Délais d’immigration : des millions de dollars qui s’envolent

Le député de Mégantic-L’Érable, Luc Berthold, et de nombreuses entreprises de la région dénoncent les délais interminables pour l’embauche de travailleurs étrangers temporaires.

Pour certaines entreprises, il s’agit d’un frein à leur développement alors que pour d’autres il s’agit d’une question de survie. Pour le député Berthold, aller chercher des travailleurs à l’extérieur du pays ne devient plus un choix, mais une nécessité.

« J’ai organisé une rencontre avec près d’une vingtaine d’entreprises de ma circonscription et le constat est le même partout : les délais actuels pour l’embauche de travailleurs étrangers temporaires sont inacceptables et ont des conséquences non seulement sur ces entreprises, mais également sur l’ensemble du développement régional », illustre le député.

Le recours au Programme de travailleurs étrangers temporaires devient un véritable incontournable pour les entreprises. Malgré de nombreuses démarches et des efforts de recrutement intenses dans la région, cela se solde souvent par le fait qu’absolument aucun candidat ne répond aux offres d’emplois. Ce programme représente donc la seule option disponible pour combler les besoins criants de main-d’œuvre des entreprises.

Le député s’est adressé directement au ministre de l’Immigration, des Réfugiés et de la Citoyenneté, Marco Mendicino, par le biais d’une lettre ouverte. Luc Berthold, les entreprises ainsi que les chambres de commerce signataires ont donc dénoncé les délais de traitement du processus d’embauche.

« Les conséquences sont désastreuses pour nos entreprises : perte de compétitivité, obligation de refuser des contrats, machinerie sous-utilisée, etc., et constituent un véritable frein à leur développement et à leur expansion. En outre, lorsque ces travailleurs finissent par obtenir leur permis pour venir au Canada, leurs employeurs font face à un autre défi pour les maintenir en poste. Certains travailleurs songent souvent à quitter le Canada peu de temps après leur arrivée, car il est très fastidieux pour eux de faire venir leur famille. À bout de souffle, certains préfèrent carrément quitter, en raison de leur isolement», ajoute M. Berthold.

Le député tient donc à envoyer un message clair au ministre Mendicino. « Il est impératif qu’on s’attaque aux délais de traitement de ce type de demandes d’immigration. On doit s’assurer que le ministère ait les ressources suffisantes pour répondre au flux de demandes. Le ministre doit s’assurer de mettre en place un système adéquat. Ce n’est rien de moins qu’une question de survie pour nos entreprises qui créent de la richesse au Canada. Il est grand temps qu’Ottawa leur accorde le respect qu’elles méritent », a-t-il fait savoir.

Des entreprises frappées de plein fouet

Pier-Ann Fecteau de CIF Métal à Thetford Mines explique que l’entreprise n’a pas le choix de se tourner vers une solution de recrutement à l’international pour combler ses besoins en main-d’œuvre, ses efforts de promotion en région n’ayant pas donné de résultats.

« Nous sommes actuellement en processus de faire venir 24 travailleurs étrangers temporaires supplémentaires aux 20 qui sont déjà en poste. Comme nous sommes en début de processus, on peut s’attendre à un délai d’un an et demi à deux ans avant de les avoir alors qu’on en aurait besoin dans l’immédiat. Malheureusement, cette difficulté vient freiner la croissance de notre entreprise. Notre carnet de commandes déborde, mais nous n’avons plus personne à mettre devant nos équipements alors que cela a déjà été le contraire », a-t-elle expliqué.

L’entreprise thetfordoise, spécialisée dans la fabrication de pièces coulées en aluminium, compte 160 travailleurs.

Un projet de 12 millions $ en péril

Chez CBR Laser (découpe au laser) et Galvanisation Québec (galvanisation à chaud de l’acier) à Plessisville et Princeville, c’est un projet d’agrandissement de 12 millions $ qui est en péril à l’usine de galvanisation à Princeville.

« Pour 2021, nous avons 200 postes à combler, dont 50 liés au nouvel agrandissement. Nous avons refusé 1000 commandes liées à divers projets. Parmi ceux-ci, il y a plusieurs projets de ponts qui sont concernés », explique le directeur général de CBR Laser, François Caron.

Le groupe, incluant la nouvelle scierie à Princeville, génère de l’emploi à quelque 950 personnes et inclut près de 200 travailleurs étrangers avec les demandeurs d’asile. « Il est impératif de diminuer les délais d’immigration et toute la paperasse associée à nos demandes », insiste M. Caron.

Parmi les entreprises du comté de Mégantic-L’Érable signataires de la lettre, on retrouve Princecraft, Paysagiste Brisson, CBR Laser, Galvanisation Québec, Fonderie Lemoltech, Manoir du lac William, Palettes CMP, Convertex, Attraction inc., Fromagerie La Chaudière, Équipements Lapierre, Gosselin Express, TechnoPaint, SérieAct Peinture, CIF Métal, Optimoule, Groupe Castech, Plessitech, Plantations Nicholas ainsi que les trois chambres de commerce du comté.