Réinvestissements en éducation : insuffisants pour rattraper les coupures

Le président du Syndicat de l’enseignement de l’amiante (SEA), Francis Jacob, n’est pas très impressionné par les réinvestissements annoncés en éducation dans le récent budget provincial.  

Le gouvernement Couillard prévoit y consacrer cette année 17,9 milliards $, soit une hausse de 4,2 % comparativement à 3 % un an plus tôt. «À première vue cela semble intéressant, mais il faut que les gens comprennent que nous sommes loin du rattrapage des coupures des dernières années. Le gouvernement prend d’une main et redonne de l’autre, sans toutefois le faire à la hauteur de ce qui nous a enlevés», a mentionné M. Jacob au Courrier Frontenac.

Les compressions budgétaires en éducation au cours des cinq dernières années sont évaluées à 1 milliard $. «En 2017, le gouvernement injectera environ 170 millions $ d’argent neuf. Les investissements annoncés paraissent bien, mais le budget est étalé sur cinq ans», a-t-il ajouté.

Un ministre hyperactif

Dès le mois de septembre, le ministre de l’Éducation, Sébastien Proulx, promet l’embauche de 1500 nouveaux enseignants, professionnels ou employés de soutien. Le président du SEA ne croit pas que cet objectif est réaliste.

«Cela démontre encore une fois que notre ministre semble un peu hyperactif. Il nous donne l’impression qu’il devrait des fois prendre des médicaments pour se calmer. Le problème avec lui c’est qu’il a bien des idées, contrairement à d’autres ministres qui dormaient sur la  »switch », mais sans nécessairement savoir si cela est réalisable. Il veut monter ce nombre à 7500 d’ici cinq ans. Nous ne pouvons pas voir où il va prendre le personnel.»

D’ici les prochaines années, le ministre de l’Éducation souhaite entre autres ajouter une ressource supplémentaire par classe de maternelle et de première année. «Est-ce que ce sera deux enseignants ou un seul accompagné d’un technicien en éducation spécialisée? Ce n’est pas clair. L’idée est bonne, toutefois, le personnel pour remplir ces tâches-là n’est pas disponible. À la Commission scolaire des Appalaches, cela correspondrait à l’équivalent de 55 personnes. C’est à peu près le nombre qui figure sur nos listes. Elles seraient donc vides. Il y a des commissions scolaires qui n’en ont pas», a renchéri Francis Jacob.

En ce qui a trait aux 185 millions $ prévus pour rénover et agrandir les écoles, le président du SEA estime que la majorité du montant ira aux établissements de la région de Montréal. «Leurs écoles tombent en ruine. Nous ici le petit train va loin. Il y a des investissements chaque année. Nos écoles ne sont pas si pires que ça. Il y a quand même un bon roulement.»

Enfin, M. Jacob s’est dit déçu qu’aucune nouvelle classe de maternelle quatre ans ne soit prévue. «Surtout parce qu’il n’y a pas d’investissements au niveau des centres de la petite enfance. Nous avons à notre commission scolaire trois classes pour les enfants de quatre ans. C’est peut-être suffisant, même si à long terme une autre aurait été bien», a-t-il conclu. 

Un point de vue différent

De son côté, le directeur général de la CSA, Jean Roberge, voit les annonces gouvernementales d’un très bon œil. «Nous parlons de 600 millions $ pour terminer la présente année scolaire, ainsi que pour 2017-2018. Nous allons voir comment le tout va se traduire dans les règles budgétaires d’ici quelques semaines.»

Selon lui, plusieurs annonces semblent intéressantes. «Il y a entre autres le déploiement des stratégies numériques, l’intervention précoce auprès de nos élèves de la maternelle par l’ajout de nouvelles mesures et de possibles services complémentaires au niveau de la formation professionnelle. Au premier regard, c’est très positif pour nous aider dans la réussite éducative de notre clientèle», a-t-il conclu.