Il n’y a pas de sommet assez haut pour Audrey Lessard
En juillet dernier, la docteure en médecine podiatrique Audrey Lessard réalisait la montée du Kilimandjaro. Sourde de naissance, la jeune femme a réussi à surmonter les épreuves lors de ce périple afin de réaliser son but, atteindre le sommet.
C’est en janvier qu’Audrey parlait de sa prochaine aventure dans une entrevue accordée au COURRIER FRONTENAC. Sa motivation? Amasser de l’argent pour la fondation Mira. Par le fait même, elle pouvait également réaliser une épreuve que peu de personnes peuvent se vanter d’avoir surmontée, soit atteindre le sommet de la plus haute montagne d’Afrique.
C’est donc le 20 juillet 2014 que la podiatre a atteint le pied de la montagne avec onze autres personnes, cinq sherpas (guides) et 40 porteurs. Elle s’est vite rendu compte que la montée ne serait pas facile moralement et physiquement. « Je croyais que ce serait un beau moment pour prendre du recul et me vider la tête, mais ce n’était pas ça du tout! J’étais toujours en mode survie. Il fallait trouver comment faire, comment réagir pour me sentir mieux en raison des blessures, du froid et de l’altitude », a-t-elle raconté, par l’entremise de son interprète Josée Cyr.
Dès la première journée, les blessures ont fait leur apparition. « Il fallait apprendre à avancer très lentement, sauf que j’ai des troubles d’équilibre en raison de ma surdité. C’est comme le vélo, plus je vais vite, plus j’ai d’équilibre. Avancer trop lentement m’a amené des blessures. »
En perdant l’équilibre, elle a notamment touché une plante toxique et des cloches d’eau sont apparues. « Je ne sentais plus son bras pendant 24 h. Ça a été ma première inquiétude, je ne savais pas si je pouvais continuer. Ça brûlait vraiment beaucoup et la douleur, je dirais 8 sur une échelle de 10 », a poursuivi Audrey. Heureusement, les sherpas ont réussi à calmer la douleur à l’aide d’autres plantes et elle a pu continuer.
La deuxième journée, elle a subi une entorse à la cheville gauche et à la quatrième, une grippe est apparue et elle a senti la fièvre jusqu’à la fin du voyage. Le groupe marchait de sept à huit heures par jour. Parmi les moments marquants, elle se rappelle la vue sur le mont Méru, voisin du Kilimandjaro.
La dernière nuit
Selon Audrey Lessard, le moment le plus éprouvant de la montée est la dernière nuit avant d’atteindre le sommet. « On se réveille à 23 h et on commence la montée à minuit. Plus on monte, plus l’eau dans la gourde gèle. C’était très difficile en raison de la grippe et des blessures. Nous avions huit heures de marche pour arriver au sommet. »
Malgré l’adrénaline d’une fin de parcours, la podiatre a soutenu que c’est à ce moment que le voyage a été le plus éprouvant physiquement. « Les sherpas disaient qu’on le faisait la nuit pour voir le lever du soleil. La vraie raison, c’est pour ne pas voir ce qui nous attend parce que le challenge est très difficile. Dans le noir avec des lampes frontales, nous voyons seulement à cinq ou six pieds devant nous. Les sherpas nous disaient de ne pas regarder en haut, seulement devant nous ou nos pieds. Un moment donné, on a regardé en haut et on a vu de petites lumières. Nous pensions que c’était des lumières d’avion, mais c’était en fait les lumières frontales des équipes parties avant nous. Ça a été le moment le plus décourageant! »
Malgré les embuches, Audrey a finalement pu atteindre le sommet et profiter de la vue… pendant 20 minutes…! « Il faisait tellement froid. Au pied de la montagne, la température est de 25 degrés, mais en haut, il ne fait pas plus de -20. Aussi, plus je montais, plus je perdais l’appétit. Il fallait que je me force pour manger afin de gagner de l’énergie, mais c’était très difficile », a-t-elle avoué.
Après le Kilimandjaro, l’Everest!
« Quand je suis allé au pied de la montagne après la descente. Je me suis dit c’est fini! Je ne veux plus rien savoir de la montagne. Le lendemain, je voulais faire l’Everest », a confié celle qui réalisera donc une autre épreuve en octobre 2015 alors qu’elle partira pour essayer d’atteindre le sommet de l’Everest.
Elle prévoit déjà un meilleur entraînement cette fois-ci. Elle veut s’exercer à faire de la randonnée très lentement pour améliorer son équilibre parce que c’est ce qui lui manquait pour le Kilimandjaro. « J’ai toujours dit qu’avoir mon diplôme d’études podiatriques, c’était comme l’Everest. Je vais donc tomber dans la réalité avec ma métaphore! »
Enfin, en décembre prochain, elle partira aussi pour une mission humanitaire au Vietnam avec l’Association des podiatres sans frontières. Parions qu’elle n’a pas fini d’atteindre les sommets!