Politique municipale : encore du chemin à faire pour atteindre la parité

Une recherche-action menée par le Réseau des groupes de femmes Chaudière-Appalaches (RGFCA) au cours de la dernière année démontre qu’encore aujourd’hui, les conseils municipaux de la région sont bien loin de la parité. Elle se classe d’ailleurs à l’avant-dernier rang au Québec quant à la présence des femmes en politique municipale avec seulement 15 % de mairesses et 30 % de conseillères.

Le RGFCA a dévoilé les résultats de cette étude le mercredi 17 mars lors d’une conférence de presse tenue via Zoom et en présence de nombreuses représentantes de groupes de femmes ainsi que d’élu(e)s provenant du monde municipal et du provincial. Cette démarche lancée dans le cadre du projet Ensemble vers la parité et l’égalité en Chaudière-Appalaches vise à augmenter les candidatures féminines aux élections municipales de novembre prochain.

Le Conseil du statut de la femme désigne la zone de parité entre 40 % et 60 % en matière de représentation. Or, dans la région, seulement 36 municipalités sur 136 s’y trouvent, alors que quatre autres se situent au-dessus de 60 % d’élues. Ainsi, 26,5 % des conseils municipaux se trouvent dans la zone de parité, comparativement à 34,7 % pour l’ensemble du Québec. De plus, les femmes ne représentaient que 26 % des personnes désirant briguer un poste en tant que mairesses ou conseillères lors des élections de 2017.

Dans la MRC des Appalaches, cinq conseils municipaux se situent dans la zone paritaire, alors que les 14 autres se trouvent sous le seuil des 40 %. Elle vient au cinquième rang à ce chapitre parmi les dix MRC. On y compte quatre mairesses sur les 19 municipalités.

Enfin, selon la recherche, les municipalités accordent une importance moyenne à l’atteinte de la parité. Près d’une sur quatre mentionne y porter une attention lors de la création de nouveaux comités de travail. Aucune n’a toutefois adopté de politique de parité entre les hommes et les femmes. Seulement 19 % d’entre elles témoignent d’efforts en ce sens malgré l’absence de politique ou de cadre officiel.

Une place à prendre

Selon la directrice générale du RGFCA, Karine Drolet, la Chaudière-Appalaches est encore loin d’atteindre la parité. « Il faut dire que la progression des femmes élues évolue au compte-goutte et semble même stagner dans les dernières années. On l’a vu avec la recherche, les femmes sont là, elles peuvent s’impliquer. Il faut seulement défaire les barrières structurelles qui les empêchent souvent de faire le saut », a-t-elle souligné.

Marie-Eve Proulx, ministre déléguée au Développement économique régional et ministre responsable de la région de Chaudière-Appalaches, a tenu à spécifier qu’il s’agit d’un sujet qui lui tient à cœur depuis plusieurs années, soit la place des femmes en politique. Avant de se présenter au provincial, elle a elle-même été conseillère et mairesse de la municipalité de Saint-Pierre-de-la-Rivière-du-Sud de 2005 à 2013. Elle remarque que le nombre de femmes en politique municipale n’a pas beaucoup évolué depuis ce temps.

« Il y a encore du travail à faire pour augmenter leur place. Plus elles seront présentes en politique, plus elles auront l’occasion d’influencer les institutions démocratiques et les rendre plus accueillantes et adaptées à la réalité de toute la population. C’est aussi cela l’objectif, soit d’avoir une représentativité tant des groupes d’âge que des sexes dans les conseils municipaux », a-t-elle affirmé.

Elle a également voulu lancer un message à celles qui aimeraient faire le saut et hésitent encore. « Il n’y a rien de plus valorisant que de pouvoir influencer concrètement son milieu de vie. J’ai une véritable passion pour le développement des régions. C’est à travers la politique que j’ai trouvé le moyen de pouvoir influencer les décisions et ainsi améliorer le sort de tous les citoyens. Quand on a une passion, que ce soit la famille, l’environnement, l’aspect social ou la santé mentale, la politique peut être un environnement intéressant pour le faire. Puis, au niveau municipal, il y a de grands défis à relever et les femmes peuvent avoir une influence considérable en ce sens. Mesdames, allez-y, on a besoin de vous, de vos idées et de vos talents. Le Québec de demain se doit d’être à votre image, à notre image, fort, influent et innovant. »

Le RGFCA a lancé une série d’activités à venir dans les prochains mois pour promouvoir les candidatures féminines, mais également afin de rendre le milieu de la politique municipale moins hostile aux femmes. Les détails de la recherche et les dates des activités offertes sont disponibles au www.femmesca.com.