Les élus municipaux demandent au gouvernement de cesser de les ignorer

En août 2020, le rapport final du Bureau d’audiences publiques sur l’environnement (BAPE) sur «L’état des lieux et la gestion de l’amiante et des résidus miniers amiantés» était publié. Dix mois plus tard, les élus de la MRC des Appalaches déplorent le fait qu’aucun acteur local ne fasse partie du processus de concertation.

L’enjeu est pourtant capital pour plusieurs municipalités de Chaudière-Appalaches et de l’Estrie. Les élus demandent donc au premier ministre François Legault d’intervenir afin d’accélérer les travaux et de voir à assurer la représentation de ces régions dans le cadre des réflexions et des discussions concernant les suites à donner au rapport du BAPE.

«J’ai parlé à une fonctionnaire du ministère de l’Économie qui fait partie de celles-ci. Nous avons appris qu’il y a différents comités de travail, mais nous ne savons même pas ce qu’ils font. Nous n’en entendons pas parler et, surtout, nous ne sommes pas interpellés. Nous disons que ce n’est pas normal. C’est comme si je me construisais une maison et que l’entrepreneur avait choisi la couleur des murs et la disposition de la cuisine, alors que c’est moi qui vais habiter dedans », a illustré le préfet de la MRC des Appalaches, Paul Vachon, en entretien avec le Courrier Frontenac.

Ce dernier a ajouté que cela n’a pas de sens que des gens travaillent sur ce dossier et qu’ils annoncent plus tard ce qu’ils auront décidé sans même que les élus municipaux soient consultés. « La fonctionnaire a dit que ça relevait du bureau du premier ministre et c’est pour cela que nous nous adressons à lui à présent», a indiqué le préfet.

«Plusieurs recommandations du BAPE touchent directement notre quotidien, notre expertise et le développement de notre région. Nous demandons au gouvernement d’ouvrir la porte à la collaboration avec les parties prenantes du milieu afin que nous puissions trouver collectivement, et de façon concertée, des solutions aux différents enjeux qui touchent la gestion de l’amiante et des résidus amiantés.» – Paul Vachon

Les 19 municipalités de la MRC ont adopté une résolution en ce sens. Un appui a aussi été obtenu de la part de Tring-Jonction, des MRC Robert-Cliche et des Sources, ainsi que de la ville de Val-des-Sources. «Tout le monde trouve ça normal que lorsqu’il est question de notre région, nous soyons au moins interpellés. Il me semble qu’il aurait pu être délicat de la part du gouvernement de nous offrir un siège dans ces comités. Nous ne sommes pas là pour faire de l’obstruction, mais simplement pour leur dire ce qui fonctionne ou ne fonctionne pas et leur présenter nos suggestions. Nous ne sommes pas là pour travailler contre le gouvernement, mais avec lui», a ajouté M. Vachon.

Jusqu’à maintenant, les seules informations que la région ait pu obtenir proviennent de la députée de Lotbinière-Frontenac, Isabelle Lecours.

Des conséquences financières

Selon les acteurs régionaux, chaque mois supplémentaire représente une pression financière additionnelle pour certaines municipalités et des pertes sur le plan de la valorisation économique de plusieurs régions du Québec.

«L’absence de leadership dans ce dossier devient intenable : dix mois après la publication du rapport, les élus de la région sont complètement dans le brouillard quant aux éventuelles orientations gouvernementales, alors que cette incertitude fait exploser le coût des travaux de génie civil, en plus de mettre en péril des opportunités de développement économique pour le Québec tout entier», a mentionné le maire de Thetford Mines, Marc-Alexandre Brousseau, par voie de communiqué.

Les élus municipaux sont catégoriques : ils doivent faire partie de la solution. « Une démarche ouverte et transparente du ministère de l’Environnement et de la Lutte contre les changements climatiques, et de toutes les parties prenantes gouvernementales, ainsi qu’une dynamique de collaboration et de concertation permettra de créer d’importants leviers économiques, de favoriser l’efficience de la gestion municipale, et ce, tout en assurant la saine valorisation des résidus miniers et le développement du Québec », ont-ils soutenu dans un communiqué publié mardi matin.