Le travail des enfants : attention dit le CATTARA
Bien que cela ne soit pas un phénomène nouveau, le travail des enfants de moins de 14 ans a pris ces derniers temps des proportions inquiétantes selon le Comité d’appui aux travailleurs et travailleuses accidentés de la région des Appalaches (CATTARA).
« Il est évidemment trop tôt pour apporter des chiffres exacts, explique Mario Dufresne, agent de développement et intervenant au CATTARA, mais on a juste à aller jeter un œil dans les endroits de restauration rapide ou dans les magasins et épiceries pour constater que le personnel rajeunit de jour en jour. »
Or, ce qui préoccupe CATTARA, ce n’est pas nécessairement que de jeunes enfants travaillent durant l’été et même les fins de semaine, c’est surtout le fait qu’il n’existe que très peu d’encadrement qui répondent aux besoins particuliers de cette clientèle de travailleurs qui est parmi, sinon, la plus à risque d’accidents.
DES DONNÉES QUI EN DISENT LONG
Si l’on s’en tient qu’aux données concernant les accidents de travail impliquant des jeunes de moins de 16 ans, rapportés à la CNESST au cours de l’année 2021, on constate une augmentation de 36% par rapport à l’année précédente. Cela signifie que 203 enfants ont été blessés au travail comparativement à 149 en 2020. Il s’agit de jeunes qui ont eu le courage de déposer une réclamation ou une plainte à la CNESST. Pour ce nombre, combien de blessures n’ont pas été déclarées avec les conséquences que cela peut avoir?
« Enfin, ajoute l’agent de développement, comme le nombre de jeunes sur le marché du travail ne cesse d’augmenter, il serait surprenant que le nombre d’accidents ne suive pas la courbe. »
Ce qui inquiète CATTARA, outre le nombre d’accidents, c’est la banalisation que l’on semble faire du travail des enfants. « Ce qui étonne, à ce sujet, c’est que très peu de personnes s’inquiètent de l’impact que tout ça aura tant sur le rendement scolaire que sur l’équilibre physique et psychologique des enfants, poursuit Mario Dufresne. J’ai l’impression que l’on se dit que ce sont des impératifs économiques qui dictent la situation actuelle, donc on verra plus tard. Mais non c’est maintenant qu’il faut se pencher sur la question, car plus tard, ce sera peut-être trop tard. C’est peut-être l’avenir de nos enfants qui est en jeu. Il faut que les élus, notamment le ministre du Travail, mais aussi de la Santé et de l’Éducation analysent rapidement tous les tenants et aboutissants de ce phénomène-là et surtout, qu’ils aient à se positionner. »
PAS TOUT À FAIT CONTRE
Toutefois, le porte-parole de CATTARA insiste pour dire que l’organisme n’a pas pris parti pour ou contre ou le travail des enfants. « On dit simplement que vu l’ampleur que ça a pris au cours des dernières années, il est plus qu’urgent de trancher la question une bonne fois. »
Une enquête remontant au début de la pénurie de main-d’œuvre, en 2016-17, avait montré que la moitié des jeunes fréquentant l’école secondaire était également sur le marché du travail. « À CATTARA, poursuit Mario Dufresne, lorsque nous rencontrons les élèves de 5e Secondaire, on constate en posant la question, que c’est maintenant l’exception qui ne travaille pas en plus d’étudier, quand ce n’est pas la classe entière qui occupe un emploi. Parfois, au-delà de 30 heures semaine. »
PAS D’ÂGE MINIMUM
Contrairement à ce que l’on croit, au Québec, il n’y a pas d’âge minimum pour commencer à travailler, si ce n’est qu’en dessous de 14 ans il faut une autorisation signée par un parent. Le Québec est la seule province qui n’a pas légiféré à propos d’un âge minimum pour se retrouver sur le marché du travail.
Bien sûr, explique l’intervenant, il y a des restrictions quant aux heures à respecter par l’employeur et aux charges de travail, encore faut-il que le jeune refuse une tâche qui lui semble risquée ou au-dessus de ses forces, autrement tout est laissé au bon vouloir de l’employeur.
En conclusion, pour CATTARA, il s’agit d’un phénomène de société qui ne semble pas vouloir disparaître et qui entraînera des répercussions sur la génération qui pousse. « C’est donc un choix collectif qui s’impose. »