Cri du cœur pour la relève agricole et l’avenir des fermes 

Le 99e Congrès général de l’Union des producteurs agricoles (UPA) a remué plusieurs émotions du 5 au 7 décembre à Québec. L’agriculture québécoise, y compris celle en Chaudière-Appalaches, a vécu une année particulièrement difficile selon les 700 participants.

« L’inflation galopante, la flambée des taux d’intérêt, le soutien et l’accompagnement en deçà des besoins, l’actualisation très attendue des programmes, la lourdeur administrative et les menaces grandissantes au territoire et aux activités agricoles plombent la confiance et la rentabilité de milliers de fermes », disait Martin Caron, président général de l’UPA, en début de congrès. 

Son homologue James Allen, président de l’UPA Chaudière-Appalaches, rappelle aussi les pertes exceptionnelles de récoltes en raison des événements climatiques extrêmes. En y ajoutant la forte hausse des coûts de production, de nombreux producteurs possèdent un autre emploi à l’extérieur de la ferme. 

« On revient à l’époque de nos parents et grands-parents. Nous voulons conserver l’autonomie alimentaire du Québec et que nos agriculteurs vivent de leur production à temps plein. Le programme d’assurance récolte actuel (Financière agricole) ne fait plus le travail. Les producteurs se sont aussi endettés afin que leur modernisation respecte la mise en marché collective », rappelle M. Allen.

MOINS DE 1%

Les participants au congrès ont appris que les gouvernements provinciaux et fédéraux consacrent aujourd’hui moins de 1 % de leur budget à l’agriculture. Selon James Allen, les producteurs sont tenus pour acquis par les dirigeants au Québec et dans l’ensemble du Canada. « On se fait rappeler constamment l’importance de manger local et d’arrêter de dépendre des autres pays pour nos produits alimentaires. Ça passe par un respect de notre industrie et des engagements fermes de nos élus. D’autres pays ont investi dans leur agriculture et les résultats sont là », affirme-t-il.

Après la tenue d’une campagne intitulée Agriculture sous pression le printemps dernier, plus de 1000 producteurs ont pris part à une marche de solidarité le 6 décembre en marge du congrès. Elle incluait le dépôt d’un manifeste demandant notamment, au gouvernement québécois, de « prioriser notre mission si névralgique pour la société québécoise, à travers une nouvelle politique bioalimentaire forte et adaptée à l’ampleur de ces nouvelles règles économiques, environnementales et sociales, dans un contexte mondialisé déloyal et marqué par les changements climatiques ». 

« On sentait l’espoir et la solidarité des producteurs. Dans l’après-midi, André Lamontagne (ministre de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation) s’est fait brasser après son discours annuel. Pour une fois, on a senti que ses paroles venaient du cœur et pas d’une cassette », indique James Allen.

CENT ANS

Ce congrès annuel a donné le coup d’envoi de la programmation du 100e anniversaire de l’UPA. Le 1er octobre 1924, 2500 cultivateurs se sont réunis à Québec pour fonder l’Union catholique des cultivateurs, dans le but de renseigner, former et défendre les agriculteurs et, ultimement, d’améliorer leur bien-être.

L’UPA Chaudière-Appalaches présentera, entre autres, le court-métrage Habiter la terre à diverses occasions. Des musées régionaux accueilleront une exposition itinérante. La programmation sera bonifiée et précisée tout au long de 2024 sur le site chaudiere-appalaches.upa.qc.ca.