’Optimoule.