Depuis 30 ans, il est heureux et comblé de vivre sans consommer

Un homme qui a voulu mourir à cause de ses problèmes d’alcool et de drogue a cessé de consommer, il y a 30 ans, et a retrouvé son estime puis le goût de vivre.

Claude Boulay de Thetford Mines s’enfonçait dangereusement dans la consommation quand la mère de ses enfants lui a lancé des ultimatums. À l’époque, ce dépendant ne réagissait même plus aux menaces de se faire mettre à la porte du nid familial. «Quand tu ne t’aimes plus, il n’y a plus rien qui te dérange. Il y a juste la consommation qui est importante… J’étais écœuré de la vie», a raconté cet homme de 63 ans, le dimanche 24 novembre, devant quelque 250 personnes réunies pour le brunch annuel de l’Unité Domrémy de Plessisville.

Au fond du baril, M. Boulay a confié avoir tenté de mettre fin à ses jours. Il avait chargé sa carabine de cinq balles et s’apprêtait à tirer lorsque le plus jeune de ses enfants lui a demandé un verre de lait. «Après ma troisième tentative de suicide, j’ai commencé à penser que j’avais peut-être un problème d’alcool», a partagé ce père de famille, qui a finalement décidé d’arrêter de consommer.

M. Boulay est allé suivre une thérapie durant 30 jours. Il a rejoint les groupes de soutien des Alcooliques anonymes (A.A.) et des Narcotiques anonymes (N.A.). Il s’en est remis à sa défunte grand-mère, qu’il adorait, et croit que celle-ci l’a guidé. Cet alcoolique devenu sobre a également pris part à des fins de semaine de ressourcement pour approfondir sa spiritualité.

Nouvelle vie

Sa «tête de cochon», comme il dit, l’a aidé à avoir la détermination pour débuter cette nouvelle vie et persévérer. «Je suis vraiment heureux aujourd’hui», a témoigné celui qui est abstinent depuis 30 ans.

Ce Thetfordois est conscient d’avoir fait beaucoup de peine aux gens de son entourage durant sa période de consommation. Sa blonde, comme il l’appelle affectueusement, a mis plusieurs années à lui refaire confiance. Il est reconnaissant de vivre encore avec elle et de voir grandir ses petits-enfants, qui le remplissent d’amour véritable.

Il a aussi cessé de vivre que pour l’argent, en travaillant comme un forcené, comme c’était le cas dans le passé. «Aujourd’hui, mon plus grand plaisir est d’être capable de m’asseoir avec des jeunes et de leur dire qu’ils n’ont pas besoin d’aller aussi loin pour avoir de l’aide», a-t-il livré comme message d’espoir.

Ce sexagénaire a épaulé son fils cadet qui a éprouvé, comme lui, des problèmes d’alcool et de drogue. Résultat : son enfant soulignera sous peu ses six ans d’abstinence. «Je ne l’ai jamais abandonné!», a dit le père, rempli de gratitude.

En contrepartie, M. Boulay affirme avoir perdu huit amis, décédés à la suite de problèmes de dépendance. Il a vécu d’autres épreuves au cours des dernières années, sans jamais baisser les bras. «Je n’ai plus le goût de me suicider aujourd’hui», a-t-il déclaré.

Prévention

Ce témoignage visait à transmettre de l’espoir, alors que le thème annuel de l’Unité Domrémy de Plessisville est la prévention. «La vie met des pierres sur ton chemin, à toi de décider si tu en fais un mur ou un pont. (…) Nos choix au quotidien s’additionnent et finissent par donner un beau bonhomme comme Claude», a communiqué la directrice générale, Micheline Comtois.

Celle-ci, qui organisait ce brunch au Motel Le Phare de Plessisville, a rappelé que la prévention est un premier pas vers la solution, mais il devient un pas de géant pour toute la communauté. «Notre travail consiste à aider la personne à s’en sortir. En l’aidant, on aide des enfants à récupérer un père. On aide des parents à retrouver un fils. On aide toute une communauté à retrouver un travailleur», a transmis la DG de l’organisme.