La fin d’une époque

Après avoir passé les 29 dernières années dans le domaine de la location et de la vente de films, la Thetfordoise Kathleen Landry et son associé ont décidé de fermer boutique. Leur entreprise DiverCité Superclub vidéo, située sur la rue Pie-XI, cessera ses activités le samedi 17 février.

«J’ai commencé dans le domaine en mars 1989. Le magasin s’appelait à l’époque Cosmos Club vidéo. Il se trouvait sur la rue Notre-Dame en face du Sergent Peppers Pub», s’est d’abord rappelée Mme Landry.

Quelques années plus tard, ils ont fait l’acquisition de la bâtisse actuelle. «C’était un ancien cinéma ici et il y avait un petit club vidéo tout juste à côté. Nous l’avons opéré peut-être un an pour ensuite le fermer et l’agrandir afin d’occuper l’espace vacant. Nous voulions à ce moment avoir une franchise parce que le domaine de la vidéo était très fort et augmentait tout le temps. Nous avons alors fermé le commerce au centre-ville, puis ouvert le nouveau sous la bannière du Superclub Vidéotron en 1993.»

Les belles années

Les quinze ans qui ont suivi auront été très profitables aux dires de Mme Landry. «C’était les plus belles années parce nous avions des copies et des copies. Nous avions à ce moment entre 12 et 15 employés. Il y avait toujours quatre caisses d’ouvertes et une personne pour s’occuper des retours».

Lorsque des superproductions faisaient leur entrée, comme «Titanic» en 1997, c’était carrément la folie. «Les clients attendaient les retours. Nous n’avions même pas le temps de mettre le film sur la tablette que les gens passaient par-dessus nos épaules pour le prendre. Des fois, ils patientaient une heure dans le magasin pour obtenir une copie», a raconté Mme Landry.

La gérante du club vidéo des cinq dernières années, Patricia Dion, et la copropriétaire Kathleen Landry (Photo Courrier Frontenac – Jean-Hugo Savard)

Cette période restera sans aucun doute gravée dans sa mémoire. «Ç’a été des années extraordinaires. Quand tu es jeune, dynamique, que tu as la passion et que ton commerce va bien, tu ne peux pas demander mieux. Ça roulait. C’était le fun. Le magasin était toujours plein.»

Le début de la fin

La venue d’importants compétiteurs comme la vidéo sur demande offerte par les câblodistributeurs et les visionnements en ligne, sans oublier la vente de films dans plusieurs grandes surfaces, a forcé les propriétaires du Superclub Vidéotron de Thetford Mines à délaisser cette franchise puisque les revenus n’étaient plus suffisamment au rendez-vous.

L’entreprise a tout de même continué d’opérer sous le nom de DiverCité Superclub vidéo. «Nous sentions le déclin depuis un bon cinq ans. Nous avons diminué notre personnel parce que nous n’avions pas le choix. Nous avons ensuite commencé à réduire les heures d’ouverture parce qu’un moment donné, ça ne devenait plus rentable. Tu peux maintenant louer un film assis confortablement chez toi. Tu n’as plus besoin de te déplacer. Je comprends et respecte les gens qui se tournent vers le Web. Nous sommes rendus là. La technologie est partout. Nous savions que c’était pour nous affecter», a exprimé Mme Landry.

«C’est une retraite bien méritée, même si ça me fait un pincement au cœur» – Kathleen Landry

La femme d’affaires ne peut que constater peu à peu la disparition des clubs vidéo. «Si j’avais eu un gros loyer à payer, je peux vous dire que ça ferait longtemps que le club serait fermé. D’après moi, ceux qui restent vont peut-être diminuer leur inventaire. Ce qui aide les Superclub Vidéotron, par exemple, c’est qu’ils ont d’autres revenus comme des boutiques offrant la téléphonie et la câblodistribution. Je ne pouvais pas avoir cela à Thetford Mines.»

Enfin, DiverCité Superclub vidéo entamera sa grande vente de fermeture à compter du lundi 19 février. Les 4200 pieds carrés seront par la suite disponibles pour la location.

NDLR : Précisons qu’il est toujours possible de louer des films en format DVD dans certains dépanneurs de la région.