La Chute de l’Or blanc reçoit un bel accueil
La pièce La Chute de l’Or blanc présentée le samedi 23 décembre à la Salle Dussault par le Théâtre Exaltemps a été accueillie de belle façon par les quelque 200 personnes présentes. Une ovation debout et de nombreux bravos ont ponctué la fin de la pièce dont l’écriture par l’auteure Dominique Grenier a nécessité quatre ans de recherche et de travail.
La Chute de l’Or blanc est davantage une réflexion personnelle de l’auteure sur l’industrie de l’amiante. Elle affirme elle-même ne pas répondre à la question : Industrie meurtrière ou résultat d’une psychose produite par l’exagération médiatique?
Quoi qu’il en soit, les tenants de l’une ou l’autre position peuvent se ranger derrière les personnages de Claude, travailleur minier de 20 années d’expérience, ou de Marlène, journaliste ayant «couvert» la grève de 1975 et la nationalisation de l’amiante. Les deux défendent des points de vue diamétralement opposés sur l’amiante.
Les spectateurs présents ont pu revivre des souvenirs doux-amers laissés notamment par la grève de 1975, suivie de congédiements massifs de travailleurs des mines et par la nationalisation de l’amiante et ses désenchantements. La pièce réserve des moments de belle intensité avec des moyens relativement simples. L’explosion de la navette Challenger en est un exemple. Les discours de René Lévesque en sont d’autres. Et que dire de la publicité en fond de scène de la firme Cellino and Barnes! Suave! L’omniprésence des personnages qui fument la cigarette véhicule aussi un message subtil.
Pierre-Antoine Pellerin campe admirablement bien le personnage de Claude qui s’élève en défenseur de la fibre blanche. Convaincu, il devient convaincant. Au fil de la pièce, Marlène devient de plus en plus certaine que l’amiante «c’est pas de l’or blanc, c’est de la marde!»
Pourquoi ne pas voir en Denis et Rita le virage effectué par les travailleurs de la région au niveau économique? Denis est fier de son catalogue de réalisations en bois. Il a troqué la poussière d’amiante pour la sciure de bois. Congédié à l’issue de la grève de 1975, Denis affirme s’assumer, se prendre en main. Rita a fait de même et elle peint.
Chapeau à Christian Laporte, doté d’une voix magnifique. Ce dernier personnifie René Lévesque et lors de ses deux interventions, il évite de tomber dans la caricature ou dans l’imitation grossière. Véracité du texte, physique de l’emploi et bon goût suffisent amplement.
Assurés par les comédiens eux-mêmes, les changements de décor ont eu un petit côté agaçant. Les grincements de pattes sur la scène ont un petit côté négatif. Par contre, le convoyeur rattaché au chevalement se voit transformé ingénieusement en plusieurs éléments tout comme les sacs d’amiante.
Il est donc permis de croire que le Théâtre Exaltemps et la pièce La Chute de l’Or blanc peuvent prendre la route pour une tournée à travers le Québec. Pourquoi pas un nouveau passage à la salle Dussault à une date plus propice que le soir du 23 décembre?
Chose certaine, tant du côté de l’auteure Dominique Grenier que de la présidente de Spect-Art, Suzanne Lacombe, l’expérience aura été concluante. C’était la première fois en 30 ans d’histoire que Spect-Art accueillait une troupe de théâtre en résidence.