Luc Berthold témoigne à la commission Charbonneau
L’ex-maire de Thetford Mines, Luc Berthold, a témoigné ce matin à la commission Charbonneau en tant qu’ancien directeur de cabinet de l’ex-ministre déléguée aux Transports, Julie Boulet, de 2004 à 2006. Il a entre autres avoué que ceux qui finançaient le parti attendaient quelque chose en retour.
Les interrogatoires au sujet du financement du PLQ ont commencé ce matin avec M. Berthold. Il s’agissait de la première fois que le financement du parti était directement abordé à la commission d’enquête.
En plus d’avoir travaillé aux côtés de Mme Boulet, l’ex-maire a également été attaché de presse pour Nathalie Normandeau en 2003-04 et chef par intérim des communications du Parti libéral du Québec (PLQ) avant d’être élu à Thetford Mines en 2006. Après deux mandats à la tête de la ville, il ne s’est pas présenté aux élections municipales 2013. Il se décrit présentement comme « formateur en leadership ».
L’ancien directeur de cabinet a répété plus d’une fois que le financement du parti n’a pas été de son ressort, pas plus lorsqu’il était attaché de presse. Il a aussi ajouté en savoir très peu sur les méthodes de financement du PLQ.
Il a cependant avoué que selon lui, « tout est une question de relations. Ils (ceux qui financent le parti) veulent être vus avec le ministre, pour montrer qu’ils sont du bon bord », ajoutant également que le but était d’être vu avec un politicien afin qu’il se souvienne d’eux.
Sans vouloir affirmer que l’objectif était d’obtenir des contrats, M. Berthold a néanmoins admis qu’il y avait une motivation derrière le financement après s’être fait poser plusieurs questions à ce sujet par le procureur, Me Paul Crépeau. « Je ne me mets pas la tête dans le sable, les gens qui donnent de l’argent au parti, c’est pour obtenir quelque chose en retour. »
Le nom de l’entrepreneur Marc Bibeau, ex-grand argentier du PLQ et présentement dans la mire de l’UPAC, a aussi été amené par le procureur. Sans le connaître personnellement, M. Berthold voyait bien que ce dernier avait une véritable importance dans le parti.
« Il était aux réunions importantes de définition d’objectif de financement, a-t-il souligné. Il était dans le cercle supérieur du parti. » Selon lui, M. Bibeau était « haut », pratiquement au même titre que le directeur général du parti, du responsable du financement et des organisateurs en chef des campagnes.
Le comté le « mieux asphalté »
Le procureur a de plus abordé l’importance que donnait la ministre des Transports Julie Boulet à son propre comté. Il a demandé si la circonscription de la ministre en Mauricie était la « mieux asphaltée ». Luc Berthold a directement répondu que « si vous vous promenez à cet endroit, vous allez vous rendre compte que oui ».
M. Berthold a toutefois été élogieux envers son ancienne patronne, mentionnant que les dépassements de coûts dans les projets de construction l’horripilaient. Il l’a également qualifiée de « perfectionniste » qui voulait tout savoir ce qui se passait. « Elle s’impliquait dans tout. Elle prenait toutes les décisions », a-t-il déclaré.
En plus de parler du parti pris pour son propre comté, M. Berthold a aussi avoué que le député qui mettait le plus de pression sur Mme Boulet était souvent celui qui obtenait ce qu’il voulait. « Si un député avait plus de bagout, il avait plus de chance », a-t-il reconnu. « Si je comprends bien, c’est celui qui crie le plus fort qui réussit à avoir quelque chose », a aussitôt rétorqué France Charbonneau.
Quelques « cadeaux » pour lui
Son passage en tant qu’attaché de presse de l’ex-ministre du Tourisme Nathalie Normandeau a aussi été abordé lors de son témoignage. Il a été question des invitations à des spectacles ou événements que recevait la ministre. Luc Berthold a affirmé qu’il était normal que celle-ci se rende à plusieurs événements auxquels elle était invitée et qu’elle choisisse elle-même ceux qu’elle souhaitait voir. Il n’a cependant pas de souvenirs de cadeaux d’entreprises donnés à Mme Normandeau.
M. Berthold a par contre dit avoir lui-même déjà reçu des cadeaux, soit deux ou trois bouteilles de vin à un Noël et des billets de hockey de la part d’une firme de génie. Sur le coup, il n’avait toutefois pas pensé à leur impact et avoue qu’aujourd’hui, il voit plus clairement les raisons derrière ces gestes.