Départ à la retraite du capitaine aux incendies à Saint-Ferdinand

Pendant 28 ans, Luc Girard a été une figure incontournable de la caserne 13 de Saint-Ferdinand. Il prend sa retraite d’une carrière qui aura été marquée par le dévouement et le service à la communauté.

Ce pompier volontaire a d’abord cumulé dix ans de services au sein du Service incendie de la Municipalité de Saint-Ferdinand. Il a ensuite servi pendant 18 autres années pour le compte du Service de sécurité incendie de la région de L’Érable (SSIRÉ) après la régionalisation des services incendie.

Diplômé en soins infirmiers du Cégep de Thetford, le natif de Black Lake a gradué durant les années de grandes coupures en santé avec le résultat qu’il n’a fait que passer dans ce métier, un an à peine à l’hôpital Saint-Julien et dans un foyer privé à Black Lake.

« C’est en travaillant à la station-service de mon beau-père dans le village de Saint-Ferdinand que l’ancien chef de la caserne, Constant Roberge, venu alors mettre de l’essence, m’a recruté comme pompier volontaire. Il m’a demandé si c’était quelque chose qui pouvait m’intéresser. Comme mon beau-père avait lui-même déjà été pompier volontaire, je savais déjà un peu comment ça fonctionnait. J’ai donc dit oui et le 6 mai 1995, le conseil municipal de Saint-Ferdinand officialisait mon embauche », de dire celui qui s’est également trouvé, par la suite, un emploi régulier au sein de l’entreprise Philippe Gosselin et Associés.

SES DÉBUTS

M. Girard se rappelle très bien ses débuts au service incendie. « Nous avions à cette époque une formation minimale de base offerte en caserne, mais on apprenait surtout en regardant les autres. Ma première intervention est survenue à l’automne 1995 pour un feu éclaté dans une maison unifamiliale située sur la route 165 en direction de Black Lake. Tout s’était heureusement bien passé. »

Il se souvient d’ailleurs que le service incendie ne disposait à ce moment que d’un vieux camion-citerne et d’un vieux camion autopompe de couleur jaune pour couvrir le territoire. « On travaillait même avec des manteaux longs et des bottes cuissardes longues. »

M. Girard souligne au passage que les pompiers avaient aussi organisé quelques collectes de fonds pour aider la Municipalité à faire l’acquisition d’un troisième véhicule d’urgence (un vieux camion à pain modifié) qui allait leur servir à transporter du matériel pour leurs interventions.

Après la régionalisation des services en 2005, M. Girard est devenu lieutenant (2008), chef de district (2017) et capitaine (2020). Il a lui-même remplacé celui (Constant Roberge) qui l’avait recruté en 1995.

« La régionalisation des services incendie a finalement été une bonne affaire pour la caserne de Saint-Ferdinand. On (les pompiers) était tous réticents au départ parce que cela venait bousculer nos habitudes sans oublier que la gestion du service allait se faire à partir de l’extérieur. Mais au bout du compte, il n’en résulte que du positif », affirme-t-il le plus honnêtement possible.

Le pompier nouvellement à la retraite croit sincèrement que le SSIRÉ est en voiture depuis cinq ans avec le leadership d’Éric Boucher à la direction. « Il a vraiment imprégné sa marque pour voir à l’uniformité du service et s’assurer de la mise à niveau des pompiers (formation). De plus, le SSIRÉ peut compter, depuis deux ans, sur l’expérience de Serge Carignan comme chef aux opérations pour compléter le travail d’Éric et pour structurer les différentes interventions. »

DES INTERVENTIONS GRAVÉES DANS SA MÉMOIRE

En plus d’avoir à éteindre de nombreux feux dans la municipalité, certaines interventions durant sa carrière resteront gravées dans sa mémoire. « Il y a eu cet écrasement d’hélicoptère de l’autre côté du lac William en 2011 où nous avons retrouvé la carcasse de l’appareil. Les quatre occupants (dont une jeune fille de huit ans) sont tous décédés. »

« Nous avons eu à intervenir sur les lieux de plusieurs accidents mortels sur la route 165 comme celui qui avait entraîné la mort d’un automobiliste dont la voiture s’était encastrée à l’arrière d’un camion stationné non loin du Restaurant Le Pouce », de poursuivre M. Girard.

« Nous avons aussi été appelés à nous rendre au lac Joseph en 2021 où nous n’avions pu que constater le décès d’un jeune homme de 18 ans, malgré nos recherches. Puis 363 jours plus tard, nous recevions le même genre d’appel d’urgence pour le lac Joseph, mais cette fois-là, nous avions réussi à faire une différence et à récupérer les trois jeunes chasseurs en difficulté sur le lac. Si nous avons été secoués par le premier événement, nous sommes bien fiers d’avoir contribué à sauver la vie des autres jeunes en 2022. Tout ça ressasse de vives émotions. »

« C’est dans ces moments-là qu’on constate que tous les efforts investis dans la formation, que ce soit pour combattre les incendies, nos pratiques de mises à l’eau ou nos manœuvres de recherche par exemple sont très importants. Quand on parle de vision et de rigueur pour un service incendie, on voit que ça donne des résultats sur le terrain. »

M. Girard dit qu’il va se rappeler aussi, de toute sa carrière, du tragique accident de VTT qui a coûté la vie à l’un des pompiers volontaires (Francis Fortier) de la caserne de Saint-Ferdinand. « C’est l’une de nos équipes d’intervention qui l’avait retrouvé. Nous avions tous été secoués par cet événement. »

Des feux éclatés, il y en a plusieurs dans des résidences, mais une explosion s’était produite à l’ancienne usine Saint-Ferdinand Fournitures qui fabriquait des traînes sauvages à l’époque. Là aussi, les pompiers avaient dû intervenir.

Avec son collègue pompier Kevin Tanguay, Luc Girard dit avoir participé au sauvetage d’une personne coincée au 3e étage d’un immeuble en flammes. « Je me souviens de la date. C’était en plein cœur de la nuit du 3 décembre 2009. Nous avions réussi à nous rendre à son logement et à l’extirper des lieux. L’homme est encore en vie aujourd’hui. C’est notre mission de sauver des vies, mais j’avoue que ce fut particulier comme feeling. »

Pour ceux qui envisagent de rejoindre le service incendie, Luc Girard souligne l’importance de la condition physique, du désir d’aider la population, de la disponibilité pour suivre les formations et de l’esprit d’équipe. « Dans le domaine de l’urgence, la confiance mutuelle est essentielle, car nous travaillons tous ensemble pour sauver des vies. »

POURQUOI LA RETRAITE?

Sa retraite comme pompier volontaire, il y pensait depuis quelque temps déjà d’autant plus qu’il est aujourd’hui directeur régional des ventes pour la compagnie Aéro-Feu et que son emploi l’amène à travailler à l’extérieur de la région. « J’ai moins de disponibilité à offrir. Comme gestionnaire de caserne, je ne peux pas demander à mes gars de faire ce que je ne peux faire moi-même alors que je dois souvent m’absenter pour des périodes de quelques semaines. »

C’est avec une certaine résignation qu’il laisse maintenant son fils, Mikaël, grandir là-dedans. « Mikaël est lui aussi pompier volontaire depuis sept ans à la caserne de Saint-Ferdinand. J’ai aimé travailler avec lui. Ce fut quand même particulier comme relation parce que je devais départager le cerveau du capitaine de celui de papa lorsque je gérais les interventions et que je devais prendre la décision de l’envoyer dans le feu de l’action, là où ça chauffe. »

La caserne de Saint-Ferdinand a beaucoup changé depuis son arrivée dans le service il y a 28 ans avec l’ajout de compétences en sauvetage nautique et en sauvetage sur glace sans oublier que le groupe de pompiers (ils sont une douzaine) est aussi devenu premiers répondants de niveau 2 depuis juin dernier.

Luc Girard quitte ses fonctions avec la satisfaction du devoir accompli, sachant que la population de Saint-Ferdinand est entre de bonnes mains en cas d’urgence. « La carrière de pompier est un métier à risque, mais la formation, la rigueur et le dévouement de toute l’équipe font toute la différence pour assurer la sécurité de la communauté », de conclure l’homme de 51 ans que les gens connaissent bien puisqu’il s’est aussi impliqué dans les Fêtes du lac William pendant une quinzaine d’années, dont huit à la présidence.