Les interventions en santé mentale sont en hausse
L’année hors de l’ordinaire que nous venons de vivre en 2020 aura été également particulière pour le Service de police de Thetford Mines. Son travail a été grandement impacté et modifié par la pandémie. En constante augmentation depuis quelques années, les interventions en santé mentale se sont intensifiées au cours de la dernière.
Les policiers ont dû intervenir à 315 reprises, ce qui représente une hausse de 17 % par rapport à 2019. La majorité de celles-ci (289) sont liées à un état mental perturbé. Seul le nombre de suicides ou de tentatives de suicide a diminué de trois par rapport à l’année précédente (29 en 2019 et 26 en 2020).
Selon le directeur du Service de police, Michel Dodier, le contexte pandémique est assurément en partie responsable de cette augmentation des interventions en santé mentale. « C’est certain que la situation n’a pas aidé. Nous avions les clients auprès desquels nous intervenions régulièrement, mais nous avons aussi vu de nouvelles personnes qui n’étaient peut-être pas affectées en temps normal. Ça nous a donc amené une autre vague de gens touchés par ces problématiques. Ce n’est pas près de diminuer puisque depuis le début de 2021, nous en sommes à plus d’un appel par jour en lien avec la santé mentale. Nous anticipons une autre hausse de 15 à 20 % à la fin de l’année. »
Par ailleurs, le nombre de dossiers criminels dans un contexte de violence conjugale est passé de 155 en 2018 et 158 en 2019, à 107 en 2020. « Je ne peux pas dire que nous avons connu une hausse, mais je ne crois pas que le phénomène ait diminué sur le territoire. Encore une fois, le contexte pandémique a peut-être eu un impact. Au début, tout le monde était isolé chez soi. Si tu n’as pas de contacts avec l’extérieur et que tu n’as pas la chance de parler à quelqu’un, c’est possible qu’il y ait moins de dénonciations. Je ne crois pas que ce soit une baisse dans les cas, mais plutôt dans les dossiers rapportés au Service de police. Il faudrait revenir à une année sans le contexte de confinement afin d’en faire un constat plus précis », a soutenu Michel Dodier.
La fraude en hausse
Les dossiers de fraude ont été nombreux en 2020, représentant une hausse de 39 % par rapport à 2019. La majorité de celles-ci se sont produites sur Internet. « Ce type de crime n’ira pas en diminuant, comme nous avons pu le voir dans le rapport sur la réalité policière. Cela évolue constamment. Ce sont des dossiers très difficiles à enquêter puisque la source peut provenir de partout dans le monde. Cela ne concerne pas notre niveau de services, donc nous les référons à la Sûreté du Québec. Même pour elle, c’est une tâche qui n’est pas facile. Ça ne l’est pour personne parce qu’à moins que ce soit une fraude de nature internationale, personne ne va prendre l’avion pour aller arrêter le suspect dans son pays d’origine », a indiqué le directeur.
Le mandat du Service de police de Thetford Mines en ce sens consiste principalement à faire de la prévention auprès de la population et des commerçants. « Par exemple, un individu entre en contact avec une personne âgée et lui fait croire qu’elle doit envoyer de l’argent pour son fils qui souffre du cancer et qui se trouve dans un autre pays. Il lui demande d’envoyer des cartes de type Google Play ou Neosurf de plusieurs milliers de dollars. C’est arrivé lors d’un événement où un policier qui n’était pas en service a pu éviter une fraude envers une dame qui était en train d’acheter pour 1000 $ de cartes dans un commerce. Nous sommes entrés en contact avec la chambre de commerce pour qu’elle avise les détaillants d’être vigilants face à cela et de le signaler à la police quand des personnes achètent des cartes de plusieurs centaines de dollars. Dans les derniers mois, nous avons pu éviter quelques situations semblables grâce à des signalements. »
Selon Michel Dodier, ce n’est toutefois qu’une partie des victimes qui porte plainte pour fraude et donc le Service de police n’est pas au courant de toutes celles se produisant sur le territoire. La honte d’avoir été pris dans un tel stratagème freine souvent les gens.
Plusieurs Thetfordois ont également été victimes de fraude avec la Prestation canadienne d’urgence (PCU). Beaucoup de dossiers de vol d’identité ont été ouverts.
Moins de crimes
L’année 2020 aura amené une forte diminution du nombre de crimes sur le territoire de Thetford Mines, soit un total de 1044, ce qui représente une baisse de 19 % par rapport à 2019. Cela se reflète principalement dans les nombres réduits d’introductions par effraction, de voies de fait, de menaces et d’harcèlement ainsi que dans celui des capacités affaiblies.
« Encore une fois, la pandémie a eu un impact sur ces volets. Cela a vraiment été une année très spéciale pour le Service de police », a souligné M. Dodier.
Les constats d’infraction en matière de sécurité routière ont connu une légère hausse, s’établissant à 5647. La diminution du nombre de crimes a notamment permis aux patrouilleurs d’être disponibles pour des opérations en sécurité routière, a indiqué le directeur. Il y a toutefois eu beaucoup moins de collisions avec blessés et de délits de fuite ainsi qu’aucun accident mortel.
Aucune statistique particulière n’a été comptabilisée en ce qui a trait aux interventions liées aux mesures sanitaires. « Au départ, nous n’imaginions pas que ça allait durer. C’est seulement en juin ou juillet que nous avons commencé à tenir compte de certaines d’entre elles dans nos cartes d’appel. Toutefois, ça évoluait tellement vite et nous devions souvent nous revirer rapidement afin de créer une structure selon les décrets que nous recevions. La plupart de ces interventions sont incluses dans le nombre de plaintes. Nous en aurions peut-être eu 4500 au lieu de près de 5300 si celles liées aux mesures sanitaires n’en faisaient pas partie. »
Enfin, avec le déconfinement, les policiers commencent à sentir de plus en plus un retour à la normale dans les types de crimes commis, notamment au niveau des introductions par effraction et des conduites avec les capacités affaiblies.
« La dernière année n’a pas été évidente. Nous avons souvent dû nous adapter aux changements, et ce, rapidement. Ce n’était pas le travail normal du policier. Appliquer la loi sur la santé publique et un couvre-feu, c’est du jamais vu au Québec. Il faut aussi gérer le déconfinement. On le sent que les gens veulent sortir et que cela va amener une énergie différente », a conclu Michel Dodier.
Il est possible de consulter le rapport annuel complet sur le site Web de la Ville au villethetford.ca, à la section Vivre à Thetford / Sécurité publique.