Le préfet de la MRC des Appalaches interpelle le ministre de la Santé
Le préfet de la MRC des Appalaches, Paul Vachon, a fait parvenir une lettre au ministre de la Santé, Gaétan Barrette, afin de lui partager les inquiétudes de la population entourant la fermeture temporaire de l’unité de psychiatrie de l’hôpital de Thetford Mines.
Il faut se rappeler qu’à la fin décembre les trois psychiatres de l’établissement de santé ont démission en bloc en raison notamment d’une charge de travail trop importante et le manque de personnel.
Voici le contenu de la lettre envoyée au ministre le mardi 9 janvier.
Monsieur le ministre,
Après plus de six mois de travaux majeurs nécessitant 1.3 M$, dont la moitié de cet argent provient de la Fondation de l’hôpital de la région de Thetford, avait lieu le 17 juin 2016 l’inauguration des nouveaux locaux de l’unité psychiatrique de l’hôpital de Thetford Mines. Ces travaux avaient pour but de créer un environnement moderne, sécuritaire et adapté aux besoins de la clientèle qui par la suite contribuera à un meilleur rétablissement. M. Michel Laroche, directeur du programme en santé mentale et dépendance du CISSS de Chaudière-Appalaches mentionnait à ce moment qu’il avait à cœur d’offrir un environnement qui influence la qualité des soins et la récupération.
Il est bon ici de rappeler qu’au cours de l’année qui a précédé ces travaux, ce sont 283 usagers qui ont fréquenté l’unité psychiatrique de l’hôpital pour 3514 jours présence avec une durée moyenne de séjour de huit jours. Nul doute que ce service est un service essentiel pour l’ensemble de la population de la MRC des Appalaches.
Le 22 décembre 2017 nous apprenions que l’unité psychiatrique devrait fermer pour une durée indéterminée à compter du 17 janvier faute de médecin spécialiste. Du côté du CISSS on tente de nous rassurer en parlant de fermeture temporaire et qu’une solution est envisageable mais du côté de l’association professionnelle, il est clairement exprimé que le départ des deux psychiatres de l’hôpital est lié directement à des problématiques d’organisation des services. Il est même mentionné dans le Journal de Québec du 22 décembre dernier qu’il y aurait plusieurs lacunes dans la culture et dans les connaissances du personnel de l’hôpital. En tant qu’élus vous comprendrez notre inquiétude et notre insatisfaction à lire de tels propos. Nous sommes élus pour représenter la région et une de nos priorités est justement de s’assurer de l’accessibilité aux services de proximité. La santé en fait partie.
Comment répondre aux citoyens, quand il nous est même impossible de savoir et de comprendre ce qui se passe? Votre gouvernement veut faire des régions, des gouvernements de proximité. Peut-être sera-t-il temps de définir ce terme qui à notre sens veut dire de la collaboration, du partenariat. Pour l’instant, ce terme ne semble plus rien dire à notre avis, puisque nous n’avons aucune collaboration de votre part, apprenant via les médias vos décisions. De surcroît vos décisions nuisent au dynamisme et à l’essor de notre région. Nous perdons petit à petit nos services qui sont redirigés, selon vos décisions, vers d’autres régions.
Ces pertes de services se comptabilisent également en pertes d’emplois bien rémunérés et même en pertes de citoyens qui préféreront déménager pour garder leur emploi. Depuis votre réorganisation dans le système de santé nous assistons à la dévitalisation de notre région. Des regroupements de service ont lieu mais jamais à notre avantage; nous attendons toujours quand nous serons gagnants dans cette équation.
Le passé a donné malheureusement raison, trop souvent, à notre méfiance concernant votre mode de gouvernance. Tout a débuté avec les transferts des postes de cadres qui ont été une énorme perte pour la région. Ensuite, il y a eu les tarifs de stationnement, où on nous avait mentionné revenir sur ledit règlement plus tard, on y a cru sans succès. Par la suite Optilab, le Québec tout entier a demandé un moratoire et nous connaissons la résultante. Dernièrement nous avons pris connaissance des nouveaux corridors établis dans le cadre de l’implantation de l’échelle québécoise de triage préhospitalier en traumatologie qui en d’autres mots a pour but de transférer immédiatement un blessé sur notre territoire vers l’hôpital de St-Georges dès qu’il y a lieu de suspecter de telles lésions.
Ce matin, nous avons été informés que la fermeture temporaire de l’unité psychiatrique est maintenue et que les usagers ayant besoin de soins et de services psychiatriques, seront déplacés vers les autres hôpitaux de la région. Encore une fois ce sont nos citoyens qui écopent et qui devront se déplacer. Par ricochet, on parle également de plusieurs déplacements pour les membres de la famille. On s’éloigne du service de proximité. Pourquoi ne pas faire déplacer des médecins de façon temporaire, en rotation au lieu de transférer les usagers? Nous sommes persuadés que d’autres solutions envisageables existent. Et c’est sans compter la vendetta que nous livre votre direction de la santé publique dans le dossier de l’amiante pour lequel le bon sens est complètement évacué.
En terminant, sachez que nous sommes disponibles à collaborer avec vous afin de trouver des solutions satisfaisantes pour la région, que nous sommes également disponibles à vous rencontrer. Sachez que nous avons à cœur de répondre aux besoins de nos citoyens et que la santé est un dossier sur lequel nous n’hésiterons pas à faire front commun sur la place publique afin non seulement que la région ne perde plus de services, mais qu’elle retrouve une équité par rapport aux services et aux emplois perdus.
Nous vous prions d’agréer, Monsieur le Ministre, l’expression de notre très haute considération.
Paul Vachon
Préfet MRC des Appalaches
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