Le festival perd son financement de Patrimoine canadien
SAINT-JACQUES-DE-LEEDS. Un mois avant l’événement, le Festival de contes et légendes a appris qu’il n’aurait pas son financement de la part de Patrimoine canadien. Une situation qui n’a pas empêché les organisateurs de présenter des spectacles de qualité.
« On s’est fait couper notre subvention parce que Patrimoine canadien trouvait qu’on ne mettait pas assez nos artistes locaux en valeur, a expliqué Étienne Gravel, organisateur du festival. Lors de “La nuit des légendes”, nous avons toujours deux conteurs professionnels provenant de l’extérieur. Nous avons six artistes principaux par spectacle, dont deux d’entre eux sont des professionnels et les quatre autres des locaux. Ça a toujours été comme ça. »
La stratégie des organisateurs était d’ailleurs de mettre l’accent sur les têtes d’affiche venant de l’extérieur, ce qui leur aura probablement nui au bout du compte. « C’est sûr que sur notre publicité, nous avons mis de l’avant les professionnels afin d’attirer plus de visiteurs. Nous trouvions que nous mettions beaucoup plus nos artistes locaux en valeur en attirant 600 personnes à l’aide de l’attrait des artistes professionnels », a raconté M. Gravel.
Par ailleurs, il croit que les nombreux autres bénévoles ayant participé à l’organisation du festival démontrent le caractère local de son festival. « La trentaine de bénévoles qui sont venus prêter main-forte aux présentateurs, ce sont tous des artistes locaux. Avec leur maquillage et leurs déguisements, ils participaient eux aussi au spectacle. Avec les autres qui s’occupaient de la billetterie et pour accueillir les gens, c’est environ une soixantaine de bénévoles locaux qui s’impliquaient dans le festival », a soutenu celui qui était également l’une des têtes d’affiche lors de « La nuit des légendes ».
Étienne Gravel a également observé que le Festival de contes et légendes devrait très bien rentrer dans les critères d’événement patrimonial. « Nous mettons vraiment le patrimoine en valeur lors du festival. Il est situé directement sur un site historique avec une église datant des années 1800 et le cimetière. Ça ne peut pas être plus patrimonial comme activité. Ils financent des activités qui le sont beaucoup moins que la nôtre. »
Malgré l’annonce tardive du non-financement de la part de Patrimoine canadien, l’organisation s’est tout de même retroussé les manches afin de présenter un événement de qualité.
« Nous avons quand même été capables de nous débrouiller cette année parce que la réponse des gens était là. Il a fallu trouver de l’argent et essayer de dépenser le moins possible. Nous n’avons jamais fait de déficit avec ce festival. Les bénévoles y ont aussi grandement contribué et nous avons été capables de présenter notre spectacle malgré le retrait de l’aide. Nous en sommes d’ailleurs très fiers », a affirmé celui qui passera le prochain hiver à tenter de convaincre les gens que le Festival de contes et légendes doit perdurer.
Patrimoine canadien réagit
Rejoint par le COURRIER FRONTENAC, Patrimoine canadien a confirmé que la raison du retrait de l’aide financière était bel et bien due au manque de promotion des artistes locaux.
« Le programme Développement des communautés par le biais des arts et du patrimoine appuie annuellement plus de 750 festivals et événements à travers le pays. Les décisions relatives à l’aide financière sont fondées sur la qualité des demandes. L’un des critères d’évaluation du programme est que le festival doit favoriser la promotion des artistes locaux. Selon les informations fournies par les responsables du Festival de contes et légendes lors du dépôt de leur demande de financement, le nombre et le rôle attribué aux artistes de Saint-Jacques-de-Leeds ont été jugés insuffisants compte tenu des critères d’évaluation », a rapporté le porte-parole du ministère, Pierre Manoni.
Il a aussi ajouté que l’analyse des éditions précédentes réalisée par le ministère a également démontré des lacunes dans la promotion des artistes locaux ayant participé au festival. « Le nombre d’artistes locaux est évalué en rapport à la population de la communauté desservie par le festival. L’analyse est fondée sur les renseignements fournis par le demandeur. Dans sa demande, il revient à l’organisme d’identifier la communauté, sa population et les artistes locaux programmés. Enfin, le nombre d’artistes locaux n’est que l’un des éléments évalués par le programme », a conclu le porte-parole.