Fermeture de la résidence Les Jardins St-Alphonse

Le conseil d’administration de la résidence privée pour aînés Les Jardins St-Alphonse, située sur la rue Notre-Dame Ouest à Thetford Mines, a annoncé le 6 juin dernier la fermeture de l’établissement. La pénurie et le problème de rétention de la main-d’œuvre ainsi qu’un manque de ressources financières sont à l’origine de cette décision qui a été reçue comme un choc par des résidents et leurs proches.

« La principale raison est vraiment le manque flagrant de personnel. Celui que nous avons est épuisé après avoir passé au travers de deux années de COVID. Du côté du recrutement, il n’y a tout simplement pas de main-d’œuvre. Ce fut difficile, nous embauchions des gens sans expérience qui devaient suivre des cours en même temps », a expliqué le président du conseil d’administration (CA), Alain Tardif.

Plusieurs unités étaient également libres depuis un bon moment, ce qui n’aidait pas du côté financier. « Tout cela mis ensemble a fait en sorte que nous avons décidé de fermer. C’est avec regret et le cœur gros, mais nous n’avions pas le choix. Ce qui nous tracassait le plus était de reloger nos gens. Finalement, ça s’est bien passé et ce fut un grand soulagement. Nous avons eu beaucoup d’aide des intervenants du Centre intégré de santé et de services sociaux de Chaudière-Appalaches (CISSS-CA) », a souligné M. Tardif en précisant que si tout va bien, les résidents devraient tous avoir quitté leur logement d’ici le 1er juillet.

Selon lui, cela aurait été compliqué financièrement de continuer au-delà de cette date étant donné que l’établissement aurait eu de moins en moins de revenus. Il a toutefois assuré qu’un moyen aurait été trouvé si cela avait été nécessaire. Pour ce qui est de ceux ayant quitté leur habitation avant la fin de leur bail, le président a affirmé que le CA a l’intention de procéder à un remboursement.

Bien qu’il ait été demandé aux résidents ainsi qu’à leurs proches de trouver un autre logement le plus rapidement possible, M. Tardif insiste sur le fait que personne n’a été poussé ni forcé de déménager immédiatement. Il est aussi conscient que l’annonce du 6 juin a pu choquer. « C’est certain que c’était difficile. Tu ne peux pas rendre 100 % des gens heureux. J’aurais été bien surpris qu’il n’y ait pas de critiques. »

SOUS LE CHOC

Le Courrier Frontenac s’est entretenu avec des proches de quelques résidents au sujet de la fermeture. Le sentiment général est que l’annonce a été faite de manière soudaine sans qu’ils aient pu poser de questions. « Ce fut tellement triste cette soirée-là, tout le monde était sous le choc. Certains ont des problèmes d’audition et ils n’ont pas réagi tout de suite, alors que d’autres se sont mis à pleurer », a raconté une proche aidante qui voulait que l’on taise son nom.

Cette dernière se demande aussi pourquoi avoir attendu avant de les informer alors que la situation était compliquée depuis déjà un bon moment.

Pour sa part, France Cayer, dont la mère réside actuellement aux Jardins St-Alphonse, n’a toujours pas été en mesure de lui trouver une place. Elle a donc décidé de laisser son emploi et de devenir aidante naturelle afin de s’occuper d’elle à temps plein pour le moment. Mme Cayer déplore notamment le fait qu’elle n’ait pas été mise au courant le 4 juin lorsqu’elle a visité sa mère.

« On m’a appelée le 6 juin pour me dire qu’il y avait une réunion le soir, mais en raison de mon travail c’était impossible pour moi d’y être. On m’a invitée à appeler le lendemain. J’étais pas mal choquée qu’ils n’en aient pas parlé avant qu’ils avaient des difficultés financières. Nous aurions peut-être pu mieux nous organiser alors que là il a fallu faire vite. »

SOUTIEN AUX RÉSIDENTS

Au CISSS-CA, la relationniste Mireille Gaudreau a mentionné qu’un soutien était offert aux résidents qui n’ont pas déjà de l’accompagnement d’un intervenant. Lors de l’annonce, une pochette d’information comprenant notamment l’avis de fermeture, la liste des résidences sur le territoire de Thetford Mines ainsi que le numéro de téléphone pour obtenir de l’aide d’un intervenant du CISSS-CA a été remise à chacun.

Une rencontre avait aussi eu lieu le 31 mai entre différents partenaires impliqués. « Le CISSS-CA a tenu à mentionner l’importance de bien planifier la fermeture afin que les résidents puissent avoir un délai raisonnable et pour qu’il puisse procéder à leur relocalisation. En ce sens, la direction du soutien à l’autonomie des personnes âgées (DPSAPA) a d’ailleurs offert son appui par la contribution de ressources humaines au conseil d’administration », a indiqué Mme Gaudreau par courriel.

Elle a ajouté que le CISSS-CA prévoit garder un contact régulier avec la résidence afin de coordonner les actions à mettre en place.

L’AVENIR DES JARDINS ST-ALPHONSE

La gestion du bâtiment de la rue Notre-Dame où se trouve l’organisme sans but lucratif (OSBL) Les Jardins St-Alphonse sera transférée par la Société d’habitation du Québec (SHQ) à l’Office d’habitation des Appalaches (OMHA). « L’objectif est d’accueillir des travailleurs à faible revenu provenant de l’extérieur de la région et qui n’ont besoin que d’une chambre pour la semaine. Nous verrons aussi avec la communauté et les entreprises les besoins qu’il y a dans le secteur », a soutenu le directeur général de l’OMHA, Mathieu Fontaine.

Le bâtiment comprend 34 logements, dont 25 studios et neuf 3½. Ceux-ci devraient subir des transformations mineures afin qu’ils soient plus appropriés à leur nouvelle utilisation. La salle à manger et la cuisine seront également modifiées en cuisine communautaire que les locataires pourront utiliser pour préparer leurs repas.

Le nom et l’OSBL Les Jardins St-Alphonse continueront d’exister et un nouveau conseil d’administration sera formé. Il s’agit en bref d’un changement de vocation pour le bâtiment qui conservera néanmoins son volet social communautaire. « Les offices d’habitation sont au service de la SHQ pour gérer ce type de bâtisse, a expliqué M. Fontaine. Le gouvernement nous transfère ces actifs immobiliers, car le but n’est pas de les vendre au privé. Nous sommes là pour conserver ces bâtiments qui ont été subventionnés pour du logement social communautaire afin qu’ils gardent ce créneau. »