La filière bovine de plus en plus fragilisée

Les agriculteurs de Chaudière-Appalaches déplorent le manque de vision dont fait preuve le ministre de l’Agriculture, Pierre Paradis, par rapport à la filière bovine.

Selon le président de la Fédération de l’UPA de la Chaudière-Appalaches, Paul Doyon, la production bovine continue de s’écrouler au Québec. «On produisait, il n’y a pas si longtemps, plus de 200 000 bouvillons par année et nous en produisons pour moins de 100 000 aujourd’hui. Le gouvernement n’émet aucun signal pour encourager la production de bœuf québécois.»

Pour sa part, Sylvain Bourque, président des Producteurs de bovins de la Chaudière-Appalaches-Sud, trouve la situation déplorable si l’on compare aux provinces voisines. «Après une décennie de crise, rien ne s’est fait pour relancer la production. Pourtant, l’Ontario et le Nouveau-Brunswick ont eu droit à des plans de relance. Pendant ce temps, au Québec, notre programme de sécurité du revenu n’est toujours pas efficace, saccagé afin de boucler le budget du gouvernement», a-t-il mentionné.

Au cours des dernières années, de nombreux agriculteurs québécois ont abandonné la production bovine et plus de 90 % de la production vivante est exportée pour ensuite revenir ici transformée. «Où est la place pour l’achat local, le bien-être animal et l’environnement dans la vision du ministre Paradis? Quasiment la totalité des abattoirs ont fermé leurs portes et le gouvernement n’est jamais intervenu pour aider à les maintenir ouverts ou pour valoriser la production bovine», a dit le président de la Fédération de l’UPA de la Chaudière-Appalaches.

 

 

 

Loin d’être riche

Le propriétaire de la Ferme G.M. Turgeon de Disraeli, Marc Turgeon, fait partie de ceux qui doivent consacrer énormément de temps dans leur entreprise pour peu de bénéfices. «Nous ne nous mettons pas riches avec le bœuf. J’ai été élevé ici et je fais partie de la relève. Pour réussir à vivre, j’ai un garage de mécanique et je fais du déneigement l’hiver. Ça parait beau, mais la machinerie est tellement rendue dispendieuse qu’il faut travailler à l’extérieur pour se la payer», a-t-il confié.

D’après M. Turgeon, l’avenir de l’agriculture au Québec est loin d’être assuré. «Si le gouvernement n’est pas capable de réaliser cela, dans quelques années, il n’y en aura plus parce que pour la relève, c’est bien beau avoir la passion, mais un moment donné il faut pouvoir en vivre aussi.»

La Fédération de l’UPA de la Chaudière-Appalaches regroupe et représente les 9175 producteurs agricoles propriétaires des 5750 fermes situées dans les dix MRC du territoire.