Décontamination des sols : une nouvelle approche à l’essai à Thetford Mines
L’entreprise Englobe, qui se spécialise dans les domaines de l’environnement, de l’ingénierie ainsi que dans le traitement des sols et de la biomasse, procède depuis l’été dernier à un essai de démonstration de décontamination sur le terrain de l’ancienne mine BC située à Black Lake.
Ce projet, en cours jusqu’à l’automne 2024, nécessite des investissements estimés à 280 613 $, dont près de la moitié (126 740 $) est financée par le gouvernement du Québec dans le cadre du programme InnovEnSol.
Englobe utilise sur ses différents centres de traitement un procédé qu’elle a développée vers la fin des années 80, soit la biopile. « Cette technologie permet de mettre en place des conditions favorables au développement des micro-organismes déjà présents dans un sol contaminé afin qu’ils dégradent les contaminants en composés non toxiques pour l’environnement. À la fin du traitement, les sols ainsi traités sont valorisés selon la meilleure filière, en toute conformité avec les règlements du ministère de l’Environnement et de la Lutte contre les changements climatiques », a mentionné au Courrier Frontenac le directeur performance opérationnelle, Nicolas Moreau.
Si cet essai s’avère concluant, il offrira une nouvelle solution de traitement et de valorisation des sols contaminés qui, même à long terme, ne présentent généralement aucun potentiel de développement économique.
Il faut savoir que l’entreprise œuvre dans la région de Thetford depuis déjà plusieurs années puisqu’elle procède à la restauration des sites dégradés, telles les haldes minières. Une fois les objectifs de traitement atteints, les sols utilisés resteront d’ailleurs en place et joueront le rôle de substrat de croissance pour les végétaux destinés à la végétalisation du site.
Selon M. Moreau, l’approche proposée comporte un certain nombre d’éléments novateurs. « Le recours à la phytoremédiation pour le traitement des contaminants organiques dans les sols constitue en soi un élément nouveau, en ce sens que cette approche n’est utilisée que marginalement dans la province. D’autre part, la restauration simultanée des aires d’accumulation des résidus miniers représente aussi un élément d’innovation. »
Comparativement à une approche plus traditionnelle en centre de traitement, celle utilisée par l’entreprise éliminerait par le fait même l’étape de transport des sols traités vers d’autres lieux de valorisation. En ce qui concerne la consommation énergétique reliée au traitement, cette technologie verte ne requiert que très peu de manipulations d’après M. Moreau puisque les végétaux sont à l’origine de la stimulation des micro-organismes responsables de dégrader les contaminants d’intérêt. « Ainsi, moins d’énergie fossile sous forme de carburants est nécessaire, contribuant encore une fois à la réduction des gaz à effets de serre. Les besoins électriques sont également diminués comparativement aux technologies de traitement standards, ce qui a un impact direct sur les coûts. »
En contrepartie, celle-ci étant moins agressive augmentera inévitablement le temps requis pour l’atteinte des objectifs de réhabilitation, mais Englobe estime que les haldes de résidus miniers s’avèrent un endroit idéal pour ce type d’approche puisque leur future vocation ne commande pas une restauration rapide.
Enfin, afin d’obtenir davantage de succès, l’entreprise privilégiera l’utilisation de matières résiduelles fertilisantes dans le but de permettre une croissance optimale des végétaux, permettant ainsi de les détourner de l’enfouissement.
Notons que l’objectif à long terme est de pouvoir déployer cette approche sur d’autres sites miniers de la région. L’entreprise est d’avis que ces endroits, une fois végétalisés, peuvent offrir un nouveau milieu de vie où la biodiversité viendra reprendre ses droits.