Un moment pour se souvenir…

La Journée internationale de commémoration des travailleuses et des travailleurs morts ou blessés au travail a été soulignée le vendredi 27 avril.

L’événement organisé par le Comité d’aide aux travailleurs et travailleuses accidentés de la région des Appalaches (CATTARA) avait lieu devant la «roche commémorative» à l’intersection des rues Notre-Dame et Saint-Alphonse à Thetford Mines. Pour l’occasion, plusieurs intervenants politiques et de syndicats ont pris la parole après qu’une minute de silence ait été observée pour les personnes disparues.

«Ce n’est pas seulement une journée pour rendre hommage aux personnes qui sont mortes ou qui ont été blessées à la suite d’une tragédie en milieu de travail, mais c’est aussi un jour pour renouveler l’engagement à améliorer la santé et la sécurité en milieu de travail et à prévenir les blessures, les maladies et les décès», a mentionné Nancy Laliberté, directrice du CATTARA.

Jean Larose, ex-président syndical à la mine Lac d’Amiante et membre du conseil d’administration du CATTARA est venu souligner à quel point la fermeture des mines avait été un drame pour tous les travailleurs et leurs familles. «Des gens défilaient dans mon bureau et ils pleuraient comme des enfants. Il y en a d’autres qui croyaient que ça repartirait, mais c’était terminé. Nous avons même eu des familles qui se sont brisées et des personnes qui se sont enlevé la vie. Ce n’était pas facile», a-t-il témoigné.

Yves Poulin, ex-président du syndicat des travailleurs de la mine Bell est venu parler des décès qui avaient eu lieu dans les mines en raison des mauvaises conditions de santé et de sécurité de l’implication des travailleurs pour améliorer les choses.

Un peu plus d’une vingtaine de personnes se sont réunies devant la «roche commémorative» à l’intersection des rues Notre-Dame et Saint-Alphonse à Thetford Mines. (Photo Courrier Frontenac – Claudia Fortier)

Pascal Loignon du syndicat des Métallos a aussi pris la parole. «Un décès au travail, c’est un décès de trop. Personne ne devrait décéder en faisant son métier. C’était vrai dans le passé, c’est encore plus vrai aujourd’hui et ce sera toujours vrai. C’est faisable d’améliorer la situation des travailleurs en étant plus vigilants, préventifs, en dénonçant les possibles risques et en étant à l’écoute les uns envers les autres», a-t-il notamment affirmé.

De son côté, François Gamache du Centre d’archives de la région de Thetford a voulu rendre hommage à toutes les personnes qui ont travaillé dans des conditions à risques élevés, particulièrement dans les mines d’amiante. «Ce sont eux, en grande partie, qui ont contribué au développement de la région, par leur travail, mais également dans leur lutte pour l’amélioration des conditions des ouvriers de tous les secteurs d’activité».

Par la suite, le maire de Thetford Mines, Marc-Alexandre Brousseau, a remercié les gens qui ont travaillé pour améliorer les choses. «Nous en sommes très fiers de ce qui s’est passé chez nous», a-t-il dit.

Émilie Marcoux-Mathieu, attachée politique du député de Lotbinière-Frontenac Laurent Lessard, est venue livrer un touchant témoignage au sujet de son père, accidenté grave du travail. «Je me souvenais toujours de mon père qui partait à 6 h du matin travailler avec son sac à clous qui pesait 30 livres et comment beau temps mauvais temps il aimait son travail. Il aimait tellement ce qu’il faisait et je me suis toujours promis de faire la même chose que lui, aimer ce que je fais avec passion et dévouement.»

Jessica Poiré, attachée politique du député de Mégantic-L’Érable Luc Berthold, a également rendu hommage aux personnes blessées ou décédées au travail. Francis Jacob du syndicat de l’enseignement de l’Amiante a quant à lui abordé le sujet de la détresse psychologique qui est aussi une forme de danger de plus en plus présente dans le monde du travail.

Enfin, le préfet de la MRC des Appalaches, Paul Vachon, a conclu les allocutions. «L’insouciance et l’indifférence, plus jamais. Ce qu’on veut c’est un travail honnête qui rapporte à la société avec des conditions qui vont permettre de faire avancer les choses. Ça ne veut pas dire qu’il n’y en aura jamais d’accident, c’est la définition même d’un accident. Le risque zéro n’existe pas. Ce qu’il faut faire c’est travailler pour diminuer cela et changer notre monde. Je dis chapeau à ceux qui ont fait progresser la société.»

Encore du travail à faire

En 2016 au Québec, 90 414 lésions professionnelles ont été répertoriées, ce qui représente une augmentation de 3 % du nombre de lésions par rapport à l’année précédente. Au total, 8 235 personnes ont subi une maladie professionnelle et 82 179 personnes ont été victimes d’un accident du travail, ce qui correspond à 225 accidents par jour.

Par ailleurs, on déplore une hausse de 21 décès par rapport à 2015. Sur un total de 217 décès, 137 sont survenus des suites d’une maladie professionnelle et 80 lors d’un accident du travail. Notons que ces statistiques indiquent uniquement les accidents déclarés et acceptés par la Commission des normes, de l’équité, de la santé et de la sécurité du travail.