Sensibiliser les gens à une meilleure utilisation des soins d’urgence

Le Centre intégré de santé et services sociaux de la Chaudière-Appalaches (CISSS-CA) mène actuellement une campagne régionale afin de sensibiliser la population à une meilleure utilisation des services d’urgence dans les hôpitaux.    

En effet, les nombreux cas non-urgents se présentant à l’hôpital plutôt que dans les cliniques médicales amènent des délais dans la prise en charge des patients dont l’état de santé nécessite vraiment une aide immédiate. La campagne propose la prise de rendez-vous en clinique de santé ou à un Groupe de médecine de famille (GMF). Le service d’Info-Santé (8-1-1), le portail web Santé et mieux-être et le CLSC sont également des endroits où les gens peuvent consulter. De plus, la campagne du CISSS-CA rappelle à la population que les pharmaciens peuvent aussi les conseiller et même prescrire certains médicaments.

«Avant de se présenter à l’hôpital, à moins d’un cas d’exception, tout patient ayant un problème non-urgent devrait appeler son médecin de famille. Présentement, ils n’ont pas ce réflexe. Je dirais que ça vient de la culture antérieure. Dans le temps, les docteurs disaient à leurs patients de venir les voir à l’urgence parce qu’il y avait beaucoup d’attente dans les cliniques. Avec l’accès adapté aujourd’hui, ça ne devrait plus être comme ça», explique le Dr Martin Arata.

Sensibilisation

Selon lui, la santé est aussi devenue un bien de consommation dans une société où tout va de plus en plus vite. Le centre hospitalier de Thetford Mines est d’ailleurs victime de son succès de ce côté. Réputé pour avoir l’une des urgences les plus efficaces de la région, plus de 80 % des cas qui y sont traités sont de niveau P4 et P5, soit les moins urgents dans l’ordre de triage.

Pourtant, selon des données du ministère de la Santé et des Services sociaux, 93 % de la population de la région a un médecin de famille. «Avec le changement de cap amené par l’accès adapté, 90 % d’entre eux ont de la place la journée même ou le lendemain pour les cas de niveau P4 ou P5. Nous ne refuserons pas les gens, nous voulons seulement les sensibiliser pour qu’ils pensent à appeler leur médecin de famille en premier», poursuit le Dr Arata.

Ce dernier ajoute que les personnes avec un problème de santé urgent, celles n’ayant pas de médecin de famille et celles dont le médecin n’est pas disponible dans un délai raisonnable sont les seules qui devraient habituellement consulter à l’hôpital.

«Un patient qui vient pour un rhume ou une grippe à l’urgence est cinq fois plus dispendieux à la société que dans un bureau. Il faut que les gens se responsabilisent à ce sujet. L’argent en santé serait beaucoup mieux redistribué si cette situation était réglée», soutient le Dr Arata.

Il souligne toutefois que cela ne concerne pas les enfants de 0 à 5 ans en raison de la difficulté à découvrir leurs symptômes.  

Les mêmes services

Annie Prévost, conseillère en soins critiques et chargée de projet pour Accès-Soins, raconte qu’une autre chose que plusieurs ne savent peut-être pas est le fait que le docteur dans un bureau peut demander les mêmes examens qu’à l’urgence, radiographie, prises de sang ou autres, tout en ayant les résultats dans les mêmes délais.

«Nous avons agrandi les plages d’ouverture de laboratoire pour pouvoir donner de l’accessibilité. Certains pensent qu’ils doivent se présenter à l’urgence s’ils croient avoir besoin de ces tests, mais ce n’est pas le cas», précise Mme Prévost.

Elle indique également que ce n’est pas parce qu’un patient arrive en ambulance qu’il sera vu plus rapidement. «Nous avons des P4 et des P5 qui arrivent en ambulance, mais leur cas n’est pas plus urgent que les autres. Nous avons déjà vu des gens arriver en ambulance avec un ongle incarné ou un coup de soleil. Ces personnes sont habituellement invitées à se diriger vers la salle d’attente.»

Groupe Facebook «Urgence Thetford» : mise en garde de l’hôpital

Ayant présentement plus de 6200 membres, le groupe Facebook «Urgence Thetford» est utilisé par la population afin de connaître en temps réel le nombre de patients présents dans la salle d’attente.

«Le danger avec ce groupe c’est qu’une personne avec un cas vraiment urgent décidera peut-être de ne pas venir parce qu’il y a de l’attente. Ce groupe démontre une mauvaise consommation du service, tu magasines ta visite. Nous voulons seulement mettre les gens en garde avec cela parce que ça peut être préjudiciable pour les cas plus urgents», confie Annie Prévost.