East Broughton revoit ses taxes à la baisse

Confrontée à une forte opposition de citoyens dont les comptes de taxes ont augmenté de façon importante, la Municipalité d’East Broughton a décidé de revoir son budget et d’abaisser le taux foncier de 1,50 $ à 1,30 $ du 100 $ d’évaluation pour le secteur résidentiel desservi et à 1,08 $ pour les maisons non desservies.   

Pour le commercial, le taux a été diminué de 1,70 $ à 1,58 $, tandis que pour l’industriel, il est passé de 1,80 $ à 1,70 $.

Rappelons que dans son édition du 8 mars 2017, le Courrier Frontenac rapportait les événements d’une séance du conseil municipal houleuse où nombreux citoyens avaient fait connaître leur mécontentement. En effet, 40 % des comptes de taxes avaient connu une augmentation considérable, dont plusieurs au-delà des 1000 $. Les nouveaux rôles d’évaluation très variables d’une propriété à l’autre et la hausse du taux de taxation étaient venus créer cette forte croissance.

Appelé à régler cette situation, le conseil municipal avait promis de revenir avec une réponse à la séance suivante, soit celle du lundi 3 avril. Tous les citoyens recevront donc bientôt un crédit afin de corriger l’écart entre le nouveau et l’ancien compte.

Pour arriver à cette baisse, il est d’abord allé piger environ 80 000 $ dans les surplus accumulés. Questionné à savoir pourquoi cela était maintenant possible, le maire Kaven Mathieu a expliqué que plusieurs dossiers en suspens, dont celui de la mine devant les tribunaux, faisaient en sorte que les surplus n’étaient pas assez importants pour y aller d’une baisse de taxes. Par contre, un vérificateur externe est venu confirmer qu’un surplus allait se dégager de l’année financière 2016. «Cela nous donne une marge de manœuvre pour faire une diminution», a-t-il affirmé.

Ensuite, environ 140 000 $ pourront être dégagés du Service des loisirs et de la culture. «Ça faisait des années que nous travaillons sur cette question par rapport à Sacré-Cœur-de-Jésus. La décision qui a été prise c’est qu’actuellement cette Municipalité paye la surcharge de ses résidents pour les coûts d’inscription aux activités. Cependant, nous sommes d’avis que l’ensemble du coût doit être payé comme c’est le cas pour la bibliothèque et le service d’incendie. Nous demandons que Sacré-Cœur-de-Jésus paye 30 % pour l’ensemble du Service des loisirs et de la culture», a déclaré M. Mathieu.

Enfin, le conseil municipal souhaite poursuivre la recherche de gains financiers et d’efficacité dans les services municipaux. «Il y a des économies à aller faire là, mais nous ne pouvons pas les chiffrer actuellement.»

Quant à la demande de certains citoyens pour que les services soient tous payés à parts égales par la population, Kaven Mathieu a soutenu que la Municipalité allait se pencher là-dessus, mais qu’il n’était pas possible de le faire cette année en raison des écarts que cela aurait créés.

«Ça peut être possible, mais il faut vérifier. Le taux d’imposition est calculé selon le revenu au Québec, pourquoi ce sera différent au municipal? Nous l’avons analysé et si nous faisions cela, quelqu’un qui payait 1100 $ se ramassait avec une facture de 2000 $, sans compter la taxe foncière. Je ne suis pas sûr qu’un citoyen qui baissait serait content de ramasser l’augmentation de l’autre.»

Les citoyens appelés à revoir leurs priorités

Malgré la baisse du taux foncier, des citoyens ont affirmé lors de la séance du conseil qu’il était encore trop haut. «Est-ce que les gens ont trop de besoins? Le taux de taxes correspond à ce que coûtent les services municipaux. La seule manière de faire du chemin c’est en diminuant la masse salariale ou en coupant des services. Si les gens sont prêts à se départir de certains, ce sera à eux de prendre ces décisions», a souligné Kaven Mathieu.

Pour ce qui est du développement contesté par quelques-uns, le maire a soulevé l’incohérence dans ce discours. «D’un côté on dit qu’il faut stopper le développement et de l’autre les mêmes personnes disent qu’il n’y a pas assez de développement comparativement à d’autres endroits. Pourtant, a-t-on les moyens de cracher sur un secteur privé qui, depuis 2010, a investi 20,2 millions $ dans la municipalité? Est-ce qu’on a les moyens de refuser dix constructions en moyenne par année alors que nous n’en avions qu’une il y a huit ans? Je ne suis pas revenu à East Broughton à la fin de mes études pour voir ma municipalité mourir. J’ai ma vision, certains ne la partagent pas, alors que selon moi il y en a une majorité qui la partage», a-t-il mentionné.

Finalement, Kaven Mathieu ne sait pas encore s’il se présentera aux prochaines élections municipales prévues en novembre, mais selon lui ce sera l’occasion pour la population de choisir ce qu’elle veut pour l’avenir d’East Broughton. «Il est encore trop tôt pour dire si je me représente parce que six mois en politique c’est long. Je suis en réflexion. […] Effectivement, il y aura un référendum qui s’appelle une élection générale. Les gens auront le droit de choisir la vision qu’ils veulent.»

Des Broughtonnais encore insatisfaits

Rencontrés à la sortie de la séance du conseil, Pascal et Patrick Létourneau disaient trouver encore les comptes de taxes trop élevés.

«Nous demandons seulement que tout le monde paye pareil. Le taux de taxes est trop haut alors qu’ils fassent attention aux dépenses et qu’ils arrêtent d’ouvrir des rues. Qu’ils les réparent, il n’y a pas de problème avec ça, mais à un moment donné il y a des limites. Nous [les citoyens] sommes venus le mois dernier et nous leur avons fait un affront. Si nous n’en avions pas parlé, ils n’auraient rien fait. Pourquoi maintenant ont-ils été capables de baisser les taxes», s’est questionné Pascal.

De son côté, Patrick a affirmé que s’il avait su avant, il ne se serait pas construit à East Broughton. «Il y a des personnes que je connais qui ont un terrain ici et qui vont le mettre en vente et ne pas se construire. La Municipalité va perdre de la population, des jeunes surtout. Ils vont aller cinq minutes à côté et payer pas mal moins de taxes. Ça fait huit ans que le conseil municipal est là et il met encore la faute sur ceux qui étaient là il y a 20 ans.»

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