Une opération au genou tourne au cauchemar
Bernadette Lambert est catégorique : elle est une victime du système de santé.
À l’été 2015, alors qu’elle devait être opérée au genou à l’hôpital de Thetford Mines, elle a subi de nombreux reports et vécu une situation fâcheuse avec une préposée lors de sa convalescence. La Thetfordoise, qui s’est référée au Commissaire des plaintes et de la qualité des services, n’a qu’un désir, que les choses changent pour éviter que pareille situation ne se reproduise.
Prévue au départ le 11 juin 2015, la reconstruction totale du genou gauche de Mme Lambert est dans un premier temps remise en raison de problèmes au bloc opératoire. Elle se présente donc le 15 juillet où un prélèvement de sang est fait vers 8 h 30. En après-midi, on la rappelle pour un autre prélèvement puisque le premier aurait révélé des irrégularités.
«Pas besoin de vous dire que j’étais dans tous mes états. Ayant eu un lymphome non Hodgkinien en 2007, je peux vous dire que mon inquiétude était au maximum, même si ma rémission est terminée depuis 2012, et que je suis guérie.»
Mme Lambert essaie de se rassurer tant bien que mal et le lendemain elle se présente pour son opération. «Rendue à ma chambre, à peine 5 minutes après mon arrivée, l’infirmière du bloc opératoire arrive pour me dire que la sorte de sang recherchée n’avait pas encore été trouvée, m’expliquant qu’ils avaient besoin d‘une réserve en cas d’hémorragie. Alors on m’a retourné chez moi en me disant d’attendre des nouvelles d’ici 15 h, et de demeurer à jeun pour une chirurgie en après-midi.»
Toutefois, vers 13 h 30, n’ayant pas encore reçu la réserve de sang de Lévis, le bloc opératoire remet l’opération de Mme Lambert au lendemain et lui annonce qu’elle peut manger. «L’infirmière me rappelle à nouveau à 14 h et me demande si j’avais mangé. Je lui réponds oui et elle me dit qu’ils auraient pu m’opérer à 15 h comme prévu étant donné que la préparation aurait pu être faite dans le laboratoire de Thetford dans les temps requis. Malgré tout ce brasse-camarade, j’essaie de demeurer calme et sans colère.»
Le lendemain, le 17 juillet, on confirme à Mme Lambert que son opération aurait bel et bien lieu à 15 h. Toutefois, vers 14 h, alors que la patiente est prête, elle reçoit de nouveau une mauvaise nouvelle, sa chirurgie doit être reportée en raison du retard pris au bloc opératoire. «Pas besoin de vous dire que mon mari et moi étions en furie! Depuis janvier que j’attendais cette opération que mon docteur avait demandé de faire si possible dans les trois mois qui suivaient, car mon genou gauche était dégradé de 80%. Il faut dire que j’étais très limitée dans mes fonctions et que j’avais beaucoup de douleur.»
La chef du bloc opératoire remet donc son opération au 23 juillet tout en s’excusant. Après des mois d’attente et plusieurs reports, la reconstruction du genou de Mme Lambert a finalement eu lieu cette journée.
Convalescence difficile
Après l’attente, la patiente a aussi trouvé très difficile son séjour à l’hôpital à la suite de son opération. Bousculée le lendemain matin afin qu’elle subisse une radio, elle soutient que le manque de délicatesse au lendemain d’une chirurgie est surprenant. Le découragement me submerge et m’envahit totalement. Complètement vidée, je pleure, je suis découragée, incompréhension et impuissance totale. Moi qui ne demande jamais rien, et qui m’arrange seule, me faire traiter de cette façon était inacceptable. Pas que je m’attendais à un traitement royal, mais entre les deux, il y a le juste milieu», raconte-t-elle.
Le samedi matin, deux jours après la chirurgie, Mme Lambert demande de l’aide pour aller à la salle de bain. «Je me tiens sur la barre sécuritaire et m’accote sur le support du papier toilette. La préposée présente pour m’aider devait s’occuper de ma jambe pour l’allonger. Au contraire, elle me regarde m’assoir et ce qui ne devait pas arriver, arriva. Le genou opéré a plié presque à 90 degrés. Pas besoin de vous dire combien cela a fait mal.»
Par la suite, la douleur va l’affliger pour une grande partie de l’après-midi. «Vers 16 h trop intolérable, je demande un calmant. Ce n’est pas possible avant 16 h 20, car le délai de 4 h entre deux prises de médicament n’était pas écoulé. Le travail sur le département étant énorme, 26 patients à s’occuper au lieu de 20, en plus du changement de quart, du manque de personnel pour cause de vacances estivales et l’heure du souper, personne n’est venu avant 16 h 45. L’infirmière me met de la glace à la grandeur de la jambe, jusqu’à la cuisse, me donne deux calmants en plus de deux Tylénol extra fort. Elle ne comprenait pas pourquoi je faisais une crise de douleur de cette ampleur, je pris sur moi de lui raconter ma journée. Elle a immédiatement compris que je faisais une crise de douleur aiguë et examina le tout en espérant qu’il n’y avait rien d’anormal. Surprise, ma plaie avait saigné!»
Mme Lambert a alors demandé à ce que la préposée qui ne l’avait pas aidée à la salle de bain ne s’occupe plus d’elle. «Quelques mois plus tard, lors d’une séance de physio, je discutais avec la physiothérapeute de la situation, car mon évolution, pour la récupération de mes capacités physiques de mon genou, se faisait plus lentement que la normale. C’est à ce moment que la physio a compris le problème. J’avais subi une atrophie musculaire sévère due à l’état de dégradation de mon genou. Ce problème apportait plus de douleur et moins de capacité, ce qui avait entrainé un supposé manque d’autonomie lors de mon séjour à l’hôpital.»
45 jours
Le Centre intégré de santé et de services sociaux de Chaudière-Appalaches n’a évidemment pas pu commenter la plainte de Mme Lambert. Selon la porte-parole Mireille Gaudreau, dans un délai de 45 jours après avoir reçu la plainte, la patiente sera informée des conclusions et des mesures pour résoudre le problème. Plus d’informations à ce sujet sont disponibles au sante.gouv.qc.ca/systeme-sante-en-bref/plaintes.
«Je suis très consciente que nous avons un bon hôpital, insiste Bernadette Lambert, mais il faut dénoncer pour que le gouvernement nous vienne en aide. Il y a trop de lacunes présentement. J’ai été victime du système et non pas du personnel. Je n’ai aucune rancœur envers personne.»
Elle ajoute : les surcharges de travail dues à la période des vacances et «probablement» aux coupures en santé en sont les principales causes. «Qui en subit de la surcharge de travail des employés de l’hôpital? Ce sont les patients. Ils ont pris soin de moi du mieux qu’ils ont pu. Je ne suis pas quelqu’un qui se plaint facilement et j’ai déjà eu d’autres expériences tout à fait convenables à l’hôpital de Thetford Mines. Toutefois, si on ne dit rien, la situation ne s’améliorera pas.»