Sa maison en location laissée dans un état lamentable
Pierre Goulet a eu droit à toute une surprise en regagnant sa maison située sur la 9e Avenue à Thetford Mines. Sa locataire a quitté les lieux avec ses enfants en laissant derrière elle pratiquement tous ses biens et l’intérieur du bâtiment dans un état d’insalubrité.
« J’ai acheté cette résidence qui avait été bâtie par mon grand-père il y a environ huit ans. J’y ai hébergé ma grand-mère dans ses dernières années de vie. Puis, elle a été mise en location. Cette mère monoparentale était ici depuis environ quatre ans. Au début ça allait bien, mais de fil en aiguille j’avais de la difficulté à me faire payer et il y avait aussi la notion de malpropreté », a-t-il raconté au Courrier Frontenac.
Le propriétaire est finalement parvenu à mettre un terme à tout cela. « Elle devait libérer les lieux le 1er juillet selon l’entente que nous avions. Elle disait toutefois ne pas avoir accès à un camion de déménagement avant le 7 juillet et elle m’a demandé de rester une semaine de plus, ce que j’ai accepté. Je suis passé devant la maison le 5 juillet et un véhicule était ici. J’arrive ce matin (9 juillet) et il faut tout vider. Je ne suis même plus capable de la rejoindre », a-t-il déploré.
M. Goulet devra donc louer un conteneur afin d’y mettre tout le matériel. Il estime que seulement cette partie lui coûtera environ 800 $, sans compter différents travaux de rénovation.
« En tant que propriétaire, quels sont mes droits? Les locataires ont tous les droits, mais je fais comment pour obtenir un remboursement? Je vais devoir aller à la Régie du logement, engager des frais afin de poursuivre cette locataire, pour aboutir à quoi? Évidemment, madame ne pourra pas payer parce qu’elle n’a pas de travail ni de revenus. Je n’ai pas de temps à perdre avec ça », a-t-il soutenu.
Pierre Goulet craint que d’autres propriétaires soient éventuellement aux prises avec le même problème. « Cette femme occupe un autre logement ailleurs. Je n’ai pas reçu d’appel pour des références. Le même cercle va se reproduire. Si nous pouvions nous tenir entre propriétaires. Je connaissais la difficulté de cette personne, j’ai un grand cœur alors j’ai voulu être bon et collaborer, mais cela a reviré à mes dépens. »
Pour lui, le rôle de propriétaire est maintenant terminé. « Je n’aurai plus jamais de locataires. J’avais comme projet de venir habiter dans cette maison un jour, mais je vais finalement la mettre en vente », a-t-il dit.
Des manquements dans la loi
D’après le président de l’Association des propriétaires du Québec (APQ), Me Martin A. Messier, il manque actuellement un élément dans le système locatif au Québec, soit le dépôt de garantie.
« Cela éviterait bien des situations. Souvent, le propriétaire doit prendre une journée de congé afin d’aller s’adresser au tribunal administratif du logement. Il y a vraiment une charge très lourde pour eux, ce qui fait en sorte que dans plusieurs cas, les locataires vont s’en tirer. »
L’obligation de verser au propriétaire un dépôt au moment de la signature du bail aurait à son avis un impact direct et immédiat sur le budget du locataire puisque celui-ci pourra récupérer cet argent s’il laisse le logement en bon état.
Concernant du matériel laissé sur place, Me Messier croit que les propriétaires doivent faire preuve de prudence. « Est-ce que l’on peut disposer des biens ou non? Dans certains cas la réponse est non et il faudra saisir le tribunal administratif pour faire libérer les lieux. Dans d’autres cas, il faudra les entreposer pour que les locataires viennent les récupérer ou pour en disposer au terme d’un avis. Ce sont des problèmes qui sont lourds à gérer », a-t-il renchéri.
Enfin, le président de l’APQ est d’avis que dans ces situations, il est préférable de faire le point avec un conseiller juridique ou de communiquer avec le tribunal administratif du logement avant d’entreprendre quelque démarche que ce soit.