Pénurie d’enseignants suppléants dans les écoles

La Commission scolaire des Appalaches (CSA) est aux prises, depuis le début de l’hiver, avec une pénurie d’enseignants suppléants au primaire et au secondaire. La situation est à ce point problématique que la direction n’accepte plus les demandes de congé sans traitement.

«La pénurie d’enseignants suppléants, c’est quelque chose qui existe au Québec depuis déjà plusieurs années. Nous étions chanceux parce que nous avions suffisamment de monde sur les listes, ce qui faisait en sorte que nous réussissions à combler les besoins», a mentionné le président du Syndicat de l’enseignement de l’amiante, Francis Jacob.

Selon lui, la baisse du nombre d’étudiants dans les facultés d’enseignement, ainsi que l’embauche de 1500 nouveaux professeurs, professionnels et éducateurs spécialisés annoncé l’an dernier par le ministre de l’Éducation, Sébastien Proulx, expliquent entre autres la situation actuelle. «Il a réussi à rendre de l’argent disponible dans les commissions scolaires, mais puisque ç’a mal été préparé, les gens qui ont été engagés pour ces mesures ne sont plus disponibles pour faire de la suppléance», a-t-il ajouté.

Actuellement, plusieurs enseignants en situation précaire occupent des tâches de travail à 40, 50 ou 60 %. «Il y aurait de la place pour faire de la suppléance, mais ils sont pris dans des écoles avec de petits contrats. Ils ne sont pas disponibles pour faire du remplacement dans d’autres établissements. Tout le monde travaille, mais plusieurs n’ont pas de belles tâches, et nous manquons de personnel», a déploré M. Jacob.

Ce dernier a expliqué que l’argent que la CSA reçoit du ministère de l’Éducation pour l’embauche des enseignants est distribué aux écoles qui gèrent elles-mêmes les sommes obtenues. Cette façon de faire serait nuisible aux dires du président du syndicat.

Francis Jacob, président du Syndicat de l’enseignement de l’amiante (Courrier Frontenac – Jean-Hugo Savard)

«Si une école a besoin d’une personne à 20 % de tâches, elle va l’engager. Si les montants étaient gérés par la commission scolaire, elle pourrait agir autrement. À titre d’exemple, advenant que trois établissements aient chacun besoin de trois personnes à 30 %, la CSA pourrait alors décider d’embaucher une seule personne à 90 % au lieu de trois. En offrant de belles tâches comme ça à tout le monde, à la fin il resterait des gens pour faire de la suppléance», a-t-il souligné.

Or, la situation actuelle est devenue tellement problématique que la commission scolaire a récemment fait parvenir aux enseignants une note de service leur indiquant qu’aucune demande de congé sans traitement ne sera acceptée d’ici la fin de l’année en cours. «La raison, c’est la pénurie d’enseignants. Ce n’est pas parce que la commission scolaire ne voulait plus le faire. Elle a trop de difficultés à trouver des personnes pour remplacer celles qui partent. Il faut qu’elle essaie de faire du recrutement. C’est sur cela que le syndicat pousse. Le problème que nous avons cette année, nous l’aurons l’an prochain. Il ne faut pas se le cacher. Nous aurons encore une augmentation de clientèle. Nous avons aussi des retraites à venir», a dit Francis Jacob.

Ce dernier ne s’en prend toutefois pas à la commission scolaire qui ferait des efforts pour trouver des solutions. «Ils nous disent qu’ils font du recrutement et qu’ils sont allés voir dans les universités. Les commissions scolaires sont même rendues à se chamailler les étudiants qui sont en quatrième année d’études. Elles paient leur stage pour qu’ils viennent travailler chez eux. La CSA dit que ça fait partie des solutions qu’elle est en train d’envisager. Il va falloir qu’elle se batte avec les autres. C’est l’organisation qui sera la plus attrayante qui attirera les futurs enseignants.»

La Commission scolaire des Appalaches compte actuellement près de 540 enseignants, dont environ 350 permanents réguliers.

«Avec de meilleures tâches et de belles conditions de travail, tu as de grosses chances d’attirer davantage d’enseignants» – Francis Jacob

En mode solution

Le directeur général de la CSA, Jean Roberge, a confié que son organisation est à l’œuvre afin de régler cette problématique. «Nous voulons faciliter la conciliation travail-famille avec nos employés, mais le but premier d’une commission scolaire et des écoles est d’offrir des services éducatifs de qualité et nous travaillons dans ce sens-là. Nous sommes à l’an un. Nous réfléchissons, nous nous questionnons et nous allons trouver des solutions pour améliorer la gestion des mesures dédiées pour la prochaine année scolaire.»

Il a affirmé que plusieurs démarches ont déjà été entreprises. «Nous avons fait de l’affichage, nous tentons d’exploiter les médias sociaux et nous contactons les différentes maisons d’enseignement, ainsi que des retraités. Nous sommes dans une période où les gens n’ont pas encore terminé leurs études. C’est généralement vers la fin avril. Nous travaillons depuis quelques semaines afin de tenter de convaincre certains enseignants, du personnel de soutien ou des professionnels à joindre les rangs de notre commission scolaire.»

À son avis, plusieurs facteurs peuvent expliquer la pénurie actuelle. «Il y a les congés parentaux et de maladie, ainsi que les retraites progressives. Il y a également les mesures implantées cette année qui nous ont permis de procéder à l’embauche de 12 ressources à temps plein. Il y a quand même des choses positives dans cela», a-t-il dit.

M. Roberge a précisé que des procédures doivent être respectées lorsqu’il est question d’embauche. «C’est toujours fait en collaboration avec le service des ressources humaines de notre commission scolaire. Je comprends l’intervention de M. Jacob si c’était la commission scolaire qui gérait toutes les sommes. Par contre, il y a des montants d’argent qui sont dédiés pour des besoins particuliers. C’est difficile d’uniformiser l’ensemble des demandes. Les directions ont consulté leur personnel pour établir les besoins qui devaient être comblés et cela a été fait en appui avec les conseils d’établissement.»