Les sœurs Turgeon souhaitent sensibiliser

APPALACHES. Deux sœurs de la région, Anne et Lise Turgeon, se sont donné une mission : faire connaître le test de dépistage génétique du cancer héréditaire du sein et de l’ovaire, une option trop peu connue parmi la population et la communauté des médecins selon elles.

«Notre but est vraiment que tout le monde soit au courant. Nous sommes en quelque sorte les Angelina Jolie du Québec», rigole Anne Turgeon. Il y a deux ans, cette dernière a appris à la télévision que l’actrice d’Hollywood avait subi une ablation des seins en raison d’un gène héréditaire du cancer.

Sachant que cette maladie était aussi répandue dans sa famille, Anne s’est empressée de s’informer sur le sujet et en a parlé à son médecin. «Il m’a confirmé que le test de dépistage existait, mais sans plus, je voyais qu’il n’était pas très au courant. Après avoir encore entendu parler de ce test l’année passée, j’ai appelé Lise et je lui ai dit qu’il fallait faire quelque chose», explique-t-elle.

Il faut dire que la mère des deux femmes est décédée à la fin des années 1990, à 50 ans, d’un cancer du sein, et que deux de ses sœurs ont aussi été atteintes par la maladie. «En entendant les statistiques, soit jusqu’à 85 % de chances de développer un cancer en ayant le gène, nous nous sommes dit que c’était urgent d’agir», ajoute Lise Turgeon.

Afin d’être admissible au test de dépistage, une personne doit d’abord avoir plusieurs cas de ce type de maladie dans sa famille. «La première étape, c’est d’en parler à son médecin. Ensuite, il te réfère à un généticien qui lui va faire ton historique familial et va décider si tu es admissible à un test gratuit. Il est aussi possible de le passer monnayant une somme d’argent si l’historique n’est pas concluant», affirme Anne Turgeon.

Une décision importante

Après avoir passé le test de dépistage en mars 2014, Anne et Lise ont appris qu’elles étaient porteuses du gène BRCA 1 (abréviation de «breast cancer»), elles n’ont pas hésité, l’ablation des ovaires et des seins était la seule option pour elles.

«Quand tu sais que tu es atteint du gène, il y a des options qui s’ouvrent à toi, soit de te faire enlever les ovaires et les seins ou passer souvent des examens. Nous avons pris la décision de nous faire tout enlever. Passer autant de tests, et ce, chaque année, je ne crois pas que ce soit bon, surtout avec les radiations. Nous sommes encore jeunes et avons eu nos enfants, donc nous n’avons rien à perdre», raconte Anne. Selon Lise, le doute reste aussi toujours là avec 65 à 85 % des chances d’avoir le cancer.

«Ce n’est pas tout le monde qui réagit de la même manière. Nous sommes quand même chanceuses de bien le prendre. C’est sûr que c’est plate apprendre que tu as ce gène, mais il y a une solution qui existe. Quand on y pense, notre mère serait peut-être encore en vie si ce test avait existé avant qu’elle apprenne qu’elle avait le cancer», souligne Anne Turgeon.

Après s’être fait enlever les ovaires, les sœurs Turgeon devraient être en mesure de subir l’ablation des seins à l’automne. Selon elles, le processus est quand même long, mais nécessaire. «Comme disait l’oncologue, ce n’est pas une décision que tu prends à la légère. Ça change quand même une vie. Ça peut être long parce qu’ils veulent vraiment que tu prennes ton temps pour que ta décision soit réfléchie. Ce n’est pas évident pour tout le monde et tous ne choisissent pas comme nous, c’est certain», précise Anne.

«Ça ne me dérange pas de perdre mes ovaires et mes seins. Je vois ça du côté positif parce que je vivrai bien et en santé. Je n’aurai pas à me casser la tête avec les possibilités que j’aie le cancer. C’est plus de la prévention qu’une perte», renchérit Lise.

Séance d’information

S’étant donné comme objectif de faire connaître ce test à la population, les deux sœurs tiennent à aviser les gens qu’une séance d’information sera donnée à ce sujet par une intervenante et une coordonnatrice du Centre ROSE, un centre de ressources en oncogénétique pour le soutien et l’éducation des familles à risque de cancer du sein situé à Québec. Cette séance aura lieu le mardi 21 avril à 19 h à la Coopérative multiservices de Sacré-Cœur-de-Marie.

L’inscription est obligatoire au 418-682-7511, poste 4621ou au centre-rose@crchudequebec.ulaval.ca.

Des risques élevés

Les gènes BRCA1 et BRCA2 sont des gènes de susceptibilité au cancer du sein et de l’ovaire. Lorsque des mutations génétiques (changement dans les chromosomes de ces gènes) sont présentes, il y a une réplication anormale des cellules et une tendance à développer des cancers du sein ou de l’ovaire. Dans la population générale, il y a approximativement une personne sur 1000 qui possède des mutations de ces gènes.

Chez ces femmes porteuses de mutations de ces gènes, le risque de développer un cancer du sein avant l’âge de 70 ans est de 65 % à 85 %. Le risque de développer un cancer dans l’autre sein est augmenté par rapport aux femmes non porteuses de mutations. Pour ce qui est du cancer de l’ovaire, le risque est de 25 % à 60 % pour les femmes avec des mutations dans le gène BRCA1 et de 15 % à 25 % pour les femmes avec des mutations dans le gène BRCA2.

Qu’est-ce qu’un dépistage génétique?

Un dépistage génétique consiste en la recherche de mutations génétiques à partir d’une analyse des gènes. Une mutation génétique est une modification dans le matériel génétique (ADN) de la cellule qui fait en sorte que la cellule ne fonctionne plus normalement. Dans le cas du cancer du sein, deux gènes (BRCA1 et BRCA2) ont été associés à une augmentation du risque de développer un cancer du sein. Le dépistage génétique consiste donc à rechercher des mutations dans ces gènes par une prise de sang.

(Source: www.centredesmaladiesdusein.ca)