«Ça ne me tente pas de me ramasser en prison parce que j’ai favorisé du monde» – Marc-Alexandre Brousseau

L’octroi du contrat visant la refonte de l’identité visuelle de la Ville de Thetford Mines à une entreprise de l’extérieur a enflammé les médias sociaux en début de semaine, obligeant ainsi le maire Marc-Alexandre Brousseau à réagir.  

Plusieurs internautes, y compris des soumissionnaires et deux conseillers municipaux, disent avoir de la difficulté à comprendre le résultat du processus d’appel d’offres. Ils se demandent aussi comment la Ville peut prôner l’achat local et du même coup donner un important contrat à une entreprise de l’extérieur, tandis que des firmes locales proposaient un prix plus bas et s’estimaient capables de faire le travail.

L’entreprise gagnante, Parallèle Communication-Design, dont les bureaux sont situés à Québec et Montréal, a soumissionné à 33 500 $, tandis que Les Prétentieux l’ont fait pour un prix de 3300 $, Numérique Technologies à 11 750 $ et Studio Late Night à 14 900 $. Pour la partie de l’identité visuelle, la Ville avait prévu un budget de 40 000 $.

En entrevue au Courrier Frontenac, le maire Brousseau a mentionné que la Ville se doit de respecter le résultat de l’appel d’offres. «Nous ne sommes pas plus contents que ça ne soit pas une entreprise locale qui ait obtenu le contrat. Il s’agissait d’un processus avec pondération, c’est-à-dire qu’il y avait une grille de pointage et nous sommes tenus en vertu de la Loi des cités et villes de retenir le soumissionnaire ayant obtenu la note la plus élevée.»

Selon le maire, ceux qui acceptent de jouer dans les appels d’offres se retrouvent en pleine page de journaux pour des histoires de collusion et de favoritisme. «Ce n’est pas vrai que nous allons embarquer dans ça. On ne peut pas nous reprocher de ne pas faire quelque chose que l’on reproche à d’autres. C’est ce qui nous dérange là-dedans et qui nous étonne. Pourquoi on nous demande d’intervenir et de manipuler les appels d’offres? On ne peut pas accepter le résultat juste quand ça fait notre affaire», a déclaré Marc-Alexandre Brousseau.

Grille de pointage

Le maire de Thetford Mines a expliqué que le prix soumis par les entreprises participantes à l’appel d’offres ne représentait que 35 % de la note. Dans le cas de Parallèle Communication-Design, qui a estimé les coûts à 33 500 $, elle n’a obtenu aucun point pour ce critère. «Lorsque ton prix est plus élevé que 100 % de la différence, ce qui était le cas cette fois-ci, l’entreprise obtient la note de zéro. L’entreprise doit très bien performer sur le reste pour quand même se classer première.»

La grille de notation comprenait également la qualité du français. À ce sujet, le maire Brousseau a tenu à faire une petite précision. «Cela ne représentait que 5 % du pointage. Plusieurs ont crié que ça n’avait pas de bon sens que l’on corrige les fautes. Quand nous cherchons une firme de communication, nous ne voulons pas nécessairement 40 fautes de français.»

Mandat mal compris?

Parmi les commentaires émis sur les médias sociaux, plusieurs font état de la grande différence de prix entre les soumissionnaires locaux et celui de l’extérieur.

Le maire Brousseau a indiqué que le mandat ne comprenait pas uniquement la création d’un logo. «Si des gens pensaient faire seulement cela, c’est peut-être pour cette raison qu’ils n’ont pas obtenu le contrat. Ce n’était pas un concours de dessins. Il y a aussi toute la réflexion par rapport à l’image de la Ville et à l’atteinte d’une communication à l’échelle nationale. Nous voulons une vision stratégique.»

Il a ajouté que ceux qui avaient des questionnements sur le mandat donné par la Ville pouvaient en faire part au responsable du processus. «Je n’ai pas vu les dossiers parce que nous n’avions pas le droit de les voir. Par contre, tout le monde a reçu les mêmes documents. On ne peut pas commencer à prendre quelqu’un par la main pour être certain qu’il ait une meilleure soumission parce que cela s’appelle de la collusion.»

Enfin, quant à la possibilité de lancer un appel d’offres réservé uniquement aux entreprises de la région, le maire Brousseau a dit que la décision revenait au comité responsable de ce dossier. «Je pense que nos entreprises sont assez bonnes pour soumissionner contre d’autres. Dix firmes ont été invitées à le faire, dont toutes celles de la région. Il y en a finalement quatre qui ont répondu. Nous appelons cela de la concurrence. Nos entreprises locales ont obtenu plusieurs contrats dans d’autres sphères.»

Contrat des bacs bruns

Le maire Marc-Alexandre Brousseau a également réagi aux critiques concernant l’octroi du contrat des bacs bruns pour la collecte des matières compostables. Les conseillers Jean-François Morissette et Marco Tanguay ont déploré la façon dont le processus d’appel d’offres de fourniture et de distribution a été effectué.

L’entreprise l’ayant remporté, Distribution Jean Blanchard inc. de Sherbrooke, était la seule conforme. Le manufacturier IPL de Saint-Damien n’aurait pas eu suffisamment de temps pour soumettre une proposition.

«Un conseiller a dit que nous aurions dû attendre parce que le deuxième soumissionnaire n’était pas prêt. Nous ne pouvions pas commencer à discuter avec lui. Nous lançons un appel d’offres quand nous sommes prêts. Nous ne pouvons pas changer les termes parce que c’est de la collusion. Nous sommes arrivés au final avec un prix plus bas que l’on pensait et à un moment où l’on obtient une subvention importante du gouvernement pour les acheter», a dit le maire Brousseau. 

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