50 nuances de Grey sous la loupe
Selon la sexologue Manon Leclerc, le film «50 nuances de Grey» est voué à l’échec puisque la production a fait un oubli majeur : les femmes ne sont pas voyeuses comme les hommes, elles préfèrent de loin utiliser leur imagination et se faire leurs propres images.
Celle qui observe la sexualité depuis les années 80, ne voit pas le film «50 nuances de Grey» comme la promotion de la pratique sadomasochiste, mais comme une érotisation et une sexualisation du style Harlequin. «Cela démontre pour moi que l’imaginaire érotique commence à se juxtaposer à l’imaginaire très romantique des femmes. La belle au bois dormant ne fait plus que se faire déposer un baiser sur la bouche, mais elle se fait réveiller en découvrant le plaisir de la sexualité. C’est plutôt une bonne nouvelle, car l’écart au niveau de l’imaginaire entre les hommes et les femmes est tellement loin l’un de l’autre.»
D’ailleurs, c’est au niveau de l’imaginaire que Manon Leclerc croit que le film présentement à l’affiche démontre un réel problème. Plusieurs clientes lui ont parlé des livres «50 nuances de Grey» et bizarrement, aucune ne lui a parlé du film. «Le livre les excitait, tout en les laissant perplexes. Elles pouvaient se faire leur propre image. À l’écran, c’est tellement différent. Les images ont la cote chez l’homme, mais pas chez la femme. D’ailleurs, lorsque j’ai une cliente en panne de désir, je lui suggère de lire. Cela réveille souvent la femelle en elle», image-t-elle.
Mme Leclerc voit néanmoins d’un bon œil l’éveil que peut susciter «50 nuances de Grey».