Il survit grâce à la vigilance de son fils handicapé
Un homme de Saint-Ferdinand peut aujourd’hui remercier le ciel, et, surtout son fils vivant avec un handicap intellectuel et physique, pour être toujours en vie alors que celui-ci a joué le rôle d’un véritable héros en réussissant à composer le 911 de son propre chef.
Les événements se sont produits le dimanche 9 juin dernier en matinée à la résidence familiale. Victime d’un malaise, Denis Langlois, 83 ans, demande alors à son fils Pierre, un homme de 57 ans lourdement handicapé dont il prend soin, d’appeler ses autres frères, Marc demeurant à Saint-Ferdinand et Sylvain habitant Victoriaville, afin de leur dire qu’il ne se sentait pas bien.
Après avoir vainement tenté de les rejoindre et en ayant pris soin de leur laisser quelques messages sur leur répondeur, Pierre prend l’initiative d’appeler le 911 après avoir entendu son père s’assommer la tête sur un meuble de la chambre et de l’avoir vu ensanglanté au sol. «J’ai ensuite prié ma mère en haut pour qu’elle aide mon père», a-t-il réussi à exprimer à l’auteur de ces lignes.
C’est finalement Marc qui arrive à la maison tout juste avant les ambulanciers. Il croyait bien que son père était mort en voyant le placard de sang dans la chambre et constatant qu’il ne bougeait plus et qu’il était tout trempé. Sylvain s’est lui aussi présenté au domicile familial après avoir fait le trajet en provenance de Victoriaville.
Il va sans dire que toute la famille est restée surprise du geste héroïque qu’a posé Pierre. «Nous savions tous qu’il avait une mémoire du tonnerre et qu’il était capable de mémoriser les numéros de téléphone et les dates d’anniversaire, mais nous n’étions pas au courant qu’il connaissait le 911», a expliqué le paternel, deux jours après sa sortie de l’Hôtel-Dieu d’Arthabaska, décoré de cinq points de suture au front et devant dorénavant vivre avec un pacemaker. «Nous soupçonnons qu’il a pu apprendre ce numéro, soit par la télévision, ou encore par la visite d’un pompier à la maison.»
«Ordinairement, c’est moi qui m’occupe de Pierre. Mais cette journée-là c’est lui qui a veillé sur son père», souligne Denis qui agit seul comme aidant naturel auprès de son fils handicapé depuis trois ans et demi. «C’est là qu’on constate que toutes les personnes sont importantes dans la vie et de la chance que j’ai eue de l’avoir à mes côtés. Sans lui, je n’aurais peut-être pas survécu. Je ne peux que lui dire merci», de souligner M. Langlois qui s’était également occupé de son épouse aux prises avec la maladie d’Alzheimer pendant quatre ans avant qu’elle ne soit placée en résidence tout juste quelques mois avant son décès. L’octogénaire a également pris le temps de remercier les ambulanciers, la police et les intervenants de l’hôpital qui l’ont pris sous leur aile.
Pierre Langlois est devenu handicapé alors qu’il n’était âgé que de 20 mois après avoir paralysé suite à un épisode de rougeole.
La famille Langlois est très connue à Saint-Ferdinand. Denis avait fondé avec son père et son frère les Carrières Langlois et démarré l’aéroport qui appartient aujourd’hui à Marc. Il y a deux ans à peine, Denis conduisait encore son avion. Considérant son âge et se demandant qui s’occuperait de Pierre s’il lui arrivait un malheur, il avait pris la décision, il y a deux ans de ne plus la conduire et de la mettre en vente.
Venu s’enquérir sur l’état de santé de M. Langlois et pour féliciter son fils, le maire de Saint-Ferdinand, Yves Charlebois, a laissé entendre que la Municipalité l’honorera pour ce geste héroïque.