Observatoire national de l’amiante : concertation et développement d’un savoir-faire au cœur de sa mission

Annoncée l’été dernier par le gouvernement du Québec comme l’une des mesures phares du plan d’action 2022-2025 « Amiante et résidus miniers amiantés au Québec : vers la transformation d’un passif en un actif durable », l’implantation de l’Observatoire national de l’amiante (ONA) dans la région est commencée depuis déjà plusieurs semaines. C’est d’ailleurs le Cégep de Thetford qui a été désigné afin de le mettre en place.

« Pour nous, c’est une fierté de mener ce projet, a souligné son directeur général, Robert Rousseau. D’habitude, on retrouve ce type de structure dans les universités. Ce sera le premier observatoire en milieu collégial. Cela contribuera au développement de notre vocation de recherche, tout en étant complémentaire avec ce que nous faisons déjà. C’est une valeur ajoutée et un honneur de porter cette mission. »

Annie Rochette, ancienne directrice générale de COALIA, le centre collégial de transfert de technologie du Cégep de Thetford, a été nommée au même poste pour l’observatoire afin de mettre en place la programmation de recherche qui lui permettra d’atteindre les objectifs du plan d’action. Elle possède une expérience de plus de 20 ans en recherche collégiale et agissait à titre de directrice de COALIA depuis plus de 15 ans.

Le mandat de l’ONA sera avant tout d’éclairer et de fournir des recommandations aux décideurs par rapport aux meilleures décisions à prendre en ce qui a trait à l’amiante et à la gestion des résidus miniers amiantés. L’objectif est de développer un savoir-faire qui aidera le Québec à mieux encadrer les futures activités en ce sens. Le but est aussi de rechercher des solutions aux enjeux liés à la présence d’amiante ainsi que d’harmoniser les lois et règlements. 

Selon Annie Rochette, les travaux du Bureau d’audiences publiques sur l’environnement (BAPE) sur « L’état des lieux et la gestion de l’amiante et des résidus miniers amiantés » ayant eu lieu en 2019 et son rapport déposé en 2020 avaient clairement démontré la nécessité d’aller chercher des données scientifiques et probantes sur lesquelles appuyer les décisions. 

« Pendant le BAPE, tous se renvoyaient la balle à savoir sur quelles informations les différentes parties se basaient pour prendre des décisions. Les ministères et les agences ne se parlent pas. Il y en a qui font d’une manière et certains d’une autre. Le mandat de l’observatoire est aussi de faire en sorte que les chercheurs qui vont provenir de divers groupes travaillent ensemble afin de déterminer des indicateurs qui seront reconnus par tous », a soutenu la directrice.

TROIS AXES

Le gouvernement a précisé les trois axes que devra couvrir l’ONA : la détermination des meilleures pratiques de transformation et de manipulation des résidus miniers amiantés en milieu de travail et en milieu communautaire, la veille scientifique à propos de la caractérisation des haldes, la détermination de la qualité de l’air, de l’eau et des sols ainsi que l’évaluation des risques pour la santé et pour l’environnement, en plus de l’accompagnement de la transition économique des régions, anciennement productrices d’amiante, du nord et du sud du Québec, et ce, dans une volonté de bâtir une économie verte. 

Les projets de recherche qui seront menés visent à rassembler la connaissance qui a été avérée et vérifiée par des groupes indépendants. « Nous avons la mission de toucher à tout ce qui a rapport aux questions économiques et technologiques, mais aussi aux enjeux environnementaux et de santé publique. Il ne s’agit pas seulement de manipulation des résidus miniers dans le cadre de projets de revalorisation. Par exemple, il y a de l’amiante dans de nombreux bâtiments au centre-ville de Montréal. L’une des questions que nous devons nous poser est qu’est-ce que nous allons faire avec ça? Le travail de l’observatoire est d’alimenter les différentes entités du gouvernement pour les aider à prendre les meilleures décisions possible », a expliqué Robert Rousseau.

L’ONA sera situé dans les locaux de l’Espace entrepreneuriat région de Thetford (E2RT) qui ont pignon sur rue au centre-ville. Selon le directeur du Cégep, il était important de mettre une séparation entre les activités de recherche qui ont lieu à l’intérieur de l’établissement et les travaux qui seront effectués par l’observatoire. Cela permettra aussi à l’ONA de se retrouver au cœur de la communauté et de la ville. Il est de plus envisagé qu’un bureau soit ouvert à Val-des-Sources. 

STRUCTURE

La structure de l’ONA reposera sur deux éléments. Il y aura l’entité comme telle qui comprendra Mme Rochette ainsi que trois ou quatre professionnels de recherche et du personnel de soutien pour voir aux opérations. Il y aura également un comité de gouvernance formé de Robert Rousseau ainsi que de représentants du ministère de l’Économie, de l’Innovation et de l’Énergie, du ministère de l’Environnement et du Fonds de recherche Québec. Ceux-ci auront comme mission de s’assurer que l’observatoire travaille dans le sens du mandat qui lui a été confié, que son approche est intègre et que l’argent est utilisé à bon escient. 

Deux comités de consultation seront aussi formés, l’un rassemblant des gens des communautés ayant connu l’exploitation de l’amiante. Ils alimenteront l’ONA sur leurs enjeux, leurs priorités et leurs connaissances. « Nous sommes en train de regarder quelle taille, quel type et la composition que prendra ce comité. Nous ne voulons pas dédoubler ce qui a déjà été fait. Nous ne voulons pas non plus que ce soit un groupe de doléances. Nous voulons travailler ensemble afin de développer des solutions », a précisé Mme Rochette.

Cette dernière travaille par ailleurs à mettre en place un comité indépendant formé de scientifiques et d’experts dans les domaines de la santé, de l’économie, des technologies et de l’environnement. « C’est important d’avoir des gens de toutes sortes de disciplines et de milieux, qui auront entendu les enjeux du milieu et lu le rapport du BAPE, et qui seront au courant des orientations. »

Lorsque la programmation sera en place, les mandats entourant les travaux de recherche pourront être confiés. C’est le Fonds de recherche du Québec qui aura la tâche d’évaluer les projets et de les financer. Annie Rochette a bon espoir que les premières activités seront lancées à l’automne. « Il y a beaucoup d’attentes par rapport à l’observatoire. Il devra y avoir une priorisation des projets et mettre de l’avant ce qui est plus urgent. Il faut que ce soit à la satisfaction du milieu, mais aussi du gouvernement. »

Enfin, bien que le plan d’action ne couvre que les années 2022 à 2025, il est déjà prévu que l’ONA sera financé par le gouvernement du Québec pendant cinq ans, soit jusqu’en 2027. Il sera sous la responsabilité du ministère de l’Économie, de l’Innovation et de l’Énergie, en collaboration avec les ministères de la Santé et de l’Environnement.