Motoneige : de précieux droits de passage à conserver

Chaque année, les clubs de motoneige font des pieds et des mains afin de parvenir à conserver les droits de passage accordés par les propriétaires fonciers, mais le comportement de certains membres cause bien des maux de tête.

C’est notamment le cas à Adstock où le club, qui existe depuis 1985 et qui entretient près d’une quarantaine de kilomètres de sentiers, a perdu cette année cinq droits de passage. L’organisation a été obligée de négocier avec de nouveaux propriétaires et d’investir des sommes supplémentaires dans les infrastructures.

« Toutes nos pistes sont ouvertes depuis le 3 janvier. Notre plus gros problème en ce moment concerne le parcours numéro 25 qui part du Centre-du-Québec et qui se rend jusqu’aux lignes américaines. Celui-ci passe par le secteur Saint-Méthode où se trouve une prairie. Le cultivateur nous avait demandé de patienter jusqu’au 9 janvier puisqu’il ne pouvait pas déplacer ses animaux dans l’immédiat. Malheureusement, une personne a décidé de débrancher la clôture électrique. Il s’est écoulé 24 heures avant qu’il s’en aperçoive. Nous avons été chanceux qu’il n’y ait pas eu d’accident puisque des voitures auraient pu frapper des animaux », a déploré le président du club, Laurier Blanchette, au Courrier Frontenac.

Il estime que la perte de ce droit de passage aurait des impacts très importants. « Cela représente trois kilomètres de sentiers autour du village de Saint-Méthode. C’est un secteur névralgique et c’est aussi par là que nous nous rendons au mont Adstock. Le propriétaire est très accommodant avec nous, mais disons que nous marchons sur des œufs », a-t-il ajouté.

D’après le président du club, il s’agit pratiquement toujours des mêmes personnes récalcitrantes. « Ces gens se foutent des clôtures et lorsqu’il neige, ils se donnent tous les droits. Nous les avertissons et les menaçons d’appeler la police, mais ça ne leur fait rien. Il y a beaucoup de motoneigistes et plusieurs s’achètent de vieilles machines juste pour les essayer. Ils se promènent dans les champs et cela fait mourir les cultures. »

« C’est très important de respecter les propriétaires fonciers parce que ce sont eux qui nous permettent de pratiquer la motoneige. Nous ne voudrions pas devenir un secteur non relié. » -Laurier Blanchette

De plus, les risques d’accident préoccupent beaucoup les propriétaires. « S’il arrivait un événement malheureux, ils seraient directement responsables. Nous avons bien beau dire qu’il y a des assurances, mais l’accidenté peut poursuivre n’importe quand. Même si tu mets des pancartes pour interdire le passage ou pour les prévenir, devant un juge ça ne vaut rien. Nous avons des gens qui patrouillent et même la présence de la Sûreté du Québec, mais à mon avis ils n’en interceptent pas assez. »

Aux dires de M. Blanchette, le secteur d’Adstock a toujours été considéré comme étant le paradis de la motoneige. « C’est l’exagération de certaines personnes qui fait en sorte que ça devient moins plaisant. Nous sommes en négociation permanente avec les propriétaires fonciers pour calmer le jeu. Nous sommes une petite équipe, mais on se tient. Nous sommes bénévoles et nous avons développé un sentiment d’appartenance qui fait l’envie d’autres organisations. »

Notons qu’au moment d’écrire ces lignes, le Club de motoneige Adstock avait vendu environ 300 droits d’accès. « Nous avons six lacs sur le territoire et 1200 résidences ou chalets aux abords. Beaucoup de gens de Montréal, de Québec, de Saint-Hyacinthe, de Granby et des citoyens de la région prennent leur droit d’accès chez nous. Ce qui fait notre force, c’est que le sentier est visible du village. Au prorata de la population, c’est ici où il y a le plus de membres, mais il y a aussi un pourcentage de délinquants qui vient avec ça », a conclu M. Blanchette.