Investissement dans l’éolien  : des réactions à Saint-Ferdinand

Chahuté par un groupe de citoyens qui s’oppose à tout nouveau projet d’implantation d’éoliennes sur le territoire de Saint-Ferdinand, le conseil municipal a, malgré tout, pris la décision unanime de déléguer sa compétence en matière de production d’électricité provenant d’une source d’énergie éolienne à la MRC de L’Érable.

L’atmosphère à la séance publique du mois d’août était d’ailleurs chargée « d’électricité » en raison de la présence d’un certain nombre de personnes venues expressément sur place pour demander aux élus d’exercer leur droit de retrait dans le projet d’investissement éolien inter-MRC dans les Appalaches et L’Érable.

Pour le maire de Saint-Ferdinand, Yves Charlebois, les municipalités retireront des bénéfices en adhérant à ce projet puisqu’elles seront partenaires à 50-50 avec le promoteur éolien. « C’est la moitié des profits qui reviendra aux municipalités participantes », a-t-il souligné.

Le maire ajoute que le conseil municipal ne laisse pas les citoyens en plan pour autant. « Nos résidents auront l’occasion de se prononcer lorsque viendra le temps d’investir de l’argent dans le projet lors du dépôt du règlement d’emprunt. Les personnes en désaccord pourront signer un registre qui, s’il compte le nombre de signatures requises, pourrait pousser le conseil à tenir un référendum ou à abandonner le projet. »

Quant aux personnes venues se faire entendre lors du conseil, M. Charlebois a signalé qu’il ne s’agissait que d’une minorité qui s’oppose, la même que lors du projet éolien de L’Érable. « Il va falloir qu’ils en reviennent. Ils ont déjà eu 28 jours d’audience à la Cour supérieure et 40 interrogatoires hors cour pour faire valoir leur point de vue mur à mur sans compter la Cour d’appel qui s’est penchée sur le dossier qui s’est rendu jusqu’à la Cour suprême. »

« Pour l’instant, il n’y a pas de projet éolien dans L’Érable parce que la centrale électrique de Plessisville n’est pas en mesure de traiter de nouveaux mégawatts », a aussi mentionné M. Charlebois.

« Le projet, qui sera fort probablement déposé à la mi-septembre dans le cadre de l’appel d’offres d’Hydro-Québec, concerne le secteur de Saint-Pierre-de-Broughton. La centrale électrique des Appalaches pourrait recevoir jusqu’à 150 mégawatts de plus », a-t-il ajouté.

« PRÉSERVER CE QU’ILS NOUS RESTE »

Principal porte-parole de l’ancien Regroupement pour le développement durable des Appalaches (RDDA) et membre du comité des riverains du projet éolien de L’Érable, Claude Charron, lui-même un résident de la municipalité, n’a pas mâché ses mots à l’endroit du conseil municipal à l’issue de la séance publique. « C’est une journée triste maintenant pour Saint-Ferdinand avec cette décision que viennent de prendre les conseillers municipaux de ne pas se retirer du projet. Cela vient dire qu’ils cèdent tous les pouvoirs de notre Municipalité à la régie inter-MRC qui décidera maintenant si on construit ou non des éoliennes à Saint-Ferdinand. Peut-être pas cette année ni l’année prochaine, mais on verra dans quelques années. Quand ce sera saturé dans les Appalaches, notre tour viendra assez vite », croit-il. « Ils n’hésiteront pas à faire sauter le règlement de contrôle intérimaire qui limite à 50 le nombre d’éoliennes sur le territoire. »

M. Charron se questionne même à savoir si on ne se retrouve pas au seuil d’une nouvelle crise sociale à Saint-Ferdinand et dans la MRC de L’Érable. « Nous ne laisserons pas faire ça. Nous n’écartons pas l’option de réactiver notre charte du RDDA. Nous ce que nous voulons, c’est la quiétude et de préserver le paysage naturel de Saint-Ferdinand. Nous avions une chance de préserver ce qu’il nous reste et voilà que nous l’avons échappée. Pendant que les municipalités mettront de l’argent dans leurs coffres, ce sont les riverains de ces éoliennes qui vont se taper tous les impacts négatifs. »

M. Charron déplore en terminant que les élus n’aient pas daigné rencontrer le comité de riverains avant de prendre leur décision. « Nous n’avons plus aucune garantie. Nous en avons eu l’expérience lors du premier projet éolien de L’Érable de quelle façon avait agi la MRC. Elle pourra faire ce qu’elle veut. Nous avons l’impression de rejouer dans le même mauvais film où les riverains sont à nouveau les victimes. C’est une vraie honte », a conclu M. Charron.

Le comité des riverains du projet éolien de l’Érable regroupe une trentaine de sympathisants.