Les jeunes connaissent mal leur histoire locale
THETFORD. Il y a exactement 110 ans aujourd’hui, soit le 20 mai 1905, ce qui était connu sous le nom de Kingsville devenait Thetford Mines. Dans le but de commémorer ce fait, la Société de généalogie et d’histoire a récemment mesuré les connaissances en histoire locale de 128 élèves de cinquième année ; les résultats témoignent d’une nouvelle génération qui a perdu ses racines.
Constitué d’une dizaine de questions portant sur l’histoire économique, municipale et sportive, ce sondage a permis de constater qu’il y a peu de transmission de l’histoire locale d’une génération à l’autre. «Au total, nous avons eu 130 bonnes réponses parmi les 128 élèves ayant répondu au questionnaire, ce qui fait une moyenne d’une bonne réponse par élève. C’est certain que les questions pouvaient être compliquées pour des enfants de cinquième année, mais les réponses allaient tellement dans tous les sens qu’on se rend compte qu’il y a un manque», soutient Stéphan Garneau de la Société de généalogie et d’histoire.
Ce dernier a eu l’idée de ce questionnaire après s’être rendu compte que même ses filles de sept et neuf ans ne connaissaient pas beaucoup l’histoire locale. «Si moi qui ai étudié dans ce domaine, mes enfants n’ont pas ces connaissances de base, les autres parents ne doivent pas plus transmettre ces informations», précise-t-il.
Patrick Houde, historien archiviste à la Société de généalogie et d’histoire, a aussi collaboré à ce projet. Il a lui-même ciblé les classes de cinquième année de la ville de Thetford Mines, jugeant ce groupe d’âge un bon cobaye. «Ils sont nés après les fusions municipales et leurs parents n’ont pas travaillé dans les mines, alors c’était intéressant de voir ce qu’ils savaient. Plusieurs réponses ont été surprenantes, une jeune fille a même demandé qu’est-ce qu’était l’amiante!», souligne-t-il.
Pour Patrick Houde, transmettre cet héritage à la jeune génération est tout à fait capital. «On dit qu’on ne sait pas où on s’en va si on ne sait pas d’où l’on vient, c’est un principe historique. Si nous ne sommes pas capables d’avoir notre propre petite histoire locale et qu’on développe des projets comme KB3, basés sur l’aspect historique, comment les jeunes peuvent-ils s’y intéresser? C’est une question de fierté.»
Pas de place dans le programme
Selon Patrick Houde, les parents devraient s’occuper de transmettre ces connaissances plutôt que l’école. «Les établissements d’enseignement ont déjà un programme chargé. Les parents ont leur part de responsabilité dans cela. Aussi, ce questionnaire avait pour objectif ce que la Société de généalogie et d’histoire peut faire», explique-t-il en ajoutant qu’à l’automne, le même sondage sera remis à des élèves du secondaire.
Enseignant en histoire de quatrième secondaire à la Polyvalente de Thetford Mines, Gilbert Salmon indique qu’il n’y a pas vraiment de place dans le programme au secondaire afin d’intégrer l’histoire locale plus massivement. «Il y a déjà eu un cours en option, mais cela fait plusieurs années que l’histoire locale n’est plus enseignée. Néanmoins, je vais souvent faire des liens avec ce qui s’est passé dans la région, surtout quand il est question de l’histoire du Québec et du Canada. C’est toutefois impossible d’en faire plus», déplore-t-il.
Malgré tout, ce dernier organise des activités avec ses élèves dans le but de visiter des lieux et bâtiments patrimoniaux de la ville. «Les jeunes aiment quand je parle de leur ville, parce que c’est près d’eux et ils peuvent s’identifier à des choses qu’ils connaissent. Plus c’est collé à eux, plus ça les intéresse», raconte M. Salmon.
Cours offert au Cégep
Un cours sur l’histoire régionale est actuellement offert au Cégep de Thetford dans le département des sciences humaines. Pour l’enseignant Pascal Binet, il s’agit d’un bon moyen pour transmettre des connaissances qui sont en train de se perdre avec la nouvelle génération. «On dirait que depuis environ dix ans, les jeunes sont de moins en moins au courant de l’histoire régionale. Ce sujet n’est plus enseigné au secondaire et probablement que les parents ont de moins en moins cette valeur de transmission», affirme-t-il.
Selon lui, il est important que les jeunes s’y intéressent parce que ce sont eux les ambassadeurs de la région et qui vont plus tard continuer de la développer. «Comment peuvent-ils défendre leur ville et parler en bien d’elle s’ils ne la connaissent pas?»
Kingsville devient Thetford Mines
Kingsville adoptera le nom Thetford Mines le 20 mai 1905 et son statut de municipalité sera changé pour celui de ville. L’appellation avait été déjà choisie pour un bureau de poste ouvert en 1881. Elle réfère au canton de Thetford dont le nom évoque une ville du comté de Norfolk au nord-est de Londres, en Angleterre. Vers 1900, le nombre des mines ayant substantiellement augmenté, la majorité des gens et des propriétaires de mines ne voulaient plus privilégier que le nom de King; c’est alors qu’on adopta celui du canton de Thetford couramment utilisé d’ailleurs pour désigner les paroisses de Saint-Alphonse (de-Thetford) et de Saint-Maurice (-de-Thetford).
Source: www.toponymie.gouv.qc.ca
Histoire de la ville de Thetford Mines : questionnaire
1. Quelle paroisse de Thetford Mines a été déménagée pour permettre l’extraction de l’amiante?
2. En 1905, la Ville de Thetford Mines prend le nom qu’on lui connaît aujourd’hui. Comment s’appelait-elle avant cette date?
3. Quelle était la principale activité économique avant la découverte de l’amiante?
4. Pouvez-vous indiquer en quelle année a eu lieu l’une des deux grèves de l’amiante?
5. Encerclez le nom qui ne correspond pas à celui d’une ancienne mine: Bell, King, Adams, Beaver, British Canadian
6. Le maire actuel de Thetford Mines est Marc-Alexandre Brousseau, pouvez-vous nommer le nom d’un ancien maire de Thetford Mines?
7. Que faisaient comme travail les gobeuses?
8. La région de Thetford Mines a été l’hôte des Jeux du Québec à combien de reprises?
9. Encerclez le nom du journal qui n’a jamais existé à Thetford Mines: Le Mineur, Le Canadien, Le Mégantic, Le Télégraphe, Le Courrier Frontenac
10. Quel gardien de but thetfordois a porté les couleurs des Nordiques de Québec?
Réponses
- Saint-Maurice
- Kingsville
- Exploitation forestière
- 1949 et 1975
- Adams
- Les quatre derniers: Luc Berthold, Normand Laliberté, Laurent Lessard et Henri Therrien.
- Femmes qui séparaient la fibre d’amiante de la roche au moyen de marteaux
- 2 (1980 et 2003)
- Le Télégraphe
- Mario Gosselin