Dans l’univers de Gaétan Giguère
«Créer un univers avec des personnages et les voir s’affronter dans des péripéties de la vie familiale», voilà ce qui motive l’auteur de pièces de théâtre Gaétan Giguère. Ce thème est aussi au cœur de sa prochaine œuvre qui sera jouée en avril par la troupe Les Cabotins au Studio-théâtre Paul Hébert à Thetford Mines.
«Le cri» est un drame familial racontant l’histoire d’un couple ayant dû vendre sa ferme puisque l’épouse n’arrivait plus à pouvoir aider son mari comme lui l’avait toujours voulu. Ils se sont acheté une petite maison au village et Armand reproche sans cesse à sa femme de ne pas avoir pu continuer à l’aider sur la ferme. Au fil des retours dans le passé, on revit leur histoire qui n’a jamais été harmonieuse. Finiront-ils leurs vies ensemble?
Ce récit a vu le jour en 1984 sous la plume de Gaétan Giguère, mais depuis, il a subi de nombreux changements, des ajouts de personnages et une restructuration complète. «Cette histoire est restée dans mes cahiers pendant des années. Je l’avais fait lire à Paul Hébert et il m’avait dit qu’il y avait du potentiel dans cette pièce. Je n’étais toutefois pas satisfait, je croyais qu’il manquait quelque chose», raconte l’auteur.
Ayant changé de nom plus d’une fois, elle a finalement pris celui qu’elle a aujourd’hui grâce à une peinture. «La toile "Le cri" de l’artiste norvégien Edvard Munch comprend un immense visage avec la bouche ouverte, comme un cri. Il s’agit d’un rapprochement avec la femme d’Armand, Rita, qui n’arrive pas à le lancer à son mari. Quand j’ai vu cette toile, j’ai repris le texte et l’ai réécrit. Je crois que cela a apporté une toute nouvelle dimension à la pièce», soutient l’auteur thetfordois.
La huitième avec les Cabotins
Gaétan Giguère joue avec les Cabotins depuis les premières années de la troupe il y a 45 ans. Ce n’est toutefois que quelques années plus tard qu’il a commencé à écrire pour elle. «Nous avons toujours suivi des formations avec la troupe pour nous perfectionner. C’est lors d’un atelier d’écriture que le déclencheur s’est fait. Lors de cette fin de semaine, j’ai commencé à faire un pastiche des Belles-sœurs, mais avec des hommes. Ça m’avait tellement allumé que quand je suis revenu chez moi, mon ébauche est devenue le premier de mes textes joués par les Cabotins, soit "Vivre comme des cochons"», se souvient-il.
«Le cri» est donc sa huitième pièce jouée par les Cabotins. Il en a écrit deux autres pour d’autres troupes. Outre des drames, il a aussi mis sur papier des comédies. «Mes premiers jets sont toujours faits à la main. Le plus gros du travail par contre est fait à l’ordinateur. Je n’écris pas vite sur un clavier alors cela me donne le temps de penser à mon récit.»
S’inspirer de sa vie
Celui qui a travaillé comme enseignant de la littérature française et ensuite comme animateur de la vie étudiante à l’école secondaire Albert-Carrier (maintenant la Polyvalente) à Thetford Mines avait déjà suivi un cours d’écriture au milieu des années 1960 dans le cadre de ses études. Ses textes s’inspirent surtout de la vie de tous les jours, de la sienne et des personnes qu’il côtoie.
«Mes histoires ne sont pas des reproductions fidèles, ma vie et celle de mon entourage sont seulement des inspirations. Cela a quand même déjà créé un froid avec une personne qui croyait que j’avais repris son histoire, mais ce n’était pas le cas. C’est dommage parce que le différend ne s’est jamais réglé», déplore-t-il.
Sa pièce «Le ruban blanc» est celle pour laquelle il s’est le plus inspiré de sa propre vie. «J’ai suivi mon cours classique et à l’époque, ça signifiait devenir prêtre par la suite. J’ai eu de la pression pour choisir la prêtrise et c’est ce dont cette histoire parle. Le récit de la pièce est toutefois exagéré parce que je n’ai jamais eu autant de pression que le personnage principal.»
Gaétan Giguère n’a présentement aucun texte en préparation, ayant laissé tomber une histoire abordant le sujet des mines de Thetford. «Je ne sais pas si le filon de mon inspiration est épuisé. À suivre», conclut-il.
La pièce de M. Giguère, «Le cri», sera jouée les vendredis et samedis 1-2-8-9-15-16 avril à 20 h et le dimanche 10 avril à 14 h. Plus d’informations au www.cabotins.ca.