Victime d’agression sexuelle : France Cloutier veut briser le silence

L’auteure et conférencière originaire de Thetford Mines, France Cloutier, amorce une tournée de conférences à travers le Québec afin d’expliquer l’importance de briser le silence.

Elle abordera sa propre expérience, vécue il y a huit ans, alors qu’un collègue en qui elle avait confiance l’agressait et marquait sa vie à jamais. «Je suis intervenante de formation et j’ai travaillé dans différentes communautés autochtones dans le nord. Je me suis fait agresser par un collègue autochtone que je connaissais très bien et avec qui j’avais une bonne relation. Au début, je ne voulais pas porter plainte parce que j’avais peur qu’on ne me croie pas, j’avais honte», raconte France Cloutier.

Après qu’une amie l’ait convaincue de porter plainte quelques jours à la suite de son agression, elle s’est rendue à l’hôpital le plus près. «J’ai passé la trousse médico-légale. Malgré le professionnalisme de l’infirmière et du médecin sur place, j’ai eu l’impression d’être violée à nouveau. C’était nécessaire, mais très difficile à vivre.»

Dans son travail d’intervenante, Mme Cloutier enseignait souvent aux jeunes autochtones l’importance de dire la vérité. C’est en partie ce qui l’a conduite à agir. «Je leur apprenais que dans la vie il y a de bons et de mauvais secrets, que c’est important de briser le silence quand on est victime de violence. Je me disais que je ne serais plus capable de les regarder dans les yeux si je me taisais tout en leur disant de dire la vérité. Je me suis alors embarquée dans le tourbillon infernal du procès, ce qui a duré trois ans», se souvient-elle.

Même si son agresseur a été condamné, France Cloutier tente encore de se reconstruire aujourd’hui. Elle a eu le courage de parler, mais elle vit toujours des moments difficiles. «Cela fait huit ans que c’est arrivé, mais c’est comme si c’était hier. J’ai encore son parfum dans mon nez. Je ne crois pas en la guérison, mais je crois que c’est possible de survivre, de continuer d’avoir des rêves et de les réaliser.»

Démystifier les conséquences

Selon Mme Cloutier, la conférence s’adresse à tout le monde. «Il y a toujours quelqu’un qui sera touché de près ou de loin par une victime d’agression sexuelle. Elle va permettre de mieux comprendre la victime et ce qu’elle vit. Je veux donner de l’information pour que les gens soient mieux outillés lors de ces situations», explique-t-elle.

Elle veut aussi convaincre les victimes de briser le silence, même si c’est difficile. «Pour moi l’important c’est d’en parler à quelqu’un en qui nous avons confiance et connaître aussi les organismes disponibles pour avoir de l’aide. Lors de ma conférence, je donnerai des informations à ce sujet. En plus de faire comprendre aux gens les conséquences sur la vie de quelqu’un. Les maux psychologiques sont toujours plus difficiles à voir et à traiter pour l’entourage», soutient-elle.

France Cloutier a aussi écrit un livre, «Je suis normale d’où je viens», pour raconter son histoire. «Quand j’ai commencé, c’était ma façon de faire sortir ce que je vivais. Quand j’ai terminé, j’avais écrit au-dessus de 500 pages. C’est devenu un livre et je me suis rendu compte que ce que j’avais écrit, ça pouvait aider des gens.»

Dans le cadre de sa tournée de conférences à travers le Québec, plusieurs villes sont déjà ciblées, soit Drummondville, Québec, Trois-Rivières, Montréal, St-Georges-de-Beauce et Sept-Îles. À Thetford Mines, l’événement aura lieu le mercredi 3 février à 19 h au Cégep. L’entrée est gratuite.

«Ce qui m’est arrivé c’est horrible, mais je sais que je peux aider les autres en utilisant mon expérience», conclut-elle.