Un appui surprise pour les enseignants
THETFORD. Le commissaire Jean-François Hamel, représentant entre autres le secteur de Black Lake, en a surpris plus d’un mardi soir en appuyant les enseignants de la Commission scolaire des Appalaches (CSA) dans leurs revendications.
Un peu plus de 250 membres du Syndicat de l’enseignement de l’amiante (SEA) étaient présents à la séance publique des commissaires pour réclamer leur appui dans le cadre des négociations avec le gouvernement du Québec.
Ces derniers déplorent les coupures imposées qui ont un impact dans les services offerts à l’élève et leurs conditions de travail. «Un moment donné, il faut que ça arrête. Ils veulent qu’on en fasse plus, mais les enseignants ne sont plus capables et ce sont les élèves qui écopent», a mentionné Francis Jacob, président du SEA.
Il a précisé que l’objectif premier était de leur faire prendre conscience de leur rôle dans la société, mais aussi leur rappeler pourquoi ils ont été élus et espérer obtenir leur appui. «Je suis heureusement surpris que nous ayons obtenu le support d’au moins un commissaire. C’est une tournure inattendue», a-t-il dit.
Le commissaire Hamel est père de trois enfants et se dit touché par ce qui se passe actuellement dans le milieu de l’éducation. «Je pense que c’est la moindre des choses de s’exprimer quand on fait face à des choses un peu aberrantes comme des coupures par-dessus coupures. Il ne faut pas juste couper, il faut créer la richesse. C’est pour cela que je me suis rallié au discours des enseignants», a-t-il confié au COURRIER FRONTENAC.
M. Hamel s’est dit déçu qu’aucun autre commissaire n’ait voulu prendre position, mais cela ne l’étonne pas. «Je pense que chaque commissaire a droit de parole et en même temps, le but était de démontrer à l’assemblée que nous ne sommes pas muselés et que nous ne formons pas un bloc sur lequel une certaine omerta peut planer. Je vais utiliser mon droit de parole tant qu’on ne me l’enlèvera pas», a-t-il indiqué.
Un appui attendu
Malgré cet appui important, le président du SEA, Francis Jacob, aurait aimé obtenir celui du président de la commission scolaire, Denis Langlois, qui a refusé de prendre position. «Il parle comme un politicien et pour ne rien dire. Il fait juste tourner autour du pot. M. Langlois nous a donné presque raison, mais il s’est assuré qu’on comprenne le contraire. C’est un défaitiste tout simplement et il a jeté l’éponge. Pour lui, la machine est trop grosse et cela ne vaut pas la peine de se battre contre. C’est carrément ce que je retiens», a-t-il déclaré.
«Son rôle, c’est de se tenir debout devant le gouvernement et de prendre la parole, de nous défendre et de défoncer des murs. Il a été élu pour ça, toutefois, c’est clair qu’il n’a plus la force et le courage de le faire. À mon avis, il l’a admis ce soir en ne prenant pas position. Il a donné raison au gouvernement», a-t-il ajouté.
Denis Langlois réplique
Le président de la CSA a tenu à rappeler le contexte actuel des finances publiques. «Peu importe ce que l’on dira, nous n’y échapperons pas. C’est facile de dire que nous avons un gouvernement comptable qui ne fait qu’enligner des chiffres sans tenir compte des réalités. Nous sommes les premiers, comme élus scolaires, à dénoncer les compressions que nous vivons en éducation», a-t-il fait savoir.
Celui-ci a précisé que la commission scolaire n’est plus capable de répondre aux besoins tellement les coupures sont importantes. Selon lui, les enseignants ont leur combat à mener et doivent le faire aux tables de négociations puisqu’il y a des gens mandatés pour cela. «Ils ne s’attendaient toujours pas à ce que nous prenions une position en leur faveur. Nous représentons la partie patronale même si nous ne sommes pas toujours d’accord avec celle-ci. Comment ferions-nous pour gérer la suite des événements si nous étions en accord avec eux? Nous comprenons ce qu’ils nous disent. L’engagement que j’ai pris est de rapporter leurs préoccupations à ceux qui sont mandatés pour négocier. J’espère que nous aurons des ententes négociées pour éviter une loi spéciale.»
Denis Langlois s’est dit en désaccord avec l’affirmation du président du syndicat voulant qu’il ait jeté l’éponge. «Toutes les commissions scolaires sont rendues à l’os, sauf que le ministre de l’Éducation ne semble pas nous écouter beaucoup. Même si je déchirais ma chemise et tirais les clés demain matin, qui va gérer la commission scolaire et s’organiser avec les troubles? Est-ce que c’est mieux la tutelle? Moi je ne pense pas. De là à dire que j’ai jeté l’éponge, c’est son opinion, il dira ce qu’il voudra. Je mène mon combat et à ma manière», a-t-il conclu.
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