Relocalisation du CLSC : on efface et on recommence… encore

Un peu moins de dix ans après les premières démarches visant à évaluer les besoins au Centre local de services communautaires (CLSC) Frontenac de Thetford Mines et à la suite de trois processus d’appels d’offres pour sa relocalisation, voilà que le projet est de nouveau mis sur pause. Le Centre intégré de santé et de services sociaux de Chaudière-Appalaches (CISSS-CA) a confirmé au Courrier Frontenac qu’il doit revoir le dossier dans son ensemble après avoir été contraint de le retirer au promoteur choisi.

En mai 2022, le CISSS-CA avait retenu la proposition soumise par une entreprise à numéro représentée par Me Ghislain Dionne. Celle-ci prévoyait la construction d’un bâtiment de quatre étages qui aurait été annexé à l’édifice situé au 257, rue Notre-Dame Ouest où est abrité, entre autres, le cabinet d’avocats Paradis Dionne & Associés. Les investissements se chiffraient à plus de 10 millions $ et les travaux devaient se mettre en branle l’automne dernier.

Or, ce projet est complètement tombé à l’eau pour des raisons financières. « Le promoteur n’a pas été capable de nous remettre tous les documents requis. Nous n’avons jamais reçu son cautionnement puisque la compagnie d’assurance n’a pas embarqué. Nous avons dû lui retirer », a mentionné Bernard Tremblay, directeur des services techniques au CISSS-CA.

Son équipe est à revoir complètement la stratégie dans ce dossier. « Nous faisons des démarches auprès du ministère de la Santé et des Services sociaux pour voir sous quel angle nous pouvons l’aborder. En ce qui a trait aux appels d’offres, nous avons mis cela sur la glace parce que ça fait trois fois que nous y allons, puis le milieu et le marché ne sont pas prêts. »

M. Tremblay a l’impression que la situation économique est très fragile. « On dirait que les gens n’ont pas les reins assez solides pour des chantiers comme celui-ci. Nous tenterons une autre avenue pour être en mesure d’aller de l’avant. Actuellement, nous sommes en mode location. Est-ce que l’on peut faire les choses autrement? Présentement au Québec, les fonds ne sont pas très disponibles pour des projets immobiliers. Nous essayons de voir à l’interne si nous sommes capables de débloquer des montants. Nous faisons un pas en arrière pour nous repositionner. Toutefois, nous avons déjà des documents pour demander des autorisations au ministère. »

D’ici là, le CISSS-CA tente d’obtenir un prolongement du bail actuel qui doit prendre fin à l’automne. « Nous regardons pour deux années supplémentaires afin de nous donner le temps de réadresser le dossier. Ça s’enligne bien. J’ai été dix ans à Thetford Mines, puis ça fait 20 ans que je veux réaliser ce projet. Je vais le faire avant de prendre ma retraite d’ici quelques années », a soutenu M. Tremblay.

Déception à la Ville

Questionnés à ce sujet, la directrice générale de la Ville de Thetford Mines, Marie-Eve Mercier, et le maire suppléant, Michel Verreault, n’ont pas caché leur déception. « C’est un projet qui nous tient à cœur et qui doit avancer. Nous pensions que c’était réglé. Sincèrement, je crois qu’il va finir par voir le jour parce que c’était une demande du milieu et une volonté du gouvernement », a déclaré Mme Mercier. 

Pour Michel Verreault, le futur CLSC doit être implanté dans le secteur qui avait été proposé par l’ancien promoteur. « Nous allons une fois de plus souhaiter qu’il soit localisé au centre-ville puisque nous voulons le développer davantage. Toutefois, nous en avons encore pour minimalement deux ans d’attente. C’est de l’incertitude. Nous n’avons pas vraiment de nouvelles ou de résultats concrets dans ce dossier. Pour une Ville, c’est décevant. »

Réaction d’Isabelle Lecours

Appelée à réagir, la députée de Lotbinière-Frontenac, Isabelle Lecours, a affirmé avoir hâte que Thetford Mines ait son nouveau CLSC, tout en rappelant l’importance de respecter la capacité de payer des contribuables, d’avoir un service de proximité et d’améliorer les conditions de travail des employés. « Il faut que ce soit bien fait. Depuis mon arrivée en poste, deux appels d’offres ont échoué malheureusement. Nous tentons de trouver une solution. »

Elle estime que ce projet demeure pertinent malgré les embuches rencontrées depuis de nombreuses années. « Je peux vous dire qu’il va se réaliser, mais toutes les conditions doivent être remplies. Je suis ce dossier et si je dois d’intervenir, je vais le faire. Nous voulons que la relocalisation du CLSC aille de l’avant et nous évaluerons toutes les options possibles », a-t-elle conclu.