Bousculade aux Communes: Trudeau s’excuse encore
Justin Trudeau s’est excusé profusément, jeudi, au lendemain d’une bousculade au cours de laquelle il a involontairement bousculé une députée avant d’en agripper un autre par le bras.
Devant des députés encore un peu sonnés, le premier ministre a convenu lors de son intervention à la Chambre des communes qu’il avait manqué à son devoir de se «comporter de façon exemplaire».
«Les députés s’attendent à un meilleur comportement de la part de n’importe qui, dans cette chambre, et avec raison. Je m’attends à mieux de moi-même», a-t-il lâché dans ce discours qui n’était initialement pas prévu à son horaire de la journée.
Les travaux parlementaires avaient viré à la foire d’empoigne, la veille, lorsque le premier ministre a involontairement asséné un coup de coude à la poitrine de l’élue néo-démocrate Ruth Ellen Brosseau, puis empoigné le whip conservateur, Gord Brown, par le bras.
«Dans mon empressement, je n’ai pas fait attention aux gens autour de moi, et j’ai accidentellement bousculé la députée de Berthier—Maskinongé, et c’est quelque chose que je regrette profondément», s’est confessé M. Trudeau, jeudi.
Mais pour les partis de l’opposition, les excuses ne suffisaient pas.
À l’unanimité, jeudi, ils ont réclamé le retrait d’une motion déposée mercredi matin, qui aurait accordéun pouvoir accru au gouvernement — qui s’est fait reprocher de limiter le débat sur des projets de loi importants, dont celui sur l’aide médicale à mourir.
Les libéraux, qui avaient initialement ignoré la demande, ont finalement plié.
Le leader du gouvernement en chambre, Dominic LeBlanc, a annoncé jeudi lors de la période de questions qu’il retirerait la contestée motion 6.
«C’est un très bon départ», a répliqué la leader intérimaire du Parti conservateur, Rona Ambrose.
La prochaine étape, a-t-elle ajouté, est de laisser à un maximum de députés la chance de s’exprimer sur le projet de loi C-14 concernant l’aide médicale à mourir.
C’est dans le cadre du débat sur cette mesure législative qu’est survenu l’incident de mercredi soir, alors que les élus s’apprêtaient à voter sur une motion du gouvernement imposant une limite de temps, dans un climat très tendu.
Lorsqu’il a constaté que le whip conservateur semblait pris derrière un mur qu’avaient formé des députés dans le coin de la pièce où se trouvent les banquettes du Nouveau Parti démocratique (NPD), le premier ministre a traversé la chambre d’un pas énergique.
Cette décision était mauvaise, a convenu M. Trudeau. «Cette intervention était inappropriée. Ce n’est pas mon rôle, et cela n’aurait pas dû se produire», a-t-il tranché jeudi.
Du côté du NPD, le leader parlementaire Peter Julian a juré que ses collègues et lui n’avaient pas délibérément tenté de retarder le vote. Une source au parti a pourtant dit l’inverse à La Presse Canadienne, expliquant que cela avait été fait avec «espièglerie», et volontairement.
C’est aussi l’avis de la leader du Parti vert, Elizabeth May, dont la banquette est située derrière celles des néo-démocrates. «Je suis désolée, mais il y a eu tentative de retarder le vote. Il n’y a aucun doute là-dessus», a-t-elle dit mercredi, sans toutefois excuser le geste de M. Trudeau.
L’incident a provoqué la furie du chef néo-démocrate Thomas Mulcair, qui s’est retrouvé nez à nez avec le premier ministre. Des députés se sont interposés entre les deux hommes, vraisemblablement pour éviter un affrontement physique.
«Quel genre d’homme donne un coup de coude à une femme? C’est lamentable! Vous êtes lamentable!», a-t-il ragé, le visage empourpré.
L’incident devrait se retrouver à l’étude devant le comité permanent de la procédure et des affaires de la Chambre des communes, où Justin Trudeau pourrait être convoqué.
Le principal concerné a assuré qu’il était «pleinement préparé» à accepter la décision de ce puissant comité secret où siègent six libéraux, trois conservateurs et un néo-démocrate.